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Un cabinet québécois humanise le métier d’avocat

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Sophie Ginoux

2022-02-17 15:00:00

Pourquoi la profession d’avocat n'évolue-t-elle pas au même titre que le droit et la société ? Un jeune cabinet d’ici en forte croissance prouve qu’il est possible de conjuguer succès et réinvention...
Mes Veronica Vallelonga et Xavier Cormier
Mes Veronica Vallelonga et Xavier Cormier
Au cours de ses 20 ans de pratique en droit criminel, dont plusieurs à titre de procureur aux poursuites criminelles et pénales, Me Xavier Cormier a toujours été mal à l’aise avec une certaine étiquette qui voulait qu’en plus d’un quotidien professionnel exigeant, il devait sans cesse sacrifier sa liberté et empiéter sur sa vie personnelle.

« Je trouvais par exemple insensé de perdre une semaine de vacances sur les deux dont je bénéficiais chaque année parce que je devais prendre congé pour des rendez-vous chez le médecin ou le dentiste. Je voulais créer un modèle d’affaires différent, qui redonnerait aux avocats leur autonomie. »

Ce qui n’était qu’une réflexion personnelle au départ a commencé à se traduire par des gestes concrets auprès de son équipe. « J’ai fait mon stage auprès de Xavier, et déjà, je n’avais pas besoin de me pointer de 8h à 17h. Au contraire, je pouvais travailler à la maison, à mon rythme, confirme Me Veronica Vallelonga, qui pratique aujourd’hui en droit familial et DPJ. Et je peux vous assurer que cette vision s’est avérée gagnante, puisqu’au final, j’étais dix fois plus efficace ! »

De fil en aiguille, le mentor et l’élève ont compris qu’il était peut-être temps de sortir de ses carcans le métier d’avocat au Québec. « La lecture d’un entretien avec Me Dominique Tardif, de ZSA, a conforté ma position, indique Me Cormier. J’en ai retenu que les cabinets pâtissent du fait que leurs administrateurs étaient tous des praticiens qui n’avaient pas le temps ni l’énergie de le gérer correctement, RH comprises. C’est ce modèle que nous avons entièrement changé avec Devichy Avocats. »

Réinventer le fonctionnement d’un cabinet juridique

Lancé en 2018, Devichy Avocats a rapidement marqué les esprits grâce à sa manière non conventionnelle d’envisager la profession d’avocat, mais aussi la structure et la mission d’un cabinet juridique.

Me Cormier et Me Vallelonga ont tout d’abord décidé de dédier Devichy à la pratique dans différents domaines du droit pour les particuliers, souvent contraints de pousser les portes de cabinets d’affaires pour trouver des services et disposant de peu de références. Mais les deux avocats ont aussi mis en place à l’interne un système inusité où l’humain est tout aussi important que le professionnel.

Pour y parvenir, il a été décidé que tous les membres du cabinet, fondateurs compris, évolueraient sur un pied d’égalité, et qu’en prime Me Vallelonga se dédierait totalement à l’équipe, afin d’être à son écoute, de l’accompagner… et de la faire rayonner aux quatre coins du Québec ! Effectivement, en l’espace de quatre ans, de petits bureaux de Devichy se sont implantés à Laval, Joliette, Vaudreuil, Saint-Hyacinthe, ou encore Rimouski.

« Nous en avons même un à 100 km au nord de Rivière-du-Loup ! s’exclame Me Cormier. En fait, nous ne voulons pas que la distance géographique soit un frein au travail ou la cause du départ d’un bon avocat. Alors, quand un de nos membres déménage, ou bien qu’un candidat intéressant se trouve en région, nous nous organisons pour qu’ils puissent faire du télétravail, d’une part, et qu’ils disposent d’un bureau près de chez eux en un temps record, d’autre part. Nous croyons beaucoup en cette manière de procéder, qui ravit les avocats comme leurs clients. »

Me Emmanuel Mekies à Miami
Me Emmanuel Mekies à Miami
L’humain au centre de la pratique

Cette logique d’ouverture a permis à Devichy de grossir rapidement ses rangs, puisque l’équipe comprend maintenant 36 avocats évoluant dans toutes les sphères du droit – droit civil, criminel, familial, administratif, du travail, de la jeunesse et de l’immigration – et que ses fondateurs comptent bien en recruter une vingtaine d’autres d’ici la fin de l’année 2022.

Mais cette vision s’inscrit aussi dans une démarche plus large visant à rendre les avocats plus autonomes, heureux et engagés dans leur pratique, par exemple en privilégiant la flexibilité des horaires et la réalisation de projets personnels.

Comme l’explique Me Vallelonga, « Nous voulons que nos membres se sentent libres de travailler de chez eux, tout comme d’un chalet le vendredi parce qu’ils vont faire du ski le même weekend. Nous avons même une de nos avocates, Me Emmanuel Mekies, qui travaille en Floride pour quelques semaines. Nous savons que notre métier n’est pas facile, alors nous y ajoutons du fun dès que nous le pouvons. »

La même approche prévaut concernant la conciliation travail-famille. Finies, les entraves aux rendez-vous médicaux, aux déplacements pour aller chercher les enfants à la garderie, ainsi qu’à la fondation d’une famille.

« Cinq de nos avocates s’apprêtent à partir en congé de maternité, et nous avons tous des enfants en bas âge. Ce serait donc un comble que nous ne laissions pas nos collègues planifier leur travail comme ils l’entendent ! Hors de question également de les priver de congés ou de vacances, essentiels pour un bon équilibre familial et mental », indique Me Xavier Cormier.

Une écoute constante des besoins

N’est-ce pas un pari un peu risqué de faire fonctionner un cabinet quand tous ses membres sont disséminés à travers le Québec et libres de s’organiser à leur guise ? « Absolument pas ! » répondent les deux fondateurs de Devichy, qui ont plus misé sur le tissage de liens, que sur l’imposition de règles rigides qui servent d’ordinaire de garde-fous, pour connaître leur succès actuel.

« Je m’entretiens tous les jours avec tous nos membres, explique Me Veronica Vallelonga. Je leur demande comment ça va, s’ils ont des questions sur leurs dossiers, si je peux améliorer certaines choses. Je réalise aussi un sondage chaque semaine pour vérifier qui a besoin de soutien et qui peut en prendre plus. Toutes les demandes et suggestions sont prises en compte. »

En effet, de la mise en place d’assurances et de REER, jusqu’à l’élaboration de formations à l’interne aux trois mois accréditées, de surcroît, par le Barreau pour leur qualité, aucun besoin n’est laissé de côté.

« Nous essayons d’offrir toutes les conditions gagnantes d’un cabinet moderne, réactif et mobilisé, confirme l’avocate. Nous avons même intégré une aile de bénévolat et de donations chaque mois pour soutenir nos membres, qui s’impliquent dans différentes causes. »

imge #34411Avancer ensemble

Cette politique humaine et flexible séduit évidemment un nombre croissant d’avocats juniors et séniors qui y voient une nouvelle manière de travailler, mais aussi d’établir des liens les uns avec les autres. Chez Devichy, les ''lunchs and learn'' virtuels ont par exemple lieu chaque semaine, et non aux trois mois. Quant aux avocats juniors, ils bénéficient d’un soutien constant.

« Nous les jumelons dès leur arrivée à des mentors, qui prennent leur rôle très au sérieux ! s’exclame Me Vallelonga. Chaque question obtient une réponse la même journée. Et si elle dépasse un champ de compétence, tout notre réseau s’active alors pour la régler. Nous faisons tous front commun ! »

Et c’est sans doute cette dernière phrase qui distingue le plus Devichy, dont la structure est peut-être inusitée, mais ô combien rassembleuse.

« C’est notre ''Dream Team'', conviennent les deux fondateurs du cabinet. Nos collègues ont de la drive, aiment sincèrement travailler avec nous et apprécient leurs collègues même lorsqu’ils ne se sont jamais rencontré en personne. Nous sommes choyés d’être aussi bien entourés ! »
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2 commentaires
  1. Anonyme
    Anonyme
    il y a 2 ans
    La profession a évolué dans le même sens que la société
    "Pourquoi la profession d’avocat n'évolue-t-elle pas au même titre que le droit et la société ?"


    Depuis que la pensée économique "moderne" s'est infiltrée partout, tout est devenu objet de marchandise et de désir de croissance perpétuelle. C'est ainsi que le cabinet d'artisants d'autrefois s'est mis à rêver d'une organisation du travail comme celle des méga cabinets comptables, et que l'esclave salarié remplace tranquillement le travailleur indépendant.

    Même la vie est devenue une marchandise.

    Les gauchistes accusaient de tous les noms ceux les pros-vie qui brandissaient l'argument de la "pente glissante" (slipery slope), et un récent article de "bioéthiciens" montre qu'on est presque au bas de celle-ci: * "After-birth abortion: why should the baby live?"

    "Abstract: (...) the authors argue that what we call ‘after-birth abortion’ (killing a newborn) should be permissible in all the cases where abortion is (...).

    * http://jme.bmj.com/content/39/5/261

    Pour l'actionnaire avide de dividende, il ne sera jamais trop tard pour éliminer ce qui pourrait éloigner du travail ses vaches à lait, et si vous n'êtes pas d'accord avec les bioéthiciens vous êtes un complotiste pro-camioneurs!

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