Course aux stages: les plus d’un cabinet de taille moyenne
Camille Dufétel
2023-11-29 15:00:00
Il s’agit de Bernard & Brassard, Avocats d’affaires, fondé il y a une cinquantaine d’années.
Me Mallette, associé-directeur et responsable du groupe Litige et résolution de conflits, explique que le cabinet n’a pas toujours eu de stagiaires. C’est le cas depuis environ trois ans. Le cabinet a participé une première fois à la Course aux stages en 2023, et renouvellera l’expérience début 2024.
« Il faut le dire, ça prend du temps, de former un stagiaire, de l’accompagner, pointe Me Mallette. Ce n’est pas juste de lui donner des photocopies ou des recherches à faire! Si on lui demande de préparer quelque chose, il faut le corriger avec lui et lui expliquer où sont les erreurs et comment s’améliorer. »
Mais il ajoute que le fait « d’avoir amené des jeunes dans le bureau », ces dernières années, a vraiment apporté un souffle de renouveau au cabinet.
« On s’est dit que participer à la Course aux stages et avoir des stagiaires chaque année serait une bonne chose, d’une part pour recruter du talent, et d’autre part pour maintenir le dynamisme, parce qu’on est un bureau très jeune et c’est ce qui nous différencie », souligne l’associé-directeur de 45 ans.
Pratiquer rapidement
Me Dafoe, Barreau 2020, avocate spécialisée en litige et résolution de conflits, a effectué pour sa part son stage du Barreau au sein du cabinet avant d’y travailler comme avocate. Elle dit avoir vraiment apprécié son stage parce que celui-ci lui a notamment permis de travailler rapidement sur des dossiers.
« Je connaissais quelqu’un qui avait fait affaire avec le bureau et qui m’avait donné de bons commentaires, précise-t-elle. Je me suis renseignée pour savoir s’ils cherchaient des stagiaires. J’ai appliqué, j’ai eu une entrevue et rapidement, je suis tombée en amour avec l’équipe. Tout le monde était tellement dynamique! J’ai trouvé ça vraiment intéressant comme approche d’avoir une plus petite équipe. Je voulais pratiquer rapidement en sortant de l’école. »
Outre le litige commercial, le cabinet est multidisciplinaire. Il propose des services également en droit corporatif, en droit du travail, en marques de commerce, en droit matrimonial…
Rotation
Aussi, les stagiaires œuvrant au sein de ce cabinet font une rotation systématique dans les départements, pour pouvoir toucher à tout et réaliser dans quoi ils souhaitent se spécialiser.
« On propose différentes choses, parfois, je me plais à dire qu’un avocat qui fait du corpo et qui n’a jamais mis sa toge, et puis moi, c’est comme un pompier et un policier, remarque Me Mallette. Même si on a la même formation, dans la pratique, c’est très différent. »
Aussi, pour Me Dafoe, qui s’affaire en partie au recrutement, reçoit les CV et passe les premières entrevues, il n’est pas nécessaire de savoir déjà dans quel domaine on souhaite se spécialiser quand on envoie sa candidature au cabinet dans le cadre de la Course.
Pour sa part, elle pensait vouloir faire du droit corporatif. Elle est finalement avocate en litige depuis trois ans et dit adorer ça. « On ne cherche pas quelqu’un qui sait déjà, on veut l’aider à se découvrir et à s'assurer qu’il y a une bonne formation derrière ça aussi », affirme-t-elle.
Proximité
De nombreux étudiants en droit font le choix d’envoyer leur candidature à de très gros cabinets à l’occasion de la Course aux stages. Quels sont les avantages de considérer également un cabinet de plus petite taille?
Me Dafoe dit avoir déjà participé à la Course aux stages en 2e année de droit, à McGill. « À l’époque, c’était vraiment juste les gros bureaux qui étaient mis de l’avant, pointe-t-elle. Je trouvais que ça manquait un peu de diversité dans le type de cabinets. Je n’étais peut-être pas assez informée, mais j’avais l’impression qu’il n’y avait pas d’autre choix que d’aller dans un grand cabinet, et ça me rejoignait moins. »
Elle dit avoir décroché des entrevues et être allée rencontrer des cabinets. « Je trouvais l’ambiance plus froide et au niveau des tâches à faire, je trouvais que c’était un peu long avant de faire des procès, des interrogatoires… Ç'aurait été bien à l’époque qu’on puisse connaître les plus petits cabinets, qu’on sache que c’était aussi une option, de ne pas juste aller dans grand un bureau ou de travailler pour le gouvernement. »
Me Mallette explique qu’il n’y a pas un choix « mieux ou moins bien », entre les grands et les petits cabinets, mais que « c’est juste très différent ». Il souligne toutefois l’avantage d’une proximité plus importante avec son maître de stage et les autres professionnels, dans un cabinet plus petit.
Il estime que la formation se fait plus rapidement grâce à cette proximité. L’autre différence est selon lui que les gros cabinets sont faits « sur un modèle de performance », avec des objectifs d’heures facturables très élevés, ce qui fait en sorte que « tu peux moins te permettre d’avoir du non-facturable », de la formation.
L’approche de formation est pour lui plus personnalisée et humaine dans un plus petit cabinet, ce qui permet aux professionnels « d’être lancés beaucoup plus rapidement dans la mêlée », avec du travail « intéressant et challengeant » assez rapidement dans sa pratique.
En ce qui concerne la taille du cabinet, l’associé précise que Bernard & Brassard, qui a son propre ADN et un style très particulier, souhaite d’ailleurs prendre de l’expansion, idéalement un jeune professionnel à la fois.
La stratégie d’expansion du cabinet n’est pas nécessairement d’acquérir de petits cabinets de sept à huit professionnels, car pour l’associé-directeur, le « fit » avec tout le monde est plus difficile dans ce cas de figure.
Quant au nombre de stagiaires qui seront accueillis au sein du cabinet à la suite de la Course aux stages 2024, Me Mallette dit y aller au « wow ».
« On n’est évidemment pas en mesure de prendre dix stagiaires, assure-t-il. C’est au moins un, mais c’est évident qu’on ne se limitera pas si on a des coups de cœur. L’idée, en ce moment, c’est de trouver de bons candidats, et quand on a de bons candidats, c’est plus facile à intégrer à l’équipe ».
Comment se démarquer?
Alors, comment faire en sorte de se démarquer face à l’équipe de Bernard & Brassard pour espérer y décrocher un stage?
« C’est certain qu’à la base, on veut des personnes qui ont de l’entregent, qui sont sociables et capables de se mêler au groupe, détaille Me Mallette. On fait beaucoup d’activités à l’interne. Je n’ai jamais été orienté sur le bulletin, c’est vraiment plus sur la personnalité, sur quelqu’un qui a un certain leadership, de la débrouillardise, surtout dans le domaine où nous travaillons, Sarah et moi, car parfois, c’est de la survie. »
Me Dafoe pense qu’il est ainsi important de faire ressortir sa personnalité dans sa lettre, de faire mention de ses passions, de ses passe-temps…
« Soyez originaux! », lance Me Mallette. « On a une opportunité différente à vous offrir »!