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Le PL 21 inquiète jusqu’à l’ONU

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Radio -Canada

2019-05-23 13:30:00

Trois experts font part de leurs préoccupations, notamment en matière de protection des minorités religieuses...
Pearl Eliadis, avocate spécialisée en droits de la personne.
Pearl Eliadis, avocate spécialisée en droits de la personne.
Trois experts nommés par le Conseil des droits de l'homme de l'Organisation des Nations unies expriment leur « préoccupation » à l'égard du projet de loi sur la laïcité de l'État.

Dans une lettre transmise à la Mission permanente du Canada auprès de l'ONU, les rapporteurs spéciaux pour les questions relatives aux minorités, au racisme et à la liberté de religion demandent des précisions sur le projet de loi, et plus particulièrement au sujet de la protection des minorités religieuses.

La lettre longue de cinq pages est datée du 17 mai dernier et rédigée en français. Elle soulève de nombreuses interrogations au sujet du projet de loi 21 sur la laïcité.

Ses auteurs s'interrogent notamment sur le fait que le projet de loi ne contient pas de définition de ce qui constitue un signe religieux. Selon eux, cela « peut conduire à une interprétation discrétionnaire et potentiellement discriminatoire de ce qui constitue des symboles religieux ».

Les experts expriment également des réserves sur le choix d'interdire à certains fonctionnaires en position d'autorité le port de signes religieux. Ils soulignent le fait que le projet de loi ne spécifie pas en quoi cette interdiction « est nécessaire et proportionnée pour protéger la sécurité, l'ordre, la santé publique, ou la morale ou les libertés et droits fondamentaux d'autrui ».

Visage découvert

Le document traite aussi de la prestation et de la réception des services publics à visage découvert. Citant une décision antérieure du Comité des droits de l'homme, il rappelle que « l'accomplissement des rites et la pratique de la religion ou de la conviction peuvent comprendre non seulement des actes cérémoniels, mais aussi des coutumes telles que le port de vêtements ou de couvre-chefs distinctifs ».

Selon les signataires de la lettre, « il est clair que la disposition concernant la prestation et réception de certains services avec le visage découvert affectera principalement certaines minorités religieuses ».

Les trois rapporteurs spéciaux rappellent que « toutes les unités constitutives des États fédératifs » sont soumises aux obligations qui découlent du Pacte international relatif aux droits civils et politiques. Ils invitent le gouvernement canadien à faire part de ses observations concernant leurs préoccupations.

Le Conseil des droits de l'homme est habilité à recevoir des communications de la part de personnes ou d'organisations souhaitant dénoncer des violations potentielles des droits de l'homme. Une quarantaine de rapporteurs spéciaux, spécialisés dans autant de champs d'expertise, peuvent intervenir directement auprès des États pour leur rappeler leurs obligations.

Aucun pouvoir de contrainte

Ces rapporteurs spéciaux n'ont toutefois aucun pouvoir de contrainte, explique l'avocate spécialisée en droits de la personne Pearl Eliadis. « Ils ne vont pas intervenir pour forcer le Québec à se conformer. »

L'avocate estime toutefois que les avis du Conseil des droits de l'homme ont une force morale. « Ça fait longtemps que ces droits font partie de notre patrimoine juridique, notre patrimoine de vivre-ensemble. Et les Nations unies sont en train de souligner leurs préoccupations importantes en lien avec le projet de loi 21 », souligne-t-elle.

Au cours des dernières années, les experts nommés par le Conseil des droits de l'homme ont notamment écrit au Canada au sujet de la volonté du gouvernement ontarien de revoir le programme d'éducation sexuelle, ou encore à propos de l'éviction de sans-abri installés sur des terrains publics en Colombie-Britannique.

Ils avaient aussi fait part de leur préoccupation quant aux limites imposées au droit de manifester, par les autorités provinciales et municipales, lors du printemps érable de 2012 au Québec.

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