Fusions et acquisitions

Les as des fusions-acquisitions

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Didier Bert

2025-04-23 15:00:44

Quels cabinets se distinguent sur le marché des fusions-acquisitions au premier trimestre 2025?

Le marché mondial des fusions-acquisitions a pris une orientation très claire en ce début d'année.

Patrick Menda, Philippe Bourassa (source : Blakes) et Carl Bélanger (source : Fasken)

Si le nombre de transactions a chuté de 15 % au premier trimestre, la valeur totale au niveau mondial a bondi de 15 % à 885,2 milliards $US, selon le classement trimestriel LSEG Global Mergers & Acquisitions Review. Mécaniquement, la valeur moyenne des transactions a donc fortement augmenté comparativement à la même période un an plus tôt.

Le marché américain se distingue par une chute de 14 % de la valeur totale des transactions. La valeur totale du marché américain représentait 43 % du total mondial au premier trimestre 2025, alors qu'elle s’élevait à 58 % un an plus tôt.

Au Canada, le marché des fusions-acquisitions connaît un grand dynamisme. La valeur des transactions complétées est en hausse de près de 20 %, tandis que la valeur des transactions annoncées flambe de 120 %. Dans les deux cas, le nombre de transactions connaît toutefois une baisse de près de 20 %.

Sur le marché canadien, Stikeman Elliott se démarque en conseillant des transactions annoncées pour une valeur globale de 21,2 milliards $US. Le cabinet est ainsi présent dans 30,8 % de la valeur totale du marché canadien au premier trimestre. Les autres cabinets les mieux placés sont Norton Rose Fulbright - deuxième à 17,2 milliards $US - et Freshfields Bruckhaus Deringer - troisième à 14,7 milliards $US.

Des prix difficiles à déterminer

En matière de transactions complétées, c'est Blakes qui se place en première position, en ayant conseillé des opérations d’une valeur cumulée de 14,1 milliards $ US. Blakes devance Osler (12,4 milliards $ US) et Stikeman Elliott (11,8 milliards $ US).

« Nous avons poursuivi sur notre lancée de l'année 2024 en participant à des transactions d'envergure, dans lesquelles nous n'avons pas nécessairement agi comme conseiller principal, mais au titre de notre expertise pointue dans des secteurs tels que le droit de la concurrence et la réglementation financière pour des transactions bancaires », commente Patrick Menda, qui codirige les groupes Capital-investissement et Droit commercial et des sociétés de Blakes à Montréal.

Blakes a notamment conseillé la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) dans latransaction qui a vu la Banque Nationale prendre le contrôle de la Banque Canadienne de l'Ouest, soit une opération à 5 milliards de dollars.

Ce bon début d'année sera-t-il freiné par les tarifs douaniers annoncés par l'administration Trump? « L'incertitude autour des tarifs douaniers a un impact en terme de récession potentielle, d'augmentation ou de baisse des taux d'intérêt, mais aussi et surtout autour de la détermination du prix juste, car il est difficile de parvenir à une vision claire de l’avenir », souligne Philippe Bourassa, associé chez Blakes à Montréal.

Les deux associés constatent que l'activité est plutôt orientée à la baisse en ce moment. Mais les projets de transactions ne manquent pas dans certains secteurs, tels que les infrastructures et l’énergie. « Ce sont des domaines où les besoins sont grands, où des projets sont en développement et où la tendance est plutôt accélérer ces projets », pointe Philippe Bourassa.

Si aucun acteur du marché ne se ferme les portes des États-Unis, les clients tendent à regarder ce qui se passe de l'autre côté de l'océan Atlantique. « Parmi les clients déjà très diversifiés dans leurs investissements, on entend beaucoup parler de l'Europe actuellement », confie Philippe Bourassa.

Des acteurs plus prudents

Du point de vue du nombre de transactions annoncées, les trois meilleurs cabinets sont exactement les mêmes que ceux qui occupaient les trois premières places un an plus tôt.

Et comme l’an passé, Fasken se maintient au sommet du classement avec 51 transactions annoncées au premier trimestre, et 55 transactions complétées. Osler et Stikeman Elliott complètent le podium.

Fasken a notamment été le conseiller juridique de la CDPQ dans son acquisition d’Innergex pour un montant de 10 milliards de dollars.

L’incertitude entourant les tarifs douaniers est le deuxième grand choc économique des années 2020.« Mais contrairement à la période de la pandémie, cette fois, les investisseurs n'ont pas tout mis sur pause. Les acteurs du marché avancent plus prudemment mais les projets se font », observe Carl Bélanger, associé et leader de marché du groupe Droit des affaires et droit des sociétés au bureau de Fasken à Montréal. « Les prix sont visiblement affectés, mais cela ne remet pas en cause l'activité qui est résiliente. »

La baisse d'activité ne concerne pas les secteurs dont le marché est essentiellement interne, comme les soins de santé. « Seule une récession pourrait impacter ces secteurs », considère-t-il.

Toutefois, Carl Bélanger constate une tendance à partager le risque, certains acquéreurs incluant des conditions en fonction de l'atteinte de cibles futures… comme cela avait déjà été le cas durant la pandémie. « Les transactions mettent un peu plus de temps à se concrétiser. Il y a davantage de vérifications, et les acquéreurs se donnent le temps de voir venir les annonces tarifaires », commente-t-il.

Dans une telle période d'incertitude économique, les avocats doivent-ils travailler différemment? « Il faut toujours rester proche des clients, voir comment on peut les aider à naviguer dans cette incertitude, encore plus dans des moments comme aujourd'hui où de nombreuses questions surgissent », recommande Carl Bélanger.

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