La course aux stages à flanc de montagne

Kerwin Myler
2010-02-02 08:30:00
À l'époque où je faisais ma maîtrise à l'UQAM, fraîchement débarqué de Terre-Neuve à Montréal, j'ai décroché un emploi de téléphoniste au ''Montreal General Hospital''. J'assurais la permanence téléphonique pour tout l'hôpital, de minuit jusqu'à tôt le matin.
C'est là, ayant élu domicile juste à coté de l’Hôpital avenue Cédar, que j'ai été initié aux plaisirs du Mont-Royal pour la première fois. Très rapidement j'ai compris deux choses:
Premièrement, construire l'hôpital à flanc de montagne était probablement au départ, disons, un projet un peu élitiste. Pourquoi obliger des malades à grimper là-haut? N'y avait-il pas un endroit plus pratique où s'installer? Mais peu importe, l'hôpital est une bénédiction pour la ville.
Deuxièmement, j'ai compris que l'emplacement était en soit un coup de génie: vu la quantité de gens qui font des chutes l'hiver en gravissant Côte-des-neiges, on ne manque jamais de travail aux urgences. Il s'agit carrément d'un projet de création d'emploi. Hélas, ce n'est pas le travail qui manque aux hôpitaux aujourd'hui.
Oui, j'étais très occupé la nuit comme téléphoniste et c'était génial de pouvoir jouer un rôle, même mineur, au sein d'une équipe formidable.
Partir bien entraîné
Rue Peel, à la Faculté de droit de McGill, j'ai à nouveau l'impression de faire partie d'une équipe géniale, celle constituée des quelque cent-cinquante étudiants de ma cohorte, ainsi que des profs et des employés de soutien qui forment des équipes hors pair pour veiller sur nous.
C’est pourtant à la montagne, qui est toujours là, que je veux dédier cette première chronique.
Je m’explique, car c’est peut-être le secret le mieux gardé de la Faculté de droit de McGill. Pas la montagne en soi, mais l'avantage qu'elle nous confère.
Littéralement, elle nous donne une longueur d'avance sur nos confrères des autres facultés, un « leg up » comme on dit en anglais, à cette période de l'année où l'expression course aux stages semble être sur toutes les lèvres.
Là je ne parle pas de la réputation de McGill, qui est excellente et bien méritée évidemment. Je parle plutôt de la rue Peel que l'on doit monter à pied une, deux, trois voire quatre fois par jour pour assister aux cours. Arrivés en haut, on a souvent la langue à terre.
Mais il est clair qu'au moment où le coup de départ de la course aux stages se fera entendre, ce sera un départ canon pour nous grâce à nos entraînements quotidiens à flanc de montagne.
On parle de l'effet Ben Johnson, sans stéroïdes.
Attention quand même : descendre la rue Peel peut s'avérer avantageux. Souvenez-vous de cette légende urbaine de l'étudiant qui a perdu l’équilibre sur les trottoirs glacés devant la Faculté de droit pour se retrouver la face au sol aux pieds d'un groupe de partenaires d'un grand cabinet du centre-ville...
Comme quoi la course aux stages, c'est passionnant, mais ce n'est pas le seul sentier qui mène au succès professionnel!
