Deux animateurs de radio allèguent avoir été congédiés injustement
Camille Laurin-Desjardins
2020-07-24 13:15:00
Ils allèguent que des membres de la haute direction de Bell Média les harcelaient psychologiquement tous les deux depuis longtemps. Ils déplorent surtout ne pas avoir pu dire au revoir à leurs auditeurs, et considèrent que cette façon de faire les choses nuit à leur réputation. Ils ont ensuite été remplacés par deux animateurs plus jeunes.
Natasha Gargiulo et Frank Depalo demandent à être réintégrés dans leur poste.
En septembre dernier, ils ont déposé une plainte au Conseil canadien des relations industrielles (une nouvelle façon de faire), jugeant que leur congédiement était injustifié. Leurs avocates, Me Patricia Chamoun, de Chamoun Légal, et Me Cristelle Sary c.j.c. (B.O.) , qui travaille à son compte, soulignent que les motifs de congédiement de l’employeur demeurent très nébuleux.
« Dans notre demande au tribunal, on considère qu’il y a eu de la discrimination basée sur l’âge pour les deux animateurs, explique Me Sary. On considère qu'il y a eu de l’âgisme, et ça, c'est très fréquent dans l'industrie, surtout pour les femmes. On considère aussi qu’il y a eu de la discrimination basée sur le sexe, envers Mme Gargiulo. »
Les deux avocates avouent que naviguer dans le nouveau système de plainte pour congédiement injuste n’a pas été simple – il s’agit d’un des premiers dossiers à avoir été déposé dans ce nouveau système. Depuis le 29 juillet 2019, c’est le Conseil canadien des relations industrielles qui est chargé d’étudier ces plaintes pour les emplois fédéraux. Auparavant, elles devaient être réglées par un arbitre du secteur privé.
Les deux parties ont envoyé leur témoignage par écrit, mais les deux avocates ignorent si elles et leurs clients seront convoqués à une audition, ni si elles pourront convoquer des témoins.
« C’est un gros point d’interrogation pour nous, pour l'instant, explique Me Chamoun. Ce qui est difficile, c'est : comment expliquer ça au client? On n'a pas de contrôle sur les délais, sur le processus de fonctionnement devant un tel tribunal administratif… On ne sait pas exactement ce qui va arriver. On doit attendre que le Conseil nous donne les prochaines instructions. »
« On joue un peu le rôle de trailblazer dans ce nouveau processus », ajoute sa collègue Cristelle Sary.
Pour les deux avocates, cette cause est très importante, puisqu’elle met en lumière plusieurs pratiques qui ne devraient plus avoir leur place en 2020, à commencer par le harcèlement psychologique.
Une grande entreprise telle que Bell média, qui met beaucoup l’accent sur l’importance de la santé mentale, devrait être cohérente, soulignent-elles.
Dans une déclaration transmise par courriel, Bell média affirme ne pas pouvoir faire de « commentaires spécifiques », étant donné les procédures légales.
« Nous pouvons confirmer que nous n'avons pas connaissance de plaintes concernant les questions mentionnées ici. Toutefois, nous prenons ceci très au sérieux. Bell s'engage à créer un lieu de travail diversifié et inclusif, y compris en ce qui a trait à l'égalité des sexes. Nous encourageons les employés à parler à leurs dirigeants ou à leurs représentants des ressources humaines de toute question qui les préoccupe avec les autres membres de l'équipe, et à prendre les mesures appropriées pour répondre à ces préoccupations. »