Charest dans les bras d’Accurso

Agence Qmi
2014-09-05 08:41:00

« C’est pas un gros secret que je sois plus libéral que péquiste », a expliqué Tony Accurso, confronté au cliché en toute fin d’après-midi, jeudi, à la commission Charbonneau.
« La photo a été prise à mon restaurant. Ç'a m'a été demandé de financer un cocktail (...). J'ai fourni la place », a poursuivi l’entrepreneur.
Peu avant la diffusion de cette photo, il racontait à la commission qu’en septembre 2012, Hydro-Québec avait reçu « une commande politique » pour écarter ses compagnies de tous les contrats de la société d’État.
« Pas assez d’argent au PQ »
« Le bureau de Pauline Marois a appelé Hydro-Québec et a dit: barrez-les sur les chantiers (...). Imagine le “risque réputationnel“ que Hydro-Québec dise: on ne veut plus voir ta face (...). Je trouvais ça dégueulasse cette affaire-là. J'ai peut-être pas assez donné assez d'argent au PQ, je le sais pas! », a livré M. Accurso.
Mick Jagger sur son bateau
Préalablement, Accurso a affirmé qu'aucun ministre ou député de la scène politique provinciale ou fédérale n’a mis les pieds sur son bateau contrairement à Mick Jagger qui y a déjà séjourné, a déclaré l’entrepreneur, sourire aux lèvres, devant la commission.
« Aucun ministre provincial, aucun ministre fédéral, aucun député fédéral, aucun député provincial. Aucun » n’a voyagé sur le Touch, a énuméré Tony Accurso en début d’après-midi.
Seuls certains politiciens municipaux et hauts dirigeants syndicaux ont été conviés sur le fameux yacht de l’entrepreneur, tout comme la star du rock Mick Jagger ainsi que des amis d’enfance de Tony Accurso et des membres de sa famille.
Par ailleurs, avant d’acheter le Touch, l’homme d’affaires louait régulièrement des bateaux « plus petits » dans les Caraïbes.
Il a déjà invité les anciens présidents de la FTQ, Louis Laberge, Clément Godbout et Henri Massé à naviguer avec lui, ainsi que l’ex-DG de la Ville de Montréal, Robert Abdallah.
« On louait des bateaux plus petits sans équipage (...). Je suis habile, j'ai toujours piloté des bateaux (...). Je louais pour la semaine, on se faisait à manger nous autres mêmes, c’était une forme de camping », a-t-il raconté.
Une fois encore, l’entrepreneur a répété que ses amitiés avec de hauts placés au sein de la FTQ, du Fonds, de la SOLIM ou de la FTQ-Construction ne lui ont procuré aucun avantage dans ses affaires.
« Je n’ai jamais eu un “by-pass“, une faveur, tout a toujours été fait selon les règles de l'investissement », a-t-il juré.
« Complètement faux »
Un peu plus tôt dans la journée, l’entrepreneur en construction a réitéré que l’ancien ministre libéral Tony Tomassi n’était, lui non plus, jamais allé sur le Touch.
Dans une écoute électronique diffusée cet hiver par la commission, le grand compétiteur de M. Accurso, Joe Borsellino (Construction Garnier), avait pourtant avancé le contraire à l’ex-DG de la FTQ-C, Jocelyn Dupuis.
« C’est complètement faux » a répété jeudi matin Tony Accurso, après avoir démenti la rumeur une première fois par voie de communiqué, en février.
La guerre Accurso – Borsellino

Dans des écoutes électroniques datant de février 2009 entre MM. Tony Accurso et Guy Gionet (ex-président de la SOLIM), l’entrepreneur n’hésite pas à dénigrer son compétiteur pour que le bras immobilier du Fonds FTQ n’investisse pas dans ses projets.
« C'est “le mauvais” [Borsellino]. Faut que tu fasses ben, ben, ben attention [...]. Moi je lui donnerais pas le rendez-vous », lui conseille Accurso.
Ce dernier a expliqué qu’il ne retirait aucun avantage de cette situation, qu’il donnait simplement son avis. « Mon but c'est juste de dire de faire attention à ce monsieur-là », a précisé Tony Accurso.
« Vous dénigrez votre compétiteur », lui a alors lancé la juge Charbonneau. « Je pense qu'il n'y a pas un entrepreneur sur la planète qui ne dénigre pas ses compétiteurs », a-t-il répondu avant que la commission ne suspende ses audiences pour le dîner.