Scandale à Saguenay : La mairesse devant la justice!

Radio Canada
2025-04-23 13:30:58
Ce procès pourrait COÛTER la carrière à la mairesse de Saguenay! Découvrez pourquoi.
Le procès de la mairesse de Saguenay, Julie Dufour, pour manoeuvres électorales frauduleuses s’est ouvert mardi matin au palais de justice de Chicoutimi. Elle est accusée par le Directeur général des élections du Québec (DGEQ) d’avoir tenté de dissuader trois adversaires de se présenter contre elle à la mairie en 2021 en échange d’un bénéfice, comme un emploi.
Les accusations pour avoir enfreint la Loi sur les élections et référendums dans les municipalités sont tombées en octobre 2024 après une enquête qui a duré plus d’un an.
La mairesse a plaidé non coupable aux trois chefs qui pèsent contre elle. Questionné sur la défense qu’il va présenter, l’avocat de la mairesse, Me Charles Levasseur, a indiqué avant d’entrer en salle d'audience qu’il ne sait pas s’il va faire témoigner Mme Dufour tellement la preuve est faible.

Les trois personnes envers qui Julie Dufour aurait eu un comportement fautif sont Serge Simard, Jacinthe Vaillancourt et Jean-Marc Crevier, qui devraient tous témoigner.
Me Levasseur spécifie que sa cliente admet avoir eu des conversations avec les trois autres potentiels candidats à la mairie, mais qu’elle nie leur avoir fait l’offre dont on l’accuse.
L'enquêteur interrogé
Pour leur part, les procureures du DGEQ, Me Laurie Mongrain et Me Natacha Dupuis-Carrier, ont d'abord appelé à la barre l’enquêteur Pierre Dufour afin d’étayer la preuve. Ce dernier a présenté les éléments principaux de son enquête, notamment à savoir quand l’ancien candidat à la mairie Serge Simard avait rencontré Julie Dufour.
Il a présenté des relevés d’appels ainsi qu’une analyse triangulaire des tours cellulaires pour établir que Serge Simard s'est rendu chez elle le 24 juin 2021. Cet élément confirme les dires de la mairesse qui, dans un affidavit, plaçait cette rencontre en juin alors que M. Simard parlait plutôt de septembre. Il a aussi spécifié que la plainte est entrée à Élections Québec le 20 juillet 2023.

Me Levasseur a tenté de miner la crédibilité de l'enquêteur d'Élections Québec. Il a reproché à Pierre Dufour de ne pas avoir posé les questions nécessaires pour s'assurer qu'il n'y avait pas de collusion entre les témoins. Si vous ne posez pas de question, comment voulez-vous voulez qu’on sache si des témoins ne se sont pas entendus ?, a-t-il lancé.
« Si vous écoutez les trois témoignages. Ça parle tout seul. J’ai assez d’expérience. Ça transparaît que les gens disent la vérité », a répondu Pierre Dufour.
Mais cette réponse n'a pas convaincu l'avocat de Julie Dufour qui en a remis une couche devant les médias.
« Je voulais vérifier la validité de l'enquête et l'absence d'une espèce de vision tunnel qui malheureusement affecte trop d'enquêteurs. Et le fait de ne pas poser les questions ou le fait de ne pas vouloir poser les questions, des fois ça peut amener à un certain biais. À mon avis, il n'a pas vérifié certains aspects qu'il aurait peut-être eu avantage à vérifier », a insisté Me Levasseur.
Josée Néron témoigne
Celle qui a été mairesse avant Julie Dufour, Josée Néron, a aussi témoigné. C’est elle qui a porté plainte à Élections Québec. Elle a raconté que Jean-Marc Crevier l’avait rencontrée en mai 2021 et lui avait fait part que Julie Dufour lui avait offert un poste de négociateur avec les employés en échange de ne pas aller de l’avant avec son intention de se présenter à la mairie.

Il aurait alors décidé de ne pas porter plainte. Le chef de cabinet de Josée Néron, Luc Desbiens, aurait informé à ce moment Jean-Marc Crevier que l'offre qu'il venait de recevoir était illégale. En juin 2023, alors qu’il était question de l'origine du paiement d'une facture d’avocat dans le dossier de l’ex-vérificatrice générale, Jean-Marc Crevier a contacté de nouveau Josée Néron. Il lui aurait alors dit qu’il ne nierait pas si quelqu’un portait plainte.
« Pour moi, M. Crevier est un homme fiable qui m’a toujours dit les vraies choses. Les choses que Mme Dufour m’a dites, elles n’étaient pas toujours exactes. Je crois Jean-Marc Crevier. Pour moi, ce n’est pas un menteur. Ça a été dit publiquement. Sa réputation a été entachée. Ça vaut la peine de rectifier les faits, dans mon livre à moi », a dit Josée Néron.
Jean-Marc Crevier persiste et signe
Appelé à témoigner en après-midi, le conseiller municipal Jean-Marc Crevier a soutenu que la mairesse lui avait proposé en janvier 2021 de l'embaucher au sein de l'appareil municipal à la condition qu'il ne se présenterait pas contre elle aux élections. M. Crevier ne s'est finalement pas porté candidat à la mairie, mais il était en réflexion, à cette l'époque. Cette offre aurait été faite lors d'une rencontre avec elle dans son bureau. Les deux auraient été seuls.

« Elle m’a dit : Tu sais, t’es un bon négociateur, avec ce que tu as fait pendant 30 ans. Si tu te présentes pas, je pourrais t’embaucher quelques jours, deux à trois par semaine pour négocier le renouvellement des conventions collectives », a affirmé M. Crevier, qui travaillé pendant 35 ans dans le mouvement syndical, notamment à Fédération des travailleurs du Québec (FTQ). En sortant du bureau de Julie Dufour, le conseiller dit en avoir ensuite d'abord parlé à sa femme, puis aux conseillers Carl Dufour, Jimmy Bouchard et Michel Tremblay.
« Je trouvais ça cheap, un geste de même », a-t-il poursuivi. Il a dit ne pas vouloir porter plainte afin de ne pas influencer le résultat des élections municipales mais qu'il dirait la vérité si on l'interrogeait. M. Crevier nie qu'il s'agit d'une campagne de salissage. Il dit ne pas avoir parlé avec Serge Simard depuis 2021 et ne pas connaître Jacinthe Vaillancourt.
« Serge Simard, je l’ai appris à la TV qu’il s’était passé quelque chose aussi avec la mairesse. Moi, j’étais conseiller syndical et lui député. On se croisait plus quand on faisait des pancartes et qu’on allait manifester devant son bureau. (...) Mme Vaillancourt, je vais être honnête avec vous, elle serait dans la salle et je ne la reconnaîtrais pas. J’ai jamais parlé à Mme Vaillancourt. Je ne la connais pas du tout », a-t-il fait valoir.
Le procès va se poursuivre jusqu'à vendredi.