Une femme réclame 1,2 M$ à son ancien avocat
Audrey Bonaque
2022-02-01 15:00:00
La demanderesse, âgée de 39 ans, reproche à l’avocat d’avoir laissé traîner son dossier pendant six mois. Sa demande introductive d’instance a fini par être rejetée par la juge Carole Therrien, de la Cour supérieure, en raison des délais.
Mme Houle voulait poursuivre une succursale d’un restaurant Barbie’s en raison d’une chute dont elle aurait été victime.
Mes Michel Rocheleau et Juliette Lapointe, de BMA avocats, représentent Mme Houle, dans le cadre de son litige contre son ancien avocat.
Mélissa Houle réclame 1 238 501 $, soit une partie des frais qu’elle aurait aimé obtenir de la part du restaurant. Elle réclame solidairement cette somme à Me Trudeau et au Fond d’assurance du Barreau.
Incapable de travailler
En octobre 2012, Mme Houle, sa sœur et son conjoint de l’époque, mange dans une succursale du Restaurant Barbie’s. Vers la fin du repas, elle se serait dirigée vers la salle de bain en empruntant les marches séparant les deux paliers du restaurant.
Malgré « toutes les précautions et la diligence de la demanderesse », cette dernière aurait glissé et chuté dans les escaliers du restaurant, déboulant environ quatre marches.
Un autre client aurait d’ailleurs chuté au même endroit, selon Mme Houle et son ancien conjoint.
Ce dernier aurait constaté un morceau de salade gorgée de vinaigrette sur l’une des marches de l'escalier. Le couple d’alors croit que Mme Houle est tombée à cause de celui-ci.
À la suite de sa chute, Mme Houle aurait ressenti d’« importantes douleurs, des tremblements et des spasmes la contraignant à demeurer alitée pendant trois jours ».
Un médecin lui aurait diagnostiqué une rotation du tronc et une entorse. Elle aurait d’abord eu droit à un arrêt de travail de trois mois.
Elle est revenue au travail en janvier 2013 avant qu’un physiatre lui ordonne un nouvel arrêt de travail en juin 2014. Mme Houle n’a pas travaillé depuis et ne serait plus en mesure d’exercer tout autre emploi dû à ses blessures et douleurs.
Pas de dépôt
En avril 2013, Mme Houle envoie une mise en demeure à M. Costas Mousas, le propriétaire du restaurant, estimant qu’il est responsable de ses blessures. Elle retient les services de Paul-André Trudeau, admis au Barreau en 1966.
En 2015, celui-ci aurait déposé une demande introductive d’instance pour permettre à sa cliente d’obtenir des indemnisations financières. Mme Houle demandait à l’époque 34 028 $. En mai 2016, Me Trudeau a modifié la demande introductive de sa cliente pour réclamer une somme plus élevée, soit 950 000 $.
« Hormis cette modification, il appert que le dossier piloté par Me Trudeau n’a que très peu cheminé. Aucun protocole n’a été déposé au dossier de la cour », indique la demande introductive d’instance déposée en décembre 2021 par les nouveaux avocats de Mme Houde, Mes Michel Rocheleau et Juliette Lapointe.
En 2018, Me Trudeau aurait déposé une demande pour être relevé du défaut d’inscrire la procédure dans le délai prescrit. Il n’a jamais prévenu sa cliente du délai de 180 jours pour l’inscription de la demande en justice et affirmait prendre « l’entière responsabilité de cette erreur ».
Quelques mois plus tard, la juge Karen Rogers, de la Cour supérieure, a autorisé un délai de 30 jours aux parties « pour convenir d’un protocole d'instance et a prolongé le délai pour produire l’inscription ».
« Me Trudeau a de nouveau négligé de déposer la demande d’inscription pour instruction et jugement dans le délai prescrit », mentionnent Mes Rocheleau et Lapointe.
Demande rejetée
En octobre 2019, le juge Donald Bisson, de la Cour Supérieure, a constaté le « désistement présumé de la demanderesse compte tenu de l’absence de dépôt de la demande ». C’est à peu près à ce moment que Me Trudeau aurait demandé à se retirer du dossier.
En février 2020, sous les conseils de Me Trudeau, Mélissa Houle aurait retenu les services de l’avocat Louis Brunet. Cela n’a pas empêché, en août 2020, la juge Carole Therrien de rejeter sa demande contre la succursale du restaurant Barbie’s en raison des délais afférents à son dossier.
Quelques mois plus tard, en octobre 2020, Mme Houle aurait envoyé une mise en demeure à Me Trudeau, qui, depuis, « refuse, néglige ou omet » de payer la somme qu’elle réclame.
Étant au début des procédures, les avocats qui représentent la demanderesse n’ont pas souhaité commenter le dossier. Contactés par Droit-inc, Mes Trudeau et Brunet n’avaient pas répondu à nos demandes d’entretien au moment d’écrire ces lignes.
Le Barreau du Québec n’avait pas non plus répondu à notre demande d’entretien au moment d’écrire ces lignes.
Bruno B
il y a 2 ans"un morceau de salade gorgée de vinaigrette"
Il me semble évident que c'est là le véritable coupable de cette vilaine chute. Si on suit bien cette histoire, ce morceau de salade a blessé, à lui seul, deux adultes.
Je me demande combien d'adjectifs ont été proposés avant de s'entendre finalement sur "gorgée".
MH
il y a 2 ansEn effet c’est cela. Allez donc au restaurant de cette chaîne, n’importe lequel et demandez salade ceasar ou du chef et vous comprendrez le sens du mot gorgé… Bon appétit c’est super bon!
J’adore ce restaurant.
A
il y a 2 ansIl faut éviter de prendre des clients qui poursuivent des avocats.
Ce sont des clients hautement problématiques.
Idem pour les confrères qui les prennent. Blackisted. À éviter 100km à la ronde.
Dupuis J.
il y a 2 ansCher A
J’aurais une seule question pour vous.
Tel que mentionné dans l’article, Me. Trudeau a lui même suggérer à Mme Houle de le poursuivre pour les fautes qu’il à commis il y a 10 ans dana la poursuite de l’époque de sa cliente contre le restaurant. Que diriez-vous de ça?
M.H.
il y a 2 ansLa demanderesse lui a retiré le dossier en 2019 quand il l’a informé de sa maladie dégénérative. Maître Trudeau s’est toujours battu avec honneur dans cette cause et il se déplaçait au domicile de la demanderesse tellement son état était grave…