Dans les souliers de la petite nouvelle

Débuter un nouvel emploi est toujours stimulant, surtout après avoir remué ciel et terre pour l’obtenir.

À peine un an après avoir atteint la majorité, j’étais la « petite nouvelle » dans une étude où j’avais la chance de faire mes preuves, et ce, malgré ma faible expérience comme secrétaire juridique et mon manque de formation.

Du coin de l’œil, j’examinais mes collègues taper à la vitesse de la lumière et traiter leurs dossiers avec une assurance déconcertante. J’étais bien décidée à en faire autant!

Mon premier défi était d’améliorer ma vitesse au clavier. Aussitôt que j’avais à taper un long document, je calculais le nombre de pages transcrites en 60 minutes, dans l’espoir de battre mon dernier record. Il est certain que si j’étais dérangée par le téléphone ou un avocat, je devais reporter ce défi à la prochaine occasion.

Mon deuxième défi étant de bien comprendre et traiter avec efficacité mes dossiers, je transposai chaque chose apprise dans un recueil d’instructions, tableaux et modèles à l’appui.

Quelques semaines après mon embauche, j’eus à communiquer avec un client, pour lui demander de se rendre à nos bureaux pour signer un affidavit. J’étais fière, car mon auto-formation me permettait de comprendre quelle était l’utilité de ce fameux document. Avant d’effectuer mon appel, j’avais préparé méticuleusement ma phrase d’introduction afin que ce client, qui était en fait un comptable, sente que son dossier était entre les mains de professionnels...

La conversation terminée, satisfaite de moi-même, je déposai délicatement le combiné sur son perchoir et m’apprêtai à classer mon dossier quand je fus interrompue par un inconnu en complet gris. C’était à ma grande surprise le signataire de l’affidavit!

Le petit hamster courant très vite dans ma tête, je compris que notre client était un des comptables partageant nos locaux. Je compris aussi que la réceptionniste avec qui j’avais parlé quelques minutes plus tôt, avec un professionnalisme hors de l’ordinaire, était une collègue de travail! Me présentant à elle en bonne et due forme comme la secrétaire d’un avocat de son propre bureau, lui laissa manifestement croire, que je prenais mon rôle beaucoup trop au sérieux.

Cette journée-là, mes souliers étaient beaucoup trop grands pour moi...


Sur l'auteure:
Julie Tondreau est directrice de la formation, auteure et éditrice juridique de Confections juridiques M.T. Auparavant, elle a été secrétaire juridique pendant 11 ans.