Michel Brûlé décrit une « tension sexuelle palpable »
Radio -Canada
2020-02-27 14:24:00
Michel Brûlé insiste : son procès pour agression sexuelle représente « un cas classique ».
« Il y a un flirt, elle pense à son mari, elle se sent coupable et elle porte plainte : c’est un classique. »
Lors de son contre-interrogatoire, le propriétaire des éditions Les Intouchables raconte que la plaignante, une autrice venue lui soumettre ses manuscrits, s’était extasiée immédiatement devant sa maison bicentenaire de la rue Sainte-Ursule.
« Elle disait : c’est donc bien beau ici, relate Michel Brûlé. Elle était câline, elle faisait des compliments. Il y avait une tension sexuelle : j’étais perplexe. »
Disant avoir l’impression de « marcher sur des oeufs », mais déterminé « à avoir le coeur net » quant aux intentions de son invitée, Michel Brûlé l’a alors invitée à l’étage.
Ça passe ou ça casse
Il avoue avoir commencé « pendant même pas une minute » un massage non sollicité à la plaignante. Selon lui, elle aurait réagi « avec beaucoup d’intérêt et de désir », en poussant des gémissements.
C’était la preuve, selon lui, qu’« il ne rêvait pas ».
« Ça passe ou ça casse », aurait pensé l'accusé.
Afin de confirmer les avances qu’il croyait percevoir de son invitée, Michel Brûlé aurait demandé, selon ses dires : « Je vais me raser et prendre ma douche : viens-tu? »
La femme se serait alors approchée de lui, dos à la baignoire, en le complimentant sur son allure.
« T’es fait fort, t’as l’air viril », se rappelle-t-il d’avoir entendu.
Il n’en fallait pas plus pour que l’éditeur se tourne vers son invitée et l’embrasse en lui caressant un sein et une fesse.
« Elle gémit, c’est vraiment intense. Je n’avais jamais vu ça dans un contexte professionnel », a déclaré l’éditeur à la procureur Valérie Lahaie.
D’après son propre souvenir, « 20 minutes maximum » se seraient écoulées entre l’entrée de la plaignante à son domicile et le baiser.
Alors qu’il dirigeait sa main vers le bas ventre de la femme, celle-ci aurait précipitamment dévalé les escaliers pour s’enfuir.
« C'est la vie »
Dans son contre-interrogatoire, la Couronne a tenté de démontrer les incohérences entre la déclaration que Michel Brûlé a prononcée devant les enquêteurs et son témoignage au procès.
Notamment, Me Lahaie a souligné que l’accusé n’avait jamais fait mention du massage, des gémissements ou du baiser langoureux à la police.
« Vous ne pensiez pas que c’était important, ces éléments-là? », a demandé l’avocate à Michel Brûlé.
« Vous ne pensiez pas que c'était important de mentionner le massage, les gémissements, la tension, le fait qu'elle accepte de se faire toucher, le baiser langoureux? »
« Non, a-t-il indiqué. À l’époque, non. »
Pour l'accusé, ce genre de rencontre amoureuse n'avait rien de criminel.
« Je me suis dit : c'est la vie », a-t-il rappelé au tribunal.
Une plaignante intéressée, selon la défense
Dans sa plaidoirie, la défense a souligné la difficulté d’établir la culpabilité de son client hors de tout doute raisonnable, surtout en l’absence, a-t-il noté, de preuves physiques.
Me Laurent Morin a rappelé que son client avait cessé ses caresses dès le moment où la plaignante a pris la fuite.
L’avocat de la défense a également attaqué les intentions de la plaignante à porter plainte.
« Elle se décrit comme une romancière à temps plein, a indiqué l’avocat de la défense. Je me demande comment elle peut se dire romancière à temps plein en ayant publié un seul livre en 12 ans. »
Me Morin a indiqué que « dans la situation » de la plaignante, celle-ci « devait être désespérée d’être publiée ».
Il a rappelé que cette dernière s’était confiée à une poignée de confidents, dont « un auteur qui venait tout juste de devenir éditeur ».