Top 10 des erreurs à ne pas commettre en entretien d’embauche
Céline Gobert
2013-05-02 15:00:00
Toutefois, si ce passage obligé a des allures d’expérience « traumatisante» pour la plupart d’entre vous, il y a quelques essentiels à maîtriser qui peuvent rendre la pilule plus facile à avaler…
Voici, d’après cinq grands leaders montréalais du recrutement qui ont accepté de parler à Droit-inc, ce qu’il faut à tout prix éviter :
1 – Arriver mal préparé
« Il faut éviter l’erreur du manque de préparation, explique Me Dominique Tardif, directrice du bureau de Montréal de ZSA, car l’individu pose alors des questions auxquelles il aurait pu répondre lui-même et qui le trahissent».
« On doit connaître l’entreprise, nos interlocuteurs, dit Me Haney. On n’a plus d’excuse aujourd’hui avec Internet, Facebook, etc.»
« L’entrevue est comme un examen, dit Me Pierre Arcand, spécialiste en recrutement chez Arcand et Associés. Il faut savoir anticiper les questions et avoir préparé ses réponses».
D’ailleurs, le plus souvent, on en sait déjà beaucoup sur vous rien qu’au téléphone, explique Mme Danielle Montpetit de la firme de recrutement spécialisée Groupe Montpetit.
« On ressent la personne que vous êtes au bout du fil, par votre vocabulaire, votre respect dans l’écoute, votre nervosité, vos hésitations, votre intonation. Ce sont les mêmes critères pour tout le monde, avocats, adjointes juridiques ou parajuristes».
2 – Jouer un rôle
Inutile de porter un masque. Pas de « safe speech» !, selon Me Arcand.
Le mieux est d’allier «substance et authenticité», comme l’explique Me Tardif.
« Il vaut mieux éviter de donner systématiquement les réponses que l’on croit qu’il faut donner, dit-elle. Le recruteur ne doit pas avoir l’impression d’entendre une cassette pré enregistrée, il veut savoir qui vous êtes, qui est la personne en face de lui».
« Il faut plutôt rester à l’écoute de l’ambiance, des réactions des interlocuteurs, de leurs attitudes», dit Me Arcand.
3- Se lancer dans des débats religieux ou politiques
« Il est évident que je n’irais pas me lancer dans ce type de débat en entrevue. Parfois, il arrive que l’on se fasse poser des questions embarrassantes, par exemple si l’on souhaite avoir des enfants, on peut décider de répondre ou de ne pas répondre, mais dans tous les cas, il ne faut pas avoir l’air d’être sur la défensive», dit Me Tardif.
« Vous pouvez mentionner, dans les limites de votre confort, le fait que vous trouvez la question embarassante et pourquoi vous ne souhaitez pas y répondre», déclare Me Arcand.
Pas de politique surtout, selon Me Haney.
« On peut parler de température, de circulation, ou de hockey !» déclare-t-elle en riant.
Également : éviter de dire du mal de l’ex-employeur.
« Même en cas de conflit, il faut en parler respectueusement, explique Me Anne Bétournay recrutrice chez le Groupe Montpetit, et ne pas dévoiler non plus les clients et les détails des dossiers. Il faut respecter la règle de confidentialité».
4- Avoir des trous de mémoire
« On voit souvent des candidats énumérer une liste de transactions dans leur CV et, ensuite, ne plus trop se souvenir, lorsqu’on leur pose des questions, des enjeux juridiques en cause, de leur rapport dans ce dossier ».
Autant vous dire que c’est un coup de hache porté à votre crédibilité !
« Si vous mettez quelque chose dans votre CV, il faut être capable de s’en rappeler !» conseille Me Tardif.
À l’inverse, ne rajoutez pas de fausses expériences.
« Il ne faut pas être malhonnête sur son parcours, la franchise doit être la règle», explique Me Bétournay.
« Tout se dit, il y a simplement une façon de le dire», renchérit Mme Montpetit.
5- Privilégier un interlocuteur plutôt qu’un autre
Toutes les personnes en face de vous doivent bénéficier de votre même attention, selon les recruteurs.
« Certains se comportent comme si le RH n’existait pas par exemple, ou s’adressent davantage à celui qu’ils pensent être l’associé important. Mais il faut s’adresser à tout le monde, peu importe qui pose la question. Parfois, celui qui parle le moins possède le plus grand pouvoir décisionnel», explique Me Tardif.
Il ne faut pas non plus regarder le plafond, ou le plancher.
« Regardez vos interlocuteurs dans les yeux !», conseille Me Haney.
6 – Répondre en français à une question en anglais
Ok, vous êtes stressé, et la perspective de vous mettre à parler anglais (ou toute autre langue étrangère) peut vous paralyser. Ce n’est pas une excuse.
« Si l’on vous pose une question sur votre niveau d’anglais, il faut répondre en anglais, dit Me Tardif. L’objectif est de démontrer vos capacités !»
7 – Rester vagues
« Je vais à la Cour souvent ». « J’ai eu beaucoup de dossiers de ce type là». Non aux généralités trop vagues !
Selon Me Dominique Tardif, il ne faut pas laisser le soin à son interlocuteur d’interpréter nos dires. Que veut dire «souvent»? Toutes les semaines ? Une fois par mois ?
« Il faut donner des exemples concrets», conseille la recrutrice.
De la même manière, éviter de répondre ce que tout le monde va répondre !
Vous désirez changer d’emploi parce que « vous voulez de nouveaux défis» ? Comme c’est original ! Votre principal défaut est d’être « perfectionniste» ? Non, non et non !
« Cela sent le manuel de l’entretien réussi», dit Me Tardif. Selon elle, il faut dire quelque chose de plus personnel : peut-être êtes-vous impatient ? Timide ? Faible en rédaction ?
L’important, dit-elle, est d’insister sur le fait que vous travaillez sur ces points faibles.
Me Haney est d’accord.
« Il faut dire : voici mes points moins naturels, voici sur quoi je vais travailler. Il faut le présenter de manière positive. Notamment en début de carrière, il y a beaucoup de choses à améliorer», affirme cette dernière.
8 – Être dans la démesure
Ne pas trop parler. Ne pas parler trop peu. Trouvez le bon équilibre !
« Il faut se surveiller et éviter d’aller trop dans un sens ou dans un autre », dit Me Tardif.
Même chose côté vestimentaire. La sobriété doit être votre mot d’ordre. Il faut être «corporate et professionnel» selon Me Tardif, « classique, propre et sobre » selon Me Haney, « le plus classique possible, soigné et conservateur», selon Me Arcand.
« Trop décontracté ne passe pas», selon la directrice de ZSA, « des vêtements froissés» non plus selon Me Haney. Pour les femmes, ce sera tailleur obligatoire, jupe ou pantalon.
«Le tailleur est un must», dit Mme Montpetit.
Un dernier conseil ? « Évitez le parfum !, s’exclame Me Haney. Si vous êtes le ou la énième dans la salle, cela peut donner mal à la tête…»
9- Essayer de faire de l’humour
« L’humour est à double tranchant, selon Me Tardif. Il faut être sûr d’être rigolo, parce que si cela tombe à plat…On n’est pas non plus dans un cirque donc il faut le manier à petites doses».
Et dans le doute, s’abstenir, ajoute-t-elle.
« Non, je ne conseille pas l’humour, dit Me Haney. C’est très culturel.»
Pour Me Bétournay, en revanche, « s’il est bien dosé», on peut se le permettre…
« Mais il ne faut en aucun cas tutoyer son interlocuteur, même s’il s’installe un climat de convivialité durant l’entrevue…», nuance la chasseuse de tête.
10 – Demander quand sont les pauses et les vacances
Pendant la période de questions finale, voici une petite liste de demandes qu’il vous mieux garder pour vous, selon les recruteurs….
- À quelle heure se termine la journée ?
- Quelles sont les assurances ?
- Que prévoyez-vous en cas de congé de maternité ?
- Combien de semaines de vacances ?
« Demandez plutôt quels sont les défis du poste, renseignez vous sur la façon dont les mandats sont distribués, et quelles sont les attentes de l’employeur…», conseille Me Tardif.
Dernier conseil pour la route : en partant, n’oubliez pas de remercier vos interlocuteurs pour leur temps !, lance Me Haney.
«Le secret, finalement, c’est la confiance en soi, assure Mme Montpetit, et savoir s’entourer de gens qui prennent votre carrière à cœur».