Fin d’un long combat pour l’avocat d’Omar Khadr

Theodora Navarro
2016-02-19 12:15:00

En apprenant la nouvelle, celui-ci s’est souvenu avec émotion de leur premier contact. « Quand j'ai visité Guantanamo, je ne savais pas à quoi m'attendre. J'ai vu un enfant dans une cellule étouffante, enchaîné au sol. Il souffrait de multiples blessures. Je n'arrivais pas à croire qu'on traitait un enfant ainsi. »
Omar Khadr était emprisonné à Guantanamo depuis dix ans. Né à Toronto, il avait été arrêté par les États-Unis et condamné en 2010 à huit années de prison après avoir plaidé coupable pour cinq accusations, dont une de meurtre en lien avec la mort d'un soldat des forces spéciales américaines.
Un avocat intimement engagé
Comme le rapporte Radio-Canada, Me Dennis Edney a lié son sort à celui du jeune homme, au point que c’est désormais lui qui loge l’ancien détenu depuis sa remise en liberté. Omar Khadr partage depuis la vie de famille de son avocat, à Edmonton, qui souhaite lui donner les meilleures bases pour se reconstruire. Il poursuit désormais des études pour devenir ambulancier paramédical.
La nouvelle du désistement du gouvernement quant à un possible appel a été annoncée dans un communiqué publié conjointement, jeudi, par le ministre de la Sécurité publique, Ralph Goodale, et la ministre de la Justice, Jody Wilson-Raybould. Pour eux, il s’agit d’une étape importante pour le fédéral, qui s'est engagé à revoir sa stratégie en matière de litiges.
Cette décision du gouvernement libéral constitue un virage majeur par rapport à son prédécesseur conservateur, qui s'est férocement battu pour obliger Omar Khadr à purger toute sa peine d'emprisonnement pour crimes de guerre derrière les barreaux.
Pour autant, Me Edney, qui dit avoir été choqué dès le départ par la jeunesse de son client et les conditions dans lesquelles il était détenu, s’interroge sur les suites à donner à cette affaire. « À quel genre de société voulons-nous appartenir? Si ce qui est arrivé à Omar peut se produire, comment pouvons-nous assurer la sécurité de nos enfants ou de qui que ce soit? », déplore-t-il.
« J’aimerais qu’un jour Omar puisse pourfendre l’inhumanité, qu’il se prononce contre le manque de libertés civiles, s’est-il emporté. Pour sa part, il veut se fondre dans la masse, être un homme ordinaire. »
20 M $ réclamés au gouvernement fédéral
Omar Khadr est revenu au Canada en 2012 grâce à un traité de transfèrement international et a plus tard soutenu qu'il n'avait plaidé coupable que pour sortir du tristement célèbre pénitencier en sol cubain. Les avocats de M. Khadr avaient fait valoir que les infractions auxquelles leur client avait plaidé coupable n'étaient pas des crimes à ce moment et que la commission militaire n'avait pas l'autorité nécessaire pour le juger.
La poursuite de 20 millions de dollars déposée par le jeune homme contre le gouvernement fédéral, qu'il accuse d'avoir comploté avec les Américains pour le torturer et le priver de ses droits, est toujours en cours. Le défunt père d'Omar Khadr était ami avec le terroriste Oussama ben Laden et sa mère a déjà suscité la colère de la population canadienne en exprimant publiquement son soutien à Al-Qaïda.
- Avec La Presse Canadienne