Prendre une pause, est-ce néfaste ?
Pierre Arcand
2019-12-09 14:15:00
Je débute présentement la pratique et le type de droit dans lequel je pratique ne me convient pas. Je pense prendre une pause pour réfléchir et me rediriger (un mois, deux mois).
Est-ce que le fait d'avoir un « trou » de quelque temps entre la fin d'un emploi et une application est mal perçu par les employeurs ? Est-ce que ça pourrait me nuire ?
Merci !
Réponse :
Cher lecteur,
Pour plusieurs raisons, la réponse à votre question est oui, prendre une pause de réflexion pourrait vous nuire.
Bien que ce soit une bonne chose de prendre le temps de réfléchir avant de réorienter sa carrière, je déconseille toujours d’accompagner cette réflexion d’une période « sans emploi » à moins bien entendu que ce soit inévitable.
Si vous avez le choix, gardez votre emploi actuel pendant que vous procédez à votre réflexion et même par la suite, lors de votre quête de l’emploi idéal.
Certains vous diront qu’il faut prendre du recul et procéder à une introspection profonde avant de prendre une telle décision. Je conviens que dans certaines circonstances, le mal peut être plus profond qu’un mauvais alignement professionnel.
Mais pour un juriste en début de pratique, s’il faut déjà se retirer du marché pour réussir à réfléchir, on n’est pas sorti du bois. Disons que l’on est loin de la réflexion de mi-carrière du plaideur malheureux après vingt ans de litiges et des revenus annuels indécents, qui jongle avec l’idée de se joindre à un organisme sans but lucratif, ceci dit avec énormément de respect et d’admiration pour ces organisations.
Pourquoi cette pause n’est-elle pas l’idéal ? Simplement parce qu’un candidat sans emploi paraît toujours moins intéressant à un employeur qu’un candidat avec emploi. J’utilise le terme « paraît » car il serait faux de prétendre que le candidat est moins intéressant mais les conséquences sont les mêmes.
Face à un candidat sans emploi, l’employeur potentiel se demande souvent si le candidat veut vraiment l’emploi ou s’il est simplement désespéré de se trouver quelque chose. Veut-il le poste en attendant de trouver mieux ? Sa réflexion est-elle terminée ou bien est-il pressé par des incitatifs économiques ? Ces questions surviennent rarement face à un candidat qui est prêt à quitter un emploi pour se joindre à une nouvelle équipe.
Une autre question titillera l’employeur, à plus forte raison si votre réflexion s’éternise ou si vous avez de la difficulté à réintégrer rapidement le marché du travail : s’il est si bon que ça, comment ce se fait-il qu’il n’ait pas d’emploi ? C’est assez pour vous faire passer de la chaise du candidat choisi à celle de celui qui a fait les trois entrevues mais ne reçoit pas l’offre tant attendue.
C’est aussi simple que ça. C’est une question de perception et dans un processus d’embauche comme dans celui d’une vente, gérer la perception est un des plus grands défis auxquels on doit faire face. Aussi bien mettre toutes les chances possibles de notre côté.
Gardez votre emploi et j’ajouterais, continuez à performer dans cet emploi et ce jusqu’à ce que vous le quittiez pour une meilleure opportunité.
Sur ces bons mots, je vous souhaite la meilleure des chances dans votre réflexion.
La Question au Recruteur
Chaque semaine, le recruteur juridique Pierre Arcand répond à une question posée par vous, chers lecteurs.
La Question au Recruteur de la semaine est choisie parmi toutes celles reçues sur le site. Toutes les questions sont bonnes pour autant qu’elles concernent votre carrière de juriste.
Sur l'auteur
Pierre Arcand s'est spécialisé en recrutement juridique après avoir pratiqué le droit pendant une douzaine d'années. Ayant été associé au sein de cabinets boutiques ainsi que d'un important cabinet de Montréal, il connaît bien la communauté juridique et les enjeux reliés à la pratique du droit tant en cabinet qu'en entreprise. Arcand et Associés, une entreprise spécialisée dans le recrutement de cadres et de professionnels, a été fondée en 1999. Pierre Arcand et son équipe apporte un soutien professionnel tant aux entreprises qu'aux cabinets qui cherchent à recruter les meilleurs candidats disponibles.
Anonyme
il y a 5 ansJ'ai moi-même pris une pause pour raisons familiales après moins de 2 ans de pratique et je l'ai payé cher. Un congé de quelques mois a viré en des années de recherches vaines. Plus on s'éloigne dans le temps, moins notre candidature est alléchante. Jamais je n'aurais imaginé pédaler autant pour me trouver une job par la suite. Ça a pris plusieurs années pour rétablir l'équilibre une fois que j'ai pu me placer à nouveau. Tu te retrouves plus âgé que tes patrons, mais avec beaucoup moins d'expérience. Je vous met en garde des dangers d'une pause. Ayez un plan B.
Le destin
il y a 5 ansSi l'on se lance à son compte durant cette "période de réflexion", est-ce aussi mal vu?