Ces femmes juges qu’on prend pour des fillettes

« Aujourd’hui, on m’a encore dit que je n’avais pas l’air d’une juge », déplore Eva Guzman, de la Cour suprême du Texas.

Le message, publié sur le compte Twitter de la juge Guzman, a déclenché une déferlante de propos similaires d’autres magistrates, qui relatent le sexisme dont elles font l’objet dans les palais de justice.

Des prévenus qui les appellent par leur prénom aux avocats qui les prennent pour des femmes, les magistrates américaines sont plusieurs à déplorer qu’on leur disent ce qu’on ne dirait normalement pas à un juge.

Ainsi, la juge Bronwyn Miller, de la Cour d’appel de Floride, a pris le relais récemment sur le site AboveTheLaw, dans la foulée de l’exaspération de la juge Gomez, mais également d’autres juges.

Nommée juge à 32 ans, Bronwyn Miller n’a effectivement pas la posture austère que l’on attribue souvent - à tort - à un membre de la magistrature.

« Souvent, à la porte de mon bureau, des procureurs se présentent pour me demander si la juge Miller est arrivée. Et quand je fais mon entrée à la cour, ces mêmes procureurs réalisent leur erreur et s’excusent profusément. Quand on est une femme, qu’on est là et qu’on ne porte pas la toge, la présomption est qu’on est la secrétaire juridique… »

Dans les années suivant sa première nomination, en 2005 on disait souvent à Bronwyn Miller, qui a aujourd’hui 46 ans, qu’elle était trop jeune pour être juge. « On n’aurait jamais dit ça à un homme… » conclut-elle.

La juge Qiana Lillard, de la Cour criminelle de Wayne, au Michigan, en rajoute une couche : « On m’a même déjà dit que j’avais l’air d’une enfant, avec ma toge à jouer les juges. »

Enfin, la juge Michelle Rick, du Michigan, relate que certains, dans son tribunal, se permettent de l’appeler par son prénom. « J’ai dû le corriger, lui dire qu’on m’appelle Mme la juge ou votre honneur… »