Un avocat-criminaliste critique la stratégie de la poursuite

Radio Canada
2025-04-28 12:00:03
L'avocat–criminaliste a suivi avec attention le procès de la mairesse de Saguenay…
L’avocat-criminaliste Jean-Marc Fradette, qui a assisté au procès de Julie Dufour vendredi sans toutefois être impliqué dans le dossier, critique vivement la stratégie de la poursuite, qui, en déposant elle-même les déclarations sous serment de la mairesse de Saguenay en preuve, a ouvert la porte à ce qu'elle ne témoigne pas pour sa défense. Il prédit que la mairesse sera acquittée.

Rappelons que la mairesse de Saguenay est accusée par le directeur général des élections du Québec de manœuvres électorales frauduleuses. Le procès a débuté mardi et a été ajourné vendredi. Selon M. Fradette, la poursuite n’aurait pas dû déposer ces documents.
« Si j’étais un avocat de poursuite et que je voulais qu’elle soit acquittée, c’est ce que j’aurais fait. Je ne comprends pas cette décision-là », a-t-il affirmé en entrevue à l’émission Place publique.
M. Fradette a ajouté que cette façon de faire de la poursuite empêche toute possibilité de contre-interroger la mairesse de Saguenay.
« La jurisprudence est claire : un témoignage assermenté déposé en preuve vaut un témoignage », a expliqué Me Jean-Marc Fradette.
« La poursuite se tire dans le pied », estime Fradette
L’avocat-criminaliste fait aussi référence à l’arrêt W, datant de 1991 et émanant de la Cour suprême du Canada. Celui-ci stipule que, lorsqu’un tribunal se trouve devant des versions contradictoires, le juge ou les jurés n’ont pas à décider s’ils croient l’accusé ou le plaignant. Ils doivent ainsi acquitter l'accusé.
« En général, cette preuve contradictoire se retrouve d'un côté et de l'autre, alors qu'actuellement, cette preuve contradictoire se retrouve dans la preuve même de la poursuite. Donc c'est vraiment la chronique d'un acquittement annoncé. Là, quelque part, ils se tirent dans le pied », a-t-il conclu.