Disparités salariales hommes-femmes
Gabriel Poirier
2021-10-04 15:00:00
Ces résultats recoupent ceux d’une précédente enquête du Globe, laquelle révèle des écarts de rémunération presque identiques chez la firme torontoise Cassels Brock & Blackwell. Les femmes qui occupent le rang d’« equity partners » gagneraient près de 25 % de moins que leurs homologues masculins – environ 200 000 $ par an.
Joint par le quotidien, l’associé administrateur national de Blakes, Bryson Stokes, met l’accent sur les changements positifs qui seraient survenus ces dernières années dans la culture interne du cabinet.
« L'écart salarial spécifique que vous avez identifié représente un an de données et est faussé par certaines caractéristiques démographiques fondées sur le sexe (...) », a-t-il déclaré dans un communiqué envoyé par courriel. Cela ne reflète pas des tendances plus récentes et plus pertinentes. »
À noter que l’écart annuel se réduit à 100 000 $ (9 %) lorsqu’il est seulement question du salaire des ''equity partners'' qui cumulent moins de 20 ans d’expérience en droit. Au total, 42 % de ces associés sont des femmes. Elles tombent à 29 % parmi les 195 associés avec participation de Blakes.
Une seule femme chez Blakes fait partie des 20 salariés les mieux rémunérés. Elle occupe le sixième rang, ''ex æquo'' avec sept autres candidats.
Associés sans participation : un écart moins important
L’écart salarial est similaire à celui évoqué ci-haut parmi les 68 associés sans participation du cabinet. Il est de 8 %, soit 31 455 $ par an, toujours selon les données compilées par le ''Globe and Mail''.
« Blakes reconnaît l’écart d’opportunités historique qui a existé au sein de notre profession : la distribution moins qu’équitable envers les femmes pour les opportunités de développement et de promotion », a souligné Bryson Stokes dans son communiqué.
Il soutient par exemple que des incitatifs sont mis en place pour pousser les associés seniors à considérer davantage leurs consœurs et à distribuer également les principaux dossiers entre les hommes et les femmes.
Blakes est le quatrième plus grand cabinet d'avocats au Canada. Il embauche 680 avocats, selon Lexpert.
La firme est considérée comme l’une des « Seven Sisters », un regroupement de sept cabinets qui ont pignon sur rue à ''Bay Street'', le centre du quartier financier de Toronto.
Chez Blakes, mentionne le ''Globe and Mail'', la rémunération des associés avec participation est déterminée par un comité mixte. Ce comité tient compte de plusieurs facteurs comme le nombre d’heures facturables de chaque avocat, les revenus qu’il génère, ainsi que leur degré d’implication professionnelle.
La série ''Power Gap'' du ''Globe and Mail'' a notamment dévoilé une série d'obstacles auxquels sont confrontées les femmes en droit.
Joint par Droit-inc, le bureau montréalais du cabinet a décliné notre demande d’entretien. L’antenne montréalaise de Blakes compterait 34 associés, dont neuf femmes. Elles représentent un peu plus du quart des associés.
À cet égard, la firme est à l’image de certains de ses concurrents. Un recensement de Droit-inc – mené le 1er octobre dernier à partir de données disponibles sur le site internet de cabinets – révèle des résultats similaires chez Fasken, Norton Rose Fulbright et Cain Lamarre.
Le bureau de Fasken à Montréal compterait 125 associés, dont 33 femmes (26.4 %), contre 14 femmes parmi les 71 associés de Norton Rose Fulbright dans la métropole (19.7 %). Le bureau de Cain Lamarre à Montréal compterait sept femmes parmi ses 23 associés (30.4 %).
Lavery à Montréal se distingue avec 27 femmes parmi ses 68 associés (39.7 %), tout comme BCF Avocats d’affaires, qui en compterait 28 parmi ses 64 associés (43.8 %).
Précisons que ces firmes sont les plus importants employeurs privés en droit du Québec. Blakes occupe le quatorzième rang avec 225 employés, selon le plus récent classement annuel du média Les Affaires.