Pour une profession plus inclusive
Julien Vailles
2016-06-09 10:15:00
Le projet, prévu pour une durée de trois ans, récolte déjà près d'une vingtaine de signataires, dont le Barreau lui-même à titre d'employeur d'avocats, nous indique la bâtonnière du Québec, Me Claudia P. Prémont.
Même si, selon le rapport « Forum - Pour une profession inclusive » publié en 2014, le nombre d’étudiants issus de groupes ethnoculturels est en hausse à l’École du Barreau, cela ne concerne que la facette de l'accès à la profession, indique à Droit-inc Me Prémont. Il s'agit aussi de se demander : combien de membres de ces groupes les cabinets choisissent-ils? Parmi ceux qui complètent leur stage, combien sont embauchés comme avocats? Quelle est la proportion de ces avocats qui sont toujours à l'emploi après cinq ans? Combien sont nommées associés?
Panorama encourage l'inscription volontaire des cabinets privés et des contentieux qui emploient des avocats, afin de compiler ces statistiques et d'apporter les améliorations nécessaires, le cas échéant.
L’héritage de Forum et Justicia
Pour rappel, le rapport Forum révélait que seuls 6% des avocats sondés s'identifiaient à un groupe ethnoculturel, alors que cette proportion grimpe à 13% dans la société.
En somme, les groupes ethnoculturels sont deux fois moins représentés chez les avocats que dans la population en général. Ils sont également surreprésentés en pratique solo et sous-représentés dans les grands cabinets, note-t-on. Et ils concentrent principalement leur pratique en matières d'immigration et familiale.
Le projet fait également écho au programme Justicia, mené à compter de l'année 2011, qui visait la rétention et l'avancement des femmes dans la profession, et qui s'est conclu avec les créations de neuf guides de gestion pour les cabinets et les avocates.
« Au fond, indique Me Prémont, l'objectif de programmes comme Justicia et Panorama est de rechercher une profession à l'image de la société. Il faut que l'ensemble des citoyens puisse se reconnaître le mieux possible chez les avocats ».
La tâche n’est pas terminée
Les résultats de Justicia, qui ne concernaient que les avocates en pratique privée, ont été positifs : entre 2011 et 2014, 80% des bureaux ont rapporté une augmentation du nombre de femmes au sein de leur cabinet, 53% ont indiqué une augmentation de femmes qui deviennent associées et 70% ont instauré une procédure d'admission au statut d'associé.
Et qu'en est-il aujourd'hui? La tâche n'est pas terminée, répond Me Prémont pour qui il reste toujours du travail à accomplir, notamment en matière de politiques de congés parentaux et de retour au travail après de tels congés.
Même son de cloche chez Me Caroline Briand, nouvellement présidente du Forum des femmes juristes de l'Association du Barreau canadien (section Québec) qui rappelle au passage que l’enjeu de conciliation travail-famille ne se limite pas qu’aux femmes. « Bien peu de cabinets demandent aux hommes comment ils vont concilier le travail avec leurs enfants... », déplore-t-elle.