Tout quitter pour faire carrière à Paris

Sonia Semere
2025-04-18 15:00:26
Une avocate québécoise a fait un grand saut dans sa carrière en s’installant dans la capitale française. Rencontre…
Il y a plus d’un an, Me Alexie Bedard-Johnsson prenait la décision de poursuivre sa carrière en tant qu’avocate à l’international. Destination choisie? Paris.

Sur LinkedIn, l’avocate québécoise a annoncé avec fierté son intégration au Barreau des Hauts-de-Seine en tant que membre de l'Ordre des avocats et son arrivée au sein de l’équipe de KPMG Avocats.
« Dans un monde marqué par des turbulences politiques et sociales, il est plus que jamais essentiel de se tourner vers des partenariats solides et durables. Le Québec et la France, unis par une histoire commune, sont des alliés naturels », déclare-t-elle.
Droit-inc a rencontré Me Bedard-Johnsson pour en savoir plus sur cette étape marquante de sa carrière.
Qu’est-ce qui vous a poussé à quitter le Québec pour Paris?
Les avocats québécois sont très ancrés dans leur juridiction, je n'ai pas rencontré beaucoup de personnes qui ont fait le saut.
Pour moi, il y avait une véritable volonté de renouer avec ma famille qui vit en Europe et d’explorer deux juridictions différentes. Je crois fermement que cela enrichit ma carrière, surtout dans un contexte où les opportunités mondiales sont de plus en plus interconnectées.
Comment ce changement a-t-il influencé votre pratique juridique?
Le Québec a un fondement très français dans son droit, et m’installer à Paris m’a permis de mieux comprendre cette origine. Les deux systèmes juridiques, bien que différents, ont aussi beaucoup de similarités.
Si je devais revenir au Québec, cette expérience sera un atout majeur dans ma pratique. En étant chez KPMG, j’ai déjà participé à plusieurs projets liant la France et le Québec…
Concrètement, quelles sont vos responsabilités actuelles, et comment accompagnez-vous les entreprises chez KPMG?
Je me concentre principalement sur les fusions et acquisitions (M&A), notamment la vente d'entreprises ou de parties d'entreprises. Mon rôle inclut des étapes cruciales comme la vérification diligente ou la due diligence pour les vendeurs.
Puisque ces entreprises sont souvent présentes à l’international, je travaille régulièrement sur des projets transfrontaliers, avec des liens entre la France, le Québec et d’autres pays.
Pour en revenir à votre arrivée à Paris, était-ce difficile de passer le Barreau en France ? Pouvez-vous nous expliquer ce processus ?
Ce n’était pas très compliqué puisqu’il y a une entente entre le Québec et la France. Les avocats québécois qui souhaitent pratiquer en France peuvent passer un examen en déontologie pour obtenir leur autorisation.
Ce qu’il faut souligner en revanche, c’est qu’il existe des différences notables en matière déontologique. En France, les avocats ne sont pas salariés et doivent respecter une indépendance totale. Ce changement a été un vrai défi au début.
Est-ce que vous ressentez des différences entre la pratique du droit en France et au Québec, notamment dans l’atmosphère de travail ?
Il existe une hiérarchisation plus marquée en France, ce qui n’est pas aussi présent au Québec. Ici, les formalités sont très suivies, et il y a une certaine distance, surtout dans les interactions formelles avec les supérieurs.
Cela étant dit, ce que j’ai trouvé agréable chez KPMG, c’est qu’il existe une réelle entraide entre les équipes junior et senior, une approche collaborative qu’on retrouve également au Québec.
Y a-t-il des aspects que vous appréciez particulièrement en France, que vous ne retrouviez pas au Québec ?
Ce que j’apprécie le plus ici, c’est l’ambiance conviviale. Dès que tu arrives au bureau, tu prends ton temps pour saluer tout le monde, discuter un peu. Ce côté humain, où l’on prend le temps de connaître ses collègues, est vraiment agréable.