Bienvenu chez IMK!
Jean-Francois Parent
2022-04-25 15:00:00
« Je suis arrivé chez Ogilvy Renault en 1981 comme étudiant, j’y étais avocat depuis 1983. C’est un départ qui suscite beaucoup de tristesse, car je laisse des amis derrière », relate l’avocat émérite Pierre Bienvenu, commentant sa décision de quitter un cabinet qui l’a vu grandir.
Avec Norton Rose Fulbright, il a plaidé devant notamment la Cour suprême les grandes causes qui ont fait école : Éric c. Lola, Hydro-Québec dans ses litiges contre Terre-Neuve. le pourvoi sur l’indépendance du Québec…
La décision de tourner la page remonte à quelques années, explique-t-il à Droit-Inc. C’est que sa pratique en arbitrage international devenait de plus en plus difficile à concilier avec la pratique d’un cabinet d’envergure internationale.
Il passera chez IMK en juillet.
Son départ s’explique facilement : « C’est bien connu dans le monde de l’arbitrage : plus un dossier est intéressant, plus les enjeux sont importants et complexes, et plus il risque de ne pas passer le filtre du conflit d’intérêts. »
La difficile conciliation
L’arbitrage international, où Pierre Bienvenu œuvre depuis une quinzaine d'années, implique notoirement de grands groupes internationaux qui ont des dizaines, voire des centaines de filiales dans plusieurs pays. Or, la forte présence internationale du cabinet faisait en sorte que l’un ou l’autre des bureaux de Norton Rose Fulbright représentait immanquablement l’une ou l’autre de ces filiales.
« Depuis 10 ans, je devais refuser systématiquement des dossiers d’arbitrage. Et même dans les dossiers où le cabinet n’était pas présent, c’était le bureau du Londres ou de Milan qui me demandait de passer mon tour. » Un dossier d’arbitrage durant souvent plusieurs années, cela minait la possibilité d’un bureau national d’obtenir un mandat pendant tout ce temps.
Bref, un arbitre membre d’un grand cabinet international doit composer avec tant de conflits d’intérêts potentiels que vient un temps pour un praticien de faire le point et prendre une décision quant à son avenir. Et celui de Pierre Bienvenu allait vers l’arbitrage international.
Celui qui pratique auprès de tous les grands organes d’arbitrage internationaux—de l’International Centre for Dispute Resolution à la Cour internationale d’arbitrage—s’est finalement résolu à chercher un cabinet où il pourrait se consacrer à cette pratique. « Certains décident de se lancer à leur compte, et d’autres choisissent de poursuivre dans une plus petite structure. »
Une structure propice
Et c’est ce qui l’a mené vers IMK, ce qui lui permettra de pratiquer davantage en arbitrage.
« Deux raisons m’ont amené vers IMK. La première, c’est Doug Mitchell », poursuit Me Bienvenu. Lui et Me Mitchell ont très souvent croisé le fer depuis une trentaine d’années, et il s’en est dégagé un respect mutuel qui a attiré Pierre Bienvenu à déménager ses pénates. L’autre raison réside dans l’équipe du cabinet, réputée pour sa pratique en litige.
« C’est un environnement sain, bourdonnant, et j’ai été attiré par la jeunesse de l’équipe », poursuit-il.
Une décision qu’il a longuement réfléchie. « Voilà deux ans que j’ai décidé que j’allais focaliser ma carrière sur l’arbitrage international. Et cela implique bien sûr qu’il faudra délaisser le litige. » Car si le nom de Me Bienvenu est un habitué du gratin mondial de l’arbitrage, il est surtout connu au Canada pour les grands dossiers qu’il a plaidés.
Il a été de ceux qui ont élaboré la spécialisation en litige devant la Cour suprême de son cabinet, en plus d’avoir été d’une quantité imposante de dossiers qui ont défrayé les manchettes depuis une vingtaine d’années.
Sa pratique l’a d’ailleurs amené à être l’un de ceux qui ont amené la Société des plaideurs au Québec, l’itération francophone de The Advocates Society, qui offre des formations sur les techniques de plaidoirie, sur la préparation à un appel et sur l'interrogatoire, et réunissant une brochette de magistrats et de plaideurs.
Plusieurs occasions d’apprendre
Mais l’arbitrage comporte plusieurs dimensions intéressantes pour le plaideur. Un arbitre international doit ainsi trancher une cause où s’applique le droit d’un pays différent, avec des parties différentes qui ont une approche différente. Il faut donc apprendre le droit national spécifique au dossier, entouré d’avocats de plusieurs horizons.
Les dossiers d’arbitrage sont généralement confidentiels, mais Pierre Bienvenu peut en évoquer un pour donner la mesure du type de dossier qu’il traite généralement à titre d’arbitre.
« J’ai présidé le dossier des réclamations faites par le propriétaire de la centrale nucléaire finlandaise OL3 (à Olkiluoto); le droit applicable était celui de la Finlande, le siège de l’arbitrage se trouvait à Stockholm, et mes collègues du tribunal étaient un avocat suisse et un avocat anglais. »
En règle générale, les deux parties, deux sociétés internationales, nomment chacun un arbitre, et tout ce beau monde se met d’accord pour désigner un président de l’arbitrage. « Les Canadiens ont bonne réputation, parce que nous connaissons les deux grandes traditions juridiques, soit l’approche civiliste et la common law. »
Pierre Bienvenu a ainsi participé ou présidé des arbitrages à Londres, à Stockholm, à Paris et à Bruxelles notamment, pour des différends commerciaux en aviation commerciale, la fiscalité des hydrocarbures, des licences dans le secteur médical ou des réclamations dans le secteur informatique.
« Pour tout cela, il faut de la flexibilité, de l’ouverture d’esprit, mais également une certaine poigne et de l’expérience.»
Anonyme
il y a 2 ansBravo à toute l'équipe chez IMK pour cette acquisition exceptionnelle.