Carrière et Formation

Une avocate québécoise dans le Harvard Business Review

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Sonia Semere

2024-08-02 15:00:58

Joanne Desjardins. Source : LinkedIn
Joanne Desjardins. Source : LinkedIn
Grâce à son expertise en gouvernance et responsabilité sociale, une avocate québécoise a eu l'opportunité de publier un article dans le Harvard Business Review. Rencontre.

Joanne Desjardins, avocate québécoise passée notamment par le cabinet Norton Rose, peut ajouter dans son CV une publication dans le prestigieux Harvard Business Review France. Rien que ça.

Co-écrit avec Lionel Garreau, maître de conférence à l’Université Paris-Dauphine, celle-ci s’intéresse dans cet article à l’engagement politique des entreprises.

Il faut dire que l’avocate québécoise a fait des questions de gouvernance et de responsabilité sociale, ses domaines de prédilection.

Véritable passionnée, Joanne Desjardins suit même actuellement un PhD exécutif à Paris-Dauphine PSL en gouvernance et responsabilité sociétale des entreprises.

L’activisme corporatif

C’est d’ailleurs dans le cadre de son doctorat sur l’activisme corporatif qu’elle a eu l’opportunité de publier dans le Harvard Business Review.

L’objectif? Résumer les différentes façons dont les entreprises s'engagent aujourd’hui dans le champ politique et amener certains éclairages pour connaître leur légitimité.

À Droit-inc, Joanne Desjardins confie que les entreprises sont, de plus en plus, poussées par les parties prenantes à prendre position publiquement sur les enjeux sociétaux.

« Les entreprises sont de plus en plus sollicitées à s'aventurer dans une zone qui est parfois marécageuse face à des enjeux controversés ».

D’après la doctorante, les entreprises se sont souvent cachées derrière le rideau de la neutralité pour notamment éviter de nuire à leur réputation. Cette période s’avérerait désormais révolue.

« Dans certains pays, on voit vraiment une pression forte. La marmite collective est en ébullition, notamment en France ou aux États-Unis », assure-t-elle.

Une tendance qui semble se percevoir au Canada également. On remarque une propension beaucoup plus grande des parties prenantes à exiger des dirigeants d'entreprises de s'exprimer publiquement et de prendre part aux débats sociétaux.

Mais alors, comment expliquer ce changement? Pourquoi réclame-t-on aux entreprises de prendre davantage position?

Un déficit de confiance envers les élus

Les États semblent ne plus avoir le monopole de la solution concernant la résolution des enjeux sociétaux.

Depuis ces dernières années, on note ainsi un déficit de confiance des citoyens envers le milieu politique.

Une étude de l'OCDE a montré que plus de 40 % des citoyens n’avaient pas confiance envers leurs élus.

Face à leur inaction, les citoyens se retournent désormais vers les entreprises et leur demandent d'agir.

C’est dans ce contexte que Joanne Desjardins a développé ces dernières années une expertise spécifique en gouvernance.

Elle accompagne ainsi les dirigeants d'entreprises et les conseils d'administration.

Selon elle, les entreprises québécoises s’adaptent doucement, mais sûrement à ces changements.

« J'ai rencontré quelques dirigeants d'entreprises, et je remarque qu’ici, il y a une tendance à se réfugier derrière le sofa confortable de la neutralité ».

Une neutralité qui se perçoit tout particulièrement face à des sujets controversés.

« Lorsque la guerre en Ukraine est arrivée, beaucoup d'organisations ont été sollicitées par exemple par leurs employés pour prendre position sur le sujet. De façon générale, ce sujet-là n'était pas très controversé puisqu’il allait de soi dans l'opinion publique qu'il fallait appuyer l'Ukraine ».

Une situation qui ne s’applique pas au conflit israélo-palestinien. Plusieurs entreprises ont été sollicitées pour intervenir seulement là, il s’agit d’un sujet beaucoup plus controversé.

Quid des années à venir?

Dans les années à venir, la polarisation de la société fera en sorte que les entreprises vont être prises dans un étau où elles n’auront d'autre choix que de s'exprimer.

À ce moment-là, un accompagnement par des experts sur ces questions s’avérera essentiel.

De nombreuses questions se poseront alors : Comment on intervient? Sur quel sujet on intervient? De quelle façon va-t-on le faire? Et comment doit-on se structurer à l'interne pour développer des stratégies?

Une passion pour la politique

Et si l’engagement de la part de Joanne Desjardins pour les enjeux sociétaux est si fort aujourd’hui, il faut remonter à l’enfance pour mieux le comprendre.

Celle qui vient d’un milieu ouvrier avait, à l’origine, entamé des études de droit pour faire carrière… en politique.

Puis, au fil de ses études, son intérêt pour la politique s'est finalement dissipé. Animée par les questions juridiques, elle a commencé sa riche carrière chez Norton Rose puis a occupé le poste de directrice-associée chez KPMG.

Et aujourd’hui? On peut dire que la doctorante est sur tous les fronts.

Celle-ci guide notamment l’ordre des CPA du Québec dans la mise en œuvre de saines pratiques de gouvernance et est formatrice experte en gouvernance au Collège des administrateurs de sociétés de l’Université Laval.

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