Comment instaurer la confiance et le dialogue en médiation familiale?
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Sonia Semere
2025-02-18 14:15:42
Trouver un terrain d’entente au sein d’une famille en conflit n’est pas une tâche facile… Droit-inc a sollicité les conseils d’un pro!
Comment aborder sereinement une médiation familiale? Si cette démarche permet de gagner du temps et de réduire les coûts, elle met aussi en lumière les tensions et les conflits familiaux.
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Me Patrick Chalut, cofondateur du cabinet St-Amour Chalut, peut en témoigner. Médiateur familial depuis quelques années, il raconte à Droit-inc comment gérer au mieux une médiation.
Son mantra? Toujours aller dans le détail. Et pour cause, « moins il y a de zones grises, moins il y a de risques de chicanes potentielles ».
Le risque c’est que les choses soient mal comprises et mal interprétées et c'est là que la guerre éclate, l’idée c’est d’être le plus spécifique possible, assure-t-il.
Mais alors, quels conseils donnerait-il pour qu’une médiation se déroule dans de bonnes conditions?
Selon lui, le premier critère fondamental, c’est l'écoute. Il faut être capable de cerner quelle est la problématique et quels sont les différents enjeux.
Cela implique d’être bien outillé, de bien savoir ce qui peut être fait dans telles circonstances et d'avoir les bonnes propositions à soumettre aux parties.
Secundo? Être capable de faire équipe avec les participants en obtenant leur confiance.
« Ils étalent leur vie et leurs problèmes devant nous, il faut être capable d'aller chercher cette confiance-là et leur faire comprendre qu'on est là uniquement pour les aider.
Et puis…un brin de patience. « Il y en a pour qui la médiation ça peut prendre deux, trois rencontres avant que ça débouche ou que ça débloque quelque chose, ils vont avoir beaucoup de points à évoquer», souligne le médiateur.
Dans un contexte de médiation familiale, les parties peuvent étaler leurs problèmes intimes, ce qui peut déstabiliser le médiateur lorsqu’il démarre dans sa pratique… Alors, comment faire face à ce type de situations?
Selon Me Chalut, il faut très rapidement être capable de cerner s’il y a des inégalités ou une certaine prise de pouvoir par l'une des deux parties.
Dans ces circonstances, il faut conseiller les parties d'aller consulter tout de même un avocat indépendant en même temps que la médiation pour ne pas qu'ils acceptent ou refusent quelque chose qui ne serait pas suffisamment viable pour eux.
L’aspect psychologique
Des dossiers marquants, le médiateur en a vu sur son chemin. Il garde notamment en tête un dossier où il n'était pas possible pour les deux parties de se parler ou même de se regarder.
« Même si les deux étaient dans la même pièce, je devais répéter intégralement ce que l'autre venait de dire à l'autre personne pour qu'elle puisse me répondre ».
L’aspect psychologique prend définitivement une place importante dans son travail quotidien. Celui-ci nous assure qu’au fur et à mesure des années, il parvient à mieux cerner les réactions et les sentiments des parties.
C'est là qu'on voit que l’aspect psychologique a autant d'importance que le droit parce qu'on a à gérer des personnalités qui sont totalement différentes, rappelle Me Chalut.
« C'est correct aussi de les laisser un peu se vider de leurs émotions parce que c'est dans un cadre qui est plus sain et qui est contrôlé, ce qui n'est pas nécessairement le cas à la maison », finit-il par conclure.