Mont d’Youville : le recours collectif autorisé
Florence Tison
2020-09-22 13:15:00
Le procès ne devrait cependant pas s’ouvrir avant un an, puisque bon nombre d’interrogatoires hors cour, de requêtes préalables et d’expertise doivent être préalablement conduits, indique ''Le Soleil''.
Ce sont les Sœurs de la Charité de Québec, qui ont fondé et géré l’orphelinat pendant 70 ans, et le CIUSSS de la Capitale-Nationale qui sont visés par le recours collectif.
Le nombre d’anciens pensionnaires représentés par le cabinet Quessy Henry St-Hilaire s’élève maintenant à plus de 450. L’avocat Me Robert Kugler reçoit chaque jour des appels de nouvelles victimes.
Le nombre d’agresseurs potentiels s’élève au même rythme : 95 avaient été identifiés au début de la semaine, dont 67 religieuses.
Les Sœurs de la Charité de Québec et le CIUSSS pourraient encore arrêter le recours en demandant à la Cour d’appel la permission de contester l’autorisation.
Leur avocat Me Christian Trépanier ne veut pas commenter l’appel potentiel, mais rappelle que les plaintes ne sont que des allégations, « le jugement du juge Parent n’ayant d’ailleurs nullement eu à se prononcer sur la véracité de celles-ci ».
Forcés de masturber des religieuses
Leurs sévices allégués donnent froid dans le dos, et ont été brièvement exposés au juge Parent pour lui permettre de donner son aval au recours collectif.
« On voulait montrer qu’on est bien loin des cas particuliers, que c’était un monde d’horreur et de perversion sur des décennies », explique Me Pierre Boivin, du cabinet Kugler Kandestin, qui appuie le cabinet Quessy Henry St-Hilaire dans le dossier. Les gens qui nous en parlent sont rendus dans les 80 ans et ils sont encore terrorisés. »
Les anciens pensionnaires racontent s’être fait frapper la tête sur le plancher, les murs et les meubles, avoir reçu des coups de bâton, de règle, de ceinture et de fouet, et être forcés de prendre des bains d’eau glacée.
Un enfant aurait été forcé à dormir plusieurs nuits dans des draps qu’il avait souillés en urinant. Un autre, qui pleurait la nuit, aurait été placé seul dans une pièce sombre. Un autre encore aurait été attaché à son lit, sur des crochets dans la buanderie, et complètement nu sur une galerie en hiver parce qu’il faisait des crises de larmes. Un autre aurait été forcé de manger le contenu de l’assiette où il venait de vômir.
Pire encore, si possible, bien d’anciens pensionnaires racontent avoir vécu des agressions sexuelles. L’un d’entre eux a été forcé de masturber une religieuse. Une autre pensionnaire se serait fait pincer les seins par deux religieuses, qui lui auraient en outre frappé les fesses avec une palette de ping-pong et l’auraient masturbée. Un autre encore se serait fait enfoncer une brosse à cheveux dans l’anus.