Une 5e femme poursuit Gilbert Rozon pour agression sexuelle
Radio -Canada
2021-10-07 11:39:00
Me Bruce W. Johnston et Me Marianne Dagenais-Lespérance du cabinet Trudel Johnston & Lespérance représentent la demanderesse dans cette affaire.
Le début de l’agression est demeuré imprégné dans la mémoire de Mme Charette, selon la demande introductive d’instance dont Radio-Canada a obtenu copie.
« Le défendeur est sur elle, son regard de prédateur, de fou, la surplombe. Il la touche et tente de retirer ses vêtements », peut-on lire dans la poursuite. Elle ne se rappelle pas ce qui s’est produit ensuite, mais se serait finalement enfuie en courant de la chambre.
Agression alléguée
Au printemps 1987, Anne-Marie Charette, 25 ans, travaillait comme coordonnatrice aux communications pour le groupe d’humoristes les Monstres de l’humour, qui partageait ses locaux avec le Festival Juste pour rire (JPR), rue Prince-Arthur Est à Montréal.
Pendant des semaines, le patron de JPR, Gilbert Rozon, lui aurait fait des remarques sur son physique de plus en plus déplacées et désagréables.
Un jour de juillet, il aurait fait des « appels incessants et insistants » pour qu’elle vienne lui porter un dossier « soi-disant important » à l’Hôtel du Parc. Anne-Marie Charette aurait refusé à plusieurs reprises, mais aurait fini par s’y rendre « en panique » et « la mort dans l’âme », après que son patron immédiat, Richard Bleau, lui eut demandé d’y aller.
Une fois dans la chambre, Gilbert Rozon aurait verrouillé la porte et « très vite » se serait jeté sur elle, malgré ses protestations.
Anne-Marie Charette « ne se souvient pas ce qui s’est passé ensuite sur le lit ». Son prochain souvenir est de s’être enfuie de l’hôtel « prise de panique ».
Gilbert Rozon aurait abusé de son pouvoir
Mme Charette aurait perdu son emploi pour les Monstres de l’humour quelques semaines plus tard. Selon elle, c’est dû « à son refus de répondre aux avances de Gilbert Rozon ».
« Le défendeur a abusé de son pouvoir pour profiter de la situation précaire de la demanderesse. Il connaissait le degré d’influence qu’il avait et il savait qu’il pouvait agir en toute impunité », affirment les avocats de la femme, Mes Bruce W. Johnston et Marianne Dagenais-Lespérance.
Anne-Marie Charette « ressent une colère et une crainte face aux employeurs masculins. (...) Le défendeur lui a volé sa confiance en elle-même et sa confiance envers les hommes en situation de pouvoir dans le milieu professionnel ».
Elle réclame à l’homme d’affaires 290 000 dollars en dommages-intérêts compensatoires et 1 million de dollars en dommages-intérêts punitifs.
Plainte à la police rejetée
En 2017, dans la foulée du mouvement de dénonciations #MoiAussi, Anne-Marie Charette a dénoncé publiquement Gilbert Rozon et a porté plainte au Service de police de la Ville de Montréal, tout comme 13 autres femmes.
Seule la plainte d'Annick Charette a mené à des accusations criminelles de viol et d'attentat à la pudeur pour des événements qui seraient survenus en 1980.
En décembre 2020, au terme d'un procès devant la Cour du Québec pendant lequel il a nié les crimes allégués, Gilbert Rozon a été acquitté.
Cinq femmes
En moins de six mois, quatre autres femmes ont aussi intenté des poursuites contre Gilbert Rozon. Patricia Tulasne, Lyne Charlebois, Danie Frenette et Annick Charette sont aussi représentées par le cabinet d’avocats Trudel, Johnston & Lespérance et leurs poursuites contiennent plusieurs allégations similaires. Au total, les cinq femmes réclament plus de 8 millions de dollars.
Le mois dernier, Gilbert Rozon, 66 ans, a intenté une poursuite en diffamation de 150 000 dollars contre Patricia Tulasne. Il nie toutes les allégations d’agression sexuelle qui le visent.
Les Courageuses, un collectif d'une vingtaine de femmes qui affirment avoir été agressées sexuellement par Gilbert Rozon entre 1982 et 2016, ont voulu intenter un recours collectif contre celui qu'elles qualifient de prédateur.
L'an dernier, la Cour d'appel du Québec a bloqué leur recours, car elle estimait qu'il n'était pas le véhicule procédural approprié. La Cour suprême a ensuite refusé d'entendre l'appel des Courageuses. Celles-ci reprochaient à Gilbert Rozon d'avoir utilisé sa position de pouvoir et d'influence pour piéger plusieurs victimes.
Pirlouit
il y a 3 ansEst-ce qu'il a abusé de son pouvoir ? Peut-être mais si ce n'est pas une agression sexuelle, c'est prescrit