Avocats solo, attention aux clients à problèmes!
Emilie Therrien
2013-10-07 13:15:00
Vous avez demandé une bonne avance d’honoraires lors de votre première rencontre, mais vous avez depuis dépassé de loin ce montant et votre dernière facture n’a pas été payée.
Vous appelez votre client, qui vous dit toujours qu’il va payer cette semaine, mais les jours passent et votre niveau d’angoisse augmente. Par souci déontologique, vous continuez d’agir dans le dossier, car certaines choses doivent être faites et cela brimerait les droits de votre client…
Pour éviter ce genre de situation, n’hésitez pas à demander dès le départ une bonne avance d’honoraires, quitte à rembourser le client après que le dossier soit terminé. Cela démontrera son sérieux et vous vous éviterez un stress inutile.
Il est évidemment difficile d’évaluer une avance d’honoraires qui pourrait suffire. Une autre solution serait alors de demander une nouvelle avance dès que vous sentez que le client prend trop de temps avant de payer. Assurez-vous alors de prévoir un tel droit dans votre convention d’honoraires.
Le client fraudeur (fait vécu)
Vous recevez un courriel d’une personne vivant à l’étranger désirant intenter des procédures contre une personne vivant à Montréal en vertu d’un contrat de prêt impayé.
Vous lui envoyez une convention d’honoraires à être signée et retournée avec une avance assez importante, question de vous assurer de son sérieux. Le temps passe, puis vous recevez par la poste votre convention d’honoraires ainsi que le chèque d’avance d’honoraires.
Vous êtes fébrile : un beau mandat et un beau chèque! Or, le chèque provient de Municipal Credit Union Bank de… New York et il a été posté en Ontario.
Intrigué, vous « googlez » le nom du client et tombez sur le texte suivant : « Business debt collection scam by Micheal Alghun ». De la fraude!
Puis, vous recevez un courriel de ce cher client qui vous demande de confirmer le dépôt du chèque. Évidemment, NE DÉPOSEZ PAS LE CHÈQUE, il s’agit d’un faux!
Si vous aviez déposé ce chèque et confirmé le tout au client, il vous aurait demandé de le rembourser le plus rapidement possible par virement bancaire, tout en vous laissant un certain montant pour vous remercier de vos brefs services.
Vous auriez effectué ledit virement à partir de votre compte en fidéicommis et quelques jours plus tard, vous auriez appris de votre banque que le chèque new-yorkais est faux. Votre banque aurait repris son argent dans votre compte et votre client fraudeur aurait retrouvé son argent à même les avances de vos autres clients…
Pire, vous ne pourriez pas être défendu par votre assurance responsabilité-professionnelle, car c’est l’avocat qui est victime de la fraude!
Morale de cette histoire : toujours faire plus qu’il n’en faut en termes de vérification de vos clients, surtout lorsque vous ne les avez jamais rencontrés personnellement et attendre que tout chèque déposé dans votre compte en fidéicommis soit compensé par votre banque. Cela peut prendre quelques jours, mais ces quelques jours sauveront votre carrière!
Le client prêt à tout
Vous avez intenté des procédures pour votre client et celui-ci est très fâché de la tournure des événements, malgré que vous l’ayez averti de ce qui pourrait se passer.
Il vous demande de déposer plusieurs procédures qui n’ont aucune chance d’aboutir, et ce dans le seul but d’épuiser la partie adverse… Votre petite voix déontologique vous interpelle, mais elle est tout de suite « challengée » par la petite voix avare de facturer encore plus d’honoraires.
N’écoutez pas cette dernière. Votre réputation vaut son pesant d’or et n’hésitez pas à imposer vos limites, quitte à perdre le mandat. Votre crédibilité et votre dossier déontologique seront saufs.
Et vous, quels sont vos trucs pour éviter des clients « indésirables »?