La Loi du dragon

Rene Lewandowski
2007-04-05 10:01:00
À son retour à Montréal, sa décision est prise: c'est en Chine qu'il amorcera sa carrière d'avocat. Il s'inscrit, le soir, à des cours de mandarin, termine son barreau au Québec, puis obtient, en 1999, une bourse du gouvernement canadien lui permettant d'aller étudier à l'Université du peuple, à Pékin. Il en ressort deux ans plus tard avec un diplôme d'études supérieures en droit économique chinois!
En Chine, les salaires sont bas. Mais pas pour les avocats. "On gagne plus qu'à Montréal!" Le jeune juriste a aussi eu l'occasion de travailler très vite sur de gros dossiers, alors qu'il faut souvent des années de pratique au Canada avant de pouvoir traiter avec les patrons des sociétés importantes. Ainsi, il conseille déjà les grandes entreprises étrangères dans leurs investissements en Chine: des compagnies minières, des banques, mais également des sociétés de produits de luxe, comme Gucci. Il les aide à lutter contre le piratage et la contrefaçon, ce qui n'est pas facile, car cette dernière est perçue en Chine comme un moyen de créer de l'emploi. "La façon de régler les litiges passe bien plus souvent par les contacts établis auprès des gouvernements que par les tribunaux", explique l'avocat.
Bien sûr, admet-il, le droit chinois n'a été rétabli qu'au début des années 1980 et certains de ses aspects restent incompréhensibles aux Occidentaux. Mais depuis son entrée dans l'Organisation mondiale du commerce, en 2001, la Chine a dû instaurer des réformes. Même si l'application des lois laisse encore à désirer, le système judiciaire s'améliore de jour en jour. Ainsi, des entreprises étrangères comme Ikea, DuPont, L'Oréal ont récemment obtenu gain de cause devant les tribunaux chinois - une première.
De ses origines québécoises, Jérôme Beaugrand-Champagne dit qu'elles constituent un atout important, surtout qu'il doit souvent négocier avec des clients européens ou américains. "Ma biculturalité me permet de mieux comprendre ces deux cultures et de m'y fondre plus facilement."
L'an dernier, l'avocat s'est aussi transformé en homme d'affaires. Avec un ami, il a acquis les droits pour la Chine du franchiseur québécois Fruits & Passion. Un premier magasin a ouvert à Pékin en septembre 2005 et, bien que le commerce ne soit pas encore rentable, le plan prévoit l'ouverture de 70 à 80 boutiques d'ici 8 à 10 ans. En espérant que les Chinois apprécieront les fragrances québécoises...text