Pas d'extradition pour un exportateur de décongestionnant
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Jean-Francois Parent
2017-11-24 13:15:00
La demande d'appel de ce jugement de la Cour d'appel du Québec vient d'être rejetée par la Cour suprême.
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En outre, le ministre de la Justice donnait la permission à la justice américaine d'inculper le prévenu pour une action qui aurait pu être considérée comme circonstance atténuante par un tribunal canadien.
La Cour suprême a donné raison ce matin à Joseph Damgajian. Son avocat Pierre Pourpart n'a pas répondu à nos demandes de commentaires.
Le ministère de la Justice était représenté par Laurent Brisebois.
De drôles de produits de beauté
Joseph Damgajian vend des cachets de pseudoéphédrine par internet. En 2011, parmi ses clients, un manufacturier de métamphétamine de l'Iowa. La pseudoéphédrine, qui est en vente libre, entre dans la composition de la métamphétamine.
Même si elle est d'usage courant, dans les produits comme le Sudafed par exemple, la pseudoéphédrine n'en reste pas moins substance contrôlée.
Lorsque les commis postaux américains s'apprêtent à livrer une boîte en provenance du Canada identifiée « Produits de beauté » en Iowa, le colis s'éventre : des centaines de cachets s'écoulent du colis, et les facteurs appellent la police.
Cette dernière met le destinataire sous surveillance et l’appréhende quelques jours plus tard : il implique Joseph Damgajian dans son trafic.
Ce dernier est visé par une enquête policière qui implique tant la GRC que la Drug Enforcement Administration américaine.
Il ne le savait pas
Joseph Damgajian opère depuis sa résidence de Laval et vend ses cachets de pseudoéphédrine partout dans le monde. Mais ce sont les Américains qui veulent l'inculper pour trafic de substance contrôlée. Ils réclament son extradition en 2015.
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Puis, le ministère de la Justice du Canada donne cet ordre, mais ne précise pas pour quelle infraction il accepte que l'un de ses ressortissants soit jugé par une cour américaine.
Le hic, c'est qu'en défense, M. Damgajian plaide qu'il ne savait pas que la pseudoéphédrine servait à produire de la méthamphétamine. Cela aurait pu jouer en faveur au Canada, mais pas aux États-Unis.
Il serait passible d'une sentence maximale de 4 à 10 au Canada. Cette façon de faire rend l'ordre d'extradition « injuste ou oppressive », écrit la Cour d'appel.
Joseph Dimgajian souhaiterait plutôt être inculpé pour la simple exportation de substances contrôlée, une infraction comportant de moins lourdes peines.
« Ne pas avoir tenu compte des disparités entre les sentences entre les deux pays est une erreur qui justifie l'annulation de l'ordre d'extradition », écrit la Cour d'appel.
Elle renvoie donc le ministère à ses devoirs, lui ordonnant de réévaluer la pertinence de l'ordre d'extradition. Et si un tel ordre devait être à nouveau émis, qu'il soit précis quant aux inculpations dont Joseph Damgajian devra répondre.
Anonyme
il y a 7 ansDécongestionnants ?? Un employé de Narine Industries ??
Bonne semaine !!