Élections: Où est la justice?

Emeline Magnier
2014-04-03 15:00:00

Me Valérie Assouline, candidate dans Laurier-Dorion pour Coalition Avenir Québec, M. Jocelyn Beaudoin, candidat dans Granby pour Option Nationale, Me Gilles Ouimet, candidat dans Fabre pour le Parti Libéral, Me Bertrand St-Arnaud, candidat dans Chambly pour le Parti Québécois et Me Annick Desjardins, candidate dans Notre-Dame-de-Grâces pour Québec Solidaire, ont exposé leur vision et engagements de leur parti en matière de justice et ont répondu aux questions posées par la journaliste Esther Bégin, qui animait le débat.
Ouvert à tous, l'événement a réuni des personnalités de la communauté juridique, parmi lesquelles Me Johanne Brodeur, bâtonnière du Québec, Me Andréanne Malacket, présidente de l'AJBM , Me Nathalie Roy, directrice générale d'Éducaloi et Julien David-Pelletier, directeur exécutif de Juripop.
Justice: 1% du budget de l’État

« Le ministre de la justice doit se battre pour obtenir des financements; au ministère des finances, ils n’ont pas cette préoccupation», a relevé Bertrand St-Arnaud.
Les candidats ont été questionnés sur les thèmes de la défiscalisation des frais de justice des particuliers, du développement du système de justice dans la région du Grand Nord, de l'informatisation des procédures et des tribunaux, l'éducation juridique et la tenue d'un sommet de la justice.
Pour la CAQ, les coupes dans les dépenses publiques permettraient de «donner de l’air» au famille et de faciliter leur accès à la justice, tandis qu’Opinion nationale voit dans l’indépendance du Québec un gain de 2,3 milliards pour les finances de la province.
Du côté du Parti libéral, aucun engagement formel n’a été pris, bien que Me Ouimet n’ait pas manqué de déplorer que la justice ne soit pas une priorité dans la société en général.
Le Wifi dans deux mois à Montréal et Québec

Tous les candidats se sont entendus pour qualifier de «drame» la situation actuelle du système judiciaire dans cette région du Québec.
En dépit de quelques désaccords entre les candidats, le climat était cordial et les échanges entrecoupés de rires, le ministre de la Justice relevant « qu'en matière de justice, il n'y avait pas beaucoup de conflits partisants ».
L'animatrice du débat n'a d'ailleurs pas manqué de noter la complicité existante entre Me St-Arnaud et Me Ouimet, qui par réponses croisées, se référer souvent l'un à l'autre. « C'est amusant de voir à quel point vous êtes d'accord », a lancé Mme Bégin.
La bâtonnière du Québec a pris la parole pour clôturer l'événement et a rappelé aux intervenants la détermination du Barreau à faire de la question de la justice et de son accessibilité une priorité du nouveau gouvernement. « J'invite les candidats à prendre note: le Barreau est en marche, et nous sommes vos alliés », a conclu Me Brodeur.
Me Valérie Assouline, candidate dans Laurier-Dorion pour Coalition Avenir Québec: Présidente et fondatrice de S.O.S- Avocats, firme spécialisée en droit civil, commercial et de l’immigration
« On ne peut pas promettre la défiscalisation des frais de justice pour les particuliers avec les finances publiques telles qu'elles sont. On ne peut pas hypothéquer l'avenir de nos enfants.»
« Nous voulons investir 40 millions dans l'éducation pour lutter contre l'analphabétisme et le décrochage scolaire qui limitent l'accès à la justice.»
« Nous nous engageons à tenir des états généraux sur la justice: il est important de discuter de l'avenir et de la nouvelle façon d'appréhender la justice.»
M. Jocelyn Beaudoin, candidat dans Granby pour Option Nationale: étudiant à l’École du Barreau de Sherbrooke
« L'indépendance du Québec nous tient à cœur et nous assumons que c'est rentable économiquement et nécessaire pour notre langue et notre nation. Nous gagnerons 2,3 milliards de dollars et aurons donc plus d'argent pour la justice. »
« Nous mettrons en place le projet Greffe, évalué à 5 millions de dollars pour permettre le dépôt de pièces à distance. C'était annoncé pour 2013 et ça n'a pas encore été fait.»
« On n'a pas le choix que d'augmenter le budget alloué à la Justice, c'est un des trois piliers de notre démocratie, il ne doit pas être négligé.»
Me Gilles Ouimet, candidat dans Fabre pour le Parti Libéral: actuel député de Fabre et ancien bâtonnier du Québec
« La justice ne comprend pas que les litiges devant les tribunaux, c'est le respect du droit en général. La justice sociale est au centre des valeurs du Parti libéral.»
« Nous proposons de faire une révision des différents programmes de l'État et la justice en fait partie.»
« Il faut faire connaître les problèmes en matière de justice qui affectent les populations du Nord du Québec. Le plan Nord est au cœur de notre action.»
Me Bertrand St-Arnaud, candidat dans Chambly pour le Parti Québécois: ministre de la Justice
« Le PQ a livré la marchandise en matière de justice, notamment avec l'augmentation des seuils d'admissibilité à l'aide juridique et l'adoption du nouveau Code de procédure civile. Regardez ce qu'on a fait en 18 mois et imaginez ce qu'on peut faire en cinq ans! »
« Je m'engage à me rendre dans le Grand Nord avant l'été et à mettre en place un système de visio-conférence pour les requêtes urgentes. C'est une de mes priorités.»
« Le Wifi sera disponible dans les Palais de justice de Montréal et Québec dans deux mois et progressivement dans les autres d'ici Noël. La prochaine étape sera l'informatisation de l'ensemble des procédures pour la division des petites créances. On doit tout reprendre à 0, c'est un échec total du parti libéral. »
Me Annick Desjardins, candidate dans Notre-Dame-de-Grâces pour Québec Solidaire: conseillère au Syndicat canadien de la fonction publique et chargée de cours à l’UdeM
« Il y a une foule de domaines de droit pour lesquels leur respect ne peut reposer sur la personne qui en est titulaire, parce qu'elle est trop vulnérable. Il faut qu'une autorité publique ait le pouvoir de mener des enquêtes.»
« Si on offre la défiscalisation des frais de justice aux entreprises, alors on a les moyens de le faire pour les particuliers, c'est une question d'équité.»
« Nous voulons renforcer les droits économiques et sociaux dans la Charte québécoise tel que le recommande le Tribunal des droits de la personne et mettre le droit des peuples autochtones au centre de notre plate-forme. »