Le «design thinking» va chambouler les avocats
éric Martel
2018-11-23 13:15:00
Cet enjeu touche particulièrement la communauté juridique, compte tenu de la complexité de plusieurs notions difficiles à vulgariser. Le design thinking s’inscrit donc dans la volonté de simplifier le langage dans le domaine.
« Lors de mon divorce, j’ai dû me rendre quatre fois au greffe, car je ne comprenais pas les instructions. Si un professeur en design ne parvient pas à comprendre des procédures juridiques du premier coup, le problème touche clairement plusieurs personnes », raconte Éric Kavanagh.
Le professeur a expliqué à Droit-Inc les notions de base du design thinking et sa nécessité dans le monde du droit.
Qu’est-ce que le design thinking?
Ce docteur en linguistique avoue qu’il passe énormément de temps à expliquer que le design n’est pas une question d’art et d’esthétique.
« C’est plutôt une question de processus, une manière de penser dans laquelle on prend en considération les capacités cognitives de l’humain et ses valeurs. »
Tout designer possède des méthodes de travail qu’il adapte selon le champ de pratique dans lequel il s’exerce.
Dans une perspective de design thinking, il faut prendre en considération les capacités de compréhension de l’être humain. Que ce soit pour le redesign d’une facture ou bien d’un document juridique important, tout doit être effectué afin d’assurer sa pleine compréhension.
« Les designers que je forme ont de quatre à six années d’Université. Ce n’est pas une expertise que l’on remplace avec une consultation d’un fin de semaine. »
Cela ne veut tout de même pas dire que vous ne pouvez pas intégrer quelques notions de design thinking à votre pratique…
Pourquoi s’y intéresser?
Clarifier le langage est l’intention de plusieurs institutions de droit importantes. Ce n’est qu’un début, rappelle le professeur Kavanagh.
« Le design thinking va plus loin que ça. On repense complètement les communications. On vient modifier l’écosystème dans lequel on travaille. »
Cette philosophie peut vous permettre d’améliorer vos processus au quotidien et la compréhension des documents utilisés par les membres de votre équipe ainsi que vos clients.
Quelles sont ses applications concrètes?
Dans un cabinet, le design thinking s'attellera à la simplification de toutes vos communications écrites ou numériques.
« La priorité demeure la communication entre les spécialistes et le grand public. Les gens sont apeurés par leur incompréhension du système juridique. S’ils pouvaient comprendre les documents qu’on leur donne, ça serait déjà un début. »
Remettez en question toutes vos communications effectuées au client. Êtes-vous certains que ceux-ci vous comprennent pleinement? Que vos communications sont accessibles?
Éric Kavanagh rappelle que la modestie est l’une des clefs du design thinking.
« Quand on devient expert de quelque chose, on ne voit plus en quoi c’est compliqué pour monsieur et madame tout le monde. C’est un énorme danger dans le monde du droit. »
Comment l’intégrer à sa pratique?
Il faut savoir qu’adopter le design thinking est un défi de taille.
« Tout commence par un wake-up call : vous devez vous demander dans quel état sont vos communications. Il est fréquent de voir certaines entreprises surévaluer leurs capacités en communication ou ne s’être tout simplement jamais regardées dans le miroir. »
Questionnez le plus grand échantillon de clients à votre portée quant à la qualité de vos communications. Gardez une bonne attitude : lorsque vous communiquez, la chose la plus importante est que votre public vous comprenne, même si vous croyez que vos efforts sont déjà suffisants.
« Il est impossible de faire de grands changements si on ne s’attaque pas à sa chaîne de production. Il faut impliquer tous les gens de l’organisation : ce n’est pas une décision qui s’effectue d’en haut sans le support de tous. »
Si vous ne comptez pas sur des experts en design thinking à l’interne, n’hésitez pas à faire appel à des experts d’organisations spécialisés en la matière.
Avocat
il y a 6 ansUne autre idée qui va révolutionner la pratique... encore!