Lettre hommage d’un avocat à son défunt mentor
Mathieu Galarneau
2019-11-27 14:15:00
Barreau 1984, le plaideur de Dolbeau-Mistassini pratiquait en litige civil de même qu’en criminel et pénal.
Au cours de sa carrière, il a pris sous son aile Me Francis Boucher, Barreau 2012, spécialisé en droit criminel et pénal.
Nous publions ici intégralement - avec son accord - la lettre de Me Boucher à son défunt mentor, Donald Duperré.
Cher Donald,
Il y a longtemps que je souhaite t’écrire cette lettre. Comme à mes habitudes, je suis à la dernière minute, mais comme elles sont maintenant comptées, j’ai pris mon courage, et mon crayon, à deux mains pour rédiger ces quelques lignes d’hommage.
Depuis plusieurs années déjà, tu es celui qui me lit avant tout le monde et je voulais être sûr que ce soit encore le cas au moins encore une fois. Sachant que ce sera la dernière, j’hésite à chaque mot et prends de nombreuses pauses pour laisser sécher ma feuille que je vois un peu embrouillée.
Ce qui me motive, c’est de me remémorer les bons commentaires que tu as à l’égard de ma rédaction. Tu es toujours fier du résultat de mes textes malgré les « petits » délais de production et les innombrables rappels nécessaires pour obtenir les brouillons. Non seulement tu es fier, mais tu le fais savoir ! Tu as si souvent su me donner confiance par tes encouragements.
Ça résume tellement bien ta façon d’être, toujours positif, toujours focus sur le bon aspect des choses allant même, parfois, jusqu’à ignorer le négatif…
Si tu savais combien de fois ça m’a motivé, combien de fois ça m’a poussé à me surpasser et ne pas tout abandonner. Sache que cette force d’esprit que j’ai acquise à tes côtés, je vais la garder pour l’éternité.
Faire sortir les qualités des gens c’est facile pour toi parce que tu prends le temps d’être là pour eux, mais surtout pour les écouter.
Cette disponibilité fait qu’il y a juste toi pour inviter un “client” à passer à la maison pour un café parce que ça va moins bien dans leur vie. C’est probablement pour ça que, depuis quelque temps, personne ne me parle de Me Duperré, mais que tous me parlent de leur ami Donald.
Nous en avons vu un et un autre dossier ensemble ces dernières années. On s’est croisé pour la pratique du droit, mais ça nous a aussi permis d’être là l’un pour l’autre dans différents moments de nos vies. Je tiens à te dire que j’ai grandement apprécié ta présence ainsi que tes conseils. J’ai souvent réagi comme un ado rebelle face à ceux-ci sauf que sois assuré que maintenant je garde chacun d’eux comme un précieux legs.
Les deux dernières années, tu as été chargé d’un gros dossier pour lequel je me suis senti si impuissant. Comme j’aurais aimé pouvoir en faire plus, par contre, ça dépassait de beaucoup mes capacités juridiques. Ce dossier, tu l’as remis souvent, mais ces remises personne ne pourra te les reprocher. Tu les as travaillées si fort, tu les as plus que méritées. Je l’ai vu le courage et la détermination que tu as eus ces derniers mois. Je pense que tout ça, c’est en grande partie grâce à ta force de caractère et ton moral sans faille; c’est de cela que je m’inspire dans mes moments les plus durs.
Le dossier s’achève, plus de remise.
Je ne le vois pas comme un verdict de défaite, tu as trop combattu comme un gagnant, tu seras juste libéré.
Merci pour tout boss, ne t’inquiète pas pour ce que l’on a commencé, « je gère » .
Je t’aime
Francis