Quatre stratégies financières clés pour les jeunes avocats

Sophie Ginoux
2025-02-10 14:15:48
Comment les avocats en début de carrière peuvent-ils à la fois rembourser leurs dettes, établir un budget, se protéger et même épargner ? En suivant les conseils de cette experte.

Chaque année, Natasha Black accompagne beaucoup d’avocats juniors en tant que planificatrice pour la Financière des avocates et des avocats. Et elle a remarqué que ces jeunes professionnels ont toujours deux points communs.
« La plupart du temps, ils font tout d’abord face à un niveau d’endettement élevé », avance-t-elle, en s’appuyant sur des données de Statistique Canada qui indiquent qu’en 2023, si la dette moyenne des étudiants canadiens s’élevait à 28 000 dollars, celle des étudiants en droit grimpait jusqu’à 71 000 dollars… soit plus du double !
Une situation assez compréhensible, vu que les études en droit sont peu compatibles avec un travail. Ce qui l’est moins, par contre, c’est que les avocats en début de carrière manquent de connaissances en littératie financière.
« Les jeunes avocats n’ont pas de formation en affaires, et ils ne savent souvent pas comment gérer un budget, avoue l’experte. Mais heureusement, nous sommes là pour ça ! Un bon planificateur financier les aidera à faire du ménage dans leur situation financière et à l’améliorer considérablement grâce à plusieurs stratégies. »
1. Gérer intelligemment ses dettes
Pour s’assurer une base financière solide, les jeunes avocats n’ont pas le choix : ils doivent régler leurs dettes.
« Les capacités de remboursement varient d’une personne à l’autre, mais je recommande toujours de prioriser les dettes aux intérêts les plus élevés, comme les marges de crédit étudiantes bancaires », indique l’experte. Effectivement, une dette de 40 000 dollars de ce type, au taux de 6 à 6,5%, peut coûter 216 dollars juste en intérêts chaque mois.
En second lieu, la planificatrice conseille de profiter du programme assez flexible des prêts étudiants gouvernementaux pour obtenir des crédits d’impôt non remboursables sur les intérêts payés. Ou encore d’accélérer ses paiements grâce à des revenus supplémentaires non budgétés, comme des primes ou une augmentation salariale.
« Les solutions pour se débarrasser rapidement de ses dettes existent. Il suffit de les connaître et de bien se faire accompagner », dit-elle.
2. Établir un budget réaliste et flexible
Les dettes ne constituent pas le seul frein à un budget équilibré. Le simple fait d’en élaborer un et, surtout, d’en comprendre les éléments est une des premières tâches à laquelle devraient s’atteler les avocats juniors.
« Il faut entrer dans une application numérique de gestion de budget, ou tout simplement dans un bon vieux tableau Excel, ses revenus nets, même s’ils sont fluctuants, Puis on ajoute ses dépenses fixes (loyer ou hypothèque, électricité, etc.), et on fait une première évaluation pour voir quel pourcentage du budget elles représentent », explique Natasha Black.
À partir de cette étape, il est possible de voir à quoi la balance du budget est affectée. « Par exemple, si on est serré financièrement et que l’on se rend compte qu’on dépense plus de 1000 dollars par mois dans des restaurants, on peut assez facilement changer ses habitudes » suggère la planificatrice, avant d’ajouter qu’un fonds d’urgence équivalent à 3 à 6 mois de dépenses est aussi idéal pour faire face à d’éventuels impondérables financiers.
3. Se protéger efficacement
Mme Black est toujours surprise de constater à quel point les jeunes avocats négligent leur protection financière. « Pourtant, un imprévu est toujours possible, dit-elle. Un accident, un épuisement professionnel, cela peut arriver à n’importe quel âge. »
Même en début de carrière, une assurance invalidité et une assurance-vie temporaire sont donc essentielles, selon elle. À la Financière, la première assure un revenu allant jusqu’à 16 000 dollars par mois, ce qui peut s’avérer très utile aux avocats autonomes ou qui jouissent d’une protection limitée dans le cabinet où ils travaillent. Le seconde, quant à elle, protège en cas de décès ses proches des dettes qu’on a contractées (marges de crédit étudiantes, hypothèque, etc.).
« Il faut aussi savoir que 80% des avocats que je côtoie ne disposent pas d’un testament, poursuit l’experte. Je leur recommande donc vivement d’en faire un le plus tôt possible, même sous forme holographique, pour éviter des problèmes à leurs proches. »
4. Épargner astucieusement
Quand on a moins de 30 ans, la retraite semble bien loin, et le besoin d’épargner tout autant.
Toutefois, comme l’indique Mme Black, « beaucoup de jeunes avocats ne disposent pas d’un fonds de pension. Donc, même si la retraite peut apparaître comme un concept abstrait, il faut y penser, ne serait-ce qu’à raison de 50 dollars par mois pour commencer. »
D’autres projets nécessitant de l’épargne peuvent aussi se profiler, comme le désir d’acheter une maison ou une voiture, de réaliser un grand voyage ou de fonder une famille. Voilà pourquoi la planificatrice recommande à ses clients divers outils d’épargne adaptés à leur profil financier, personnalisé et remis régulièrement à jour chez La Financière.
Les REER, qui donnent droit à des déductions fiscales, les CELI, sans impact sur ses impôts, les CELIAPP, à la fois sources de déductions et transférables dans des REER après 15 ans, ainsi que les REEE, subventionnés et eux aussi transférables, sont selon l’experte d’excellents véhicules pour épargner.
« Tout le monde n’a pas la même tolérance aux risques, surtout avec la volatilité des bourses actuellement, explique-t-elle. Mon dernier conseil est donc le suivant : diversifiez votre portefeuille pour que vos investissements bénéficient d’un bon rendement, tout en leur assurant une certaine sécurité. »