Contrôlez vos émotions!
Marie Pâris
2016-01-28 14:15:00
Le cerveau humain est en effet construit de façon à ce que nos décisions soient inextricablement liées à nos émotions. «J’affirme sans hésitation, en tant que spécialiste en litige civil et résolution de conflits, que les émotions jouent un rôle de grande importance dans notre processus décisionnel», confie l’avocat torontois Marvin Huberman au Lawyer’s Weekly.
Selon l’expert en psychologie du processus décisionnel Daniel Kahneman, «nous pensons être bien plus rationnels que nous ne le sommes vraiment, et nous pensons prendre nos décisions pour de bonnes raisons. Nous croyons en nos raisons, car nous avons en fait déjà pris la décision.»
Cela ne veut pas dire pour autant que les émotions conduisent à des décisions moins bonnes: «Les décisions importantes, particulièrement celles qui concernent des personnes, doivent prendre les émotions en compte car elles incluent les valeurs, les concepts de bien et de mal, les principes et les idéaux», indique Me Huberman.
Négocier peut provoquer peur et panique !
Mais il reste évident qu’être trop émotionnel peut influencer notre jugement et mener à de mauvaises décisions, que ce soit à cause d’une émotion positive ou négative.
Selon Nathalie Boutet, avocate en droit de la famille à Toronto et pionière dans l’intégration des neurosciences et de la psychologie de la négotiation dans le domaine juridique, le mélange des émotions et de la raison est dû à la structure même du cerveau humain.
Ainsi, la négotiation peut provoquer de la peur ou de la panique, des émotions viscérales qui naissent dans les zones du cerveau les plus primitives, entravant ainsi la pensée rationnelle.
Alors, comment gérer ses émotions? Il ne faut pas chercher à les contrôler ou à lutter contre, indique Me Boutet: «Il s’agit plutôt de se préparer face à elles. Par exemple, en prenant des précautions avant une réunion importante, pour être bien ancré : bien dormir, manger des aliments énergétiques, ne pas boire d’alcool ou de café - qui réduisent la stabilité cognitive.»
Autre technique, selon Me Huberman: ralentir, tout simplement. «Les gens prennent souvent des décisions très rapidement, mais il y a des risques à cela. Alors ralentissez, pensez, préparez-vous, analysez. Visez l’équilibre, la synergie entre les émotions et la raison.»
Que font les bons leaders ?
Il faut en effet viser un état émotionnel le plus neutre possible, indique Todd Camp, directeur de coaching à Negotiator-Pro, une organisation qui enseigne la négotiation d’après un système basé sur l’idée que les décisions sont émotionnelles et non logiques.
«Nous avons besoin de méthodes pour gérer nos émotions. Si vous savez que vous êtes de mauvaise humeur, concentrez-vous sur ce qui est vraiment important. En vous concentrant sur votre mission et votre objectif, vous allez améliorer votre processus décisionnel et avoir plus confiance en vos décisions.»
Et Me Boutet de conclure: «Vous remarquerez que les bons leaders n’ont jamais l’air dépassés - ils savent toujours quoi dire et faire. Ne restez donc pas bloqué avec vos émotions; avec du travail, on peut s’elever au-dessus d’elles. Tout cela fera de vous un meilleur avocat!»