Droit du travail et de l’emploi 2024

Les champions du Droit du travail

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Leïla Jolin-dahel

2024-09-23 15:00:42

Me Claude Gravel, Me Sophie Cloutier, Karine Fournier et Alexandre Ardizzon.
Me Claude Gravel, Me Sophie Cloutier, Karine Fournier et Alexandre Ardizzon.
Le domaine du droit du travail et de l’emploi au Québec a le vent dans les voiles. Mais quels cabinets dominent le secteur? Voici le 1er volet de notre dossier spécial!


En août dernier, on retrouvait plus de 2100 avocats en droit du travail et de l’emploi sur près de 30 000 membres du Barreau du Québec.

Nous sommes allés trouver plusieurs praticiens pour connaître leur vision concernant les défis et les mutations que connaît leur champ de pratique, qui évolue rapidement.

Choc des générations, dématérialisation du lieu de travail, accès à l’information, nouvelle loi visant à prévenir et à combattre le harcèlement psychologique et la violence à caractère sexuel en milieu de travail adoptée en mars dernier au Québec…, nul doute que ça bouge dans le domaine

« Le droit du travail et de l’emploi est en pleine effervescence et ce pour au moins les 15 prochaines années», croit Me Claude Gravel, PDG de Gravel2. Son cabinet pratique exclusivement en droit du travail et de l’emploi et compte une dizaine d’avocats au service des employeurs.

Si la crise de la COVID-19 a mis plusieurs industries sur pause, elle a forcé les avocats à se retrousser les manches, observe de son côté Me Sophie Cloutier, associée chez Poudrier Bradet.

« En droit du travail, tous les cabinets vont vous dire que tout le monde a été très occupé pendant la pandémie, parce qu’il s’est posé plein de questions », résume-t-elle. Elle cite en exemple les mises à pied, les règles sanitaires et de vaccination et l’encadrement du télétravail.

Les cabinets pour employeurs plus populaires

Avec celui de Melançon Marceau Grenier Cohen, Poudrier Bradet est l’un des rares se concentrant exclusivement sur les questions des employés et compte plus de 20 avocats, selon son site web.

Les avocats représentant les intérêts des employeurs sont effectivement beaucoup plus nombreux que ceux défendant les employés.

« Maintenant, tous les grands cabinets font du droit du travail. Vous allez avoir beaucoup plus de facilité à trouver ceux qui en font du côté patronal que l’inverse », résume Me Cloutier.

On y trouve d’ailleurs de gros joueurs, comme Fasken, qui, avec une soixantaine d’avocats juste au Québec, est le grand champion pour représenter les employeurs. Une vingtaine de ses praticiens se sont d’ailleurs illustrés dans le dernier palmarès Best Lawyers 2025.

Cette liste prestigieuse, parue en août, met également d’autres avocats québécois en droit du travail à l’honneur, dont de nombreux issus des grands cabinets nationaux et provinciaux.

Outre Fasken, plusieurs grands cabinets, tant nationaux que régionaux, se sont bâti de belles équipes en droit du travail et de l’emploi, signe qui démontre la vigueur du secteur. Citons notamment Cain Lamarre (44 d'avocats), Norton Rose Fulbright (33 avocats), et Langlois (33 avocats) (Voir graphique).

Quelles spécialités sont en vedette au sein de ces grands cabinets ? Chez Fasken, les avocats se concentrent notamment sur l’accréditation syndicale, la négociation de conventions collectives, la gestion des litiges et la gestion-conseil client, la prévention des accidents et des litiges, les avantages sociaux et les régimes de retraite, de même que la question de l’équité salariale.

Les membres de ce cabinet épaulent, tout comme d’autres dans cette sphère, divers employeurs face à des plaintes qu’émettent des salariés devant la Commission des normes, de l'équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST). Ils s’occupent également de la gestion des cadres, de la rédaction de contrat de début ou de fin d’emploi ou encore de politiques d’entreprises.

La place des cabinets spécialisés et boutique

Si la majorité des grands cabinets disposent d'avocats en droit du travail, on retrouve également plusieurs cabinets spécialisés sur ces enjeux. C’est notamment le cas de Le Corre & Associés, Loranger Marcoux. Tremblay Parent Avocats & Avocates inc., Morissette Avocates, et plusieurs autres.

Certains cabinets ont également de plus petites équipes spécialisées. C’est le cas de Bessette, qui propose des services dans plusieurs sphères du droit, et qui compte cinq avocats œuvrant principalement dans le domaine en représentant surtout des employeurs, de même que quelques salariés de niveau cadre supérieur. Ses membres se spécialisent en relations de travail. Et ce, notamment dans les arbitrages de griefs, de dossiers de congédiement ou de harcèlement psychologique au travail, en indemnités de fin d’emploi, en dossiers en matière de non-concurrence et de non-sollicitation.

Il s’occupe également des cas de congédiements abusifs, à la fois devant les tribunaux spécialisés, mais aussi la Cour du Québec et les autres tribunaux judiciaires. Bessette Avocats ne traite que très peu de cas concernant les accidents de travail et les maladies professionnelles.

De son côté, Me Gravel constate que les modèles de pourparlers changent au rythme des évolutions sociales. Exit, les longues négociations. Selon l’avocat d’expérience, les clients cherchent davantage des solutions dont les effets bénéfiques sont tangibles à court terme.

Me Fournier observe au contraire que les négociations dans le cadre de conflits de travail et de conventions collectives durent plus longtemps que par le passé. « Elles nécessitent souvent l’intervention du ministère du Travail comme conciliateur pour aider les parties à s’entendre », dit-elle.

Une pratique modifiée

Me Cloutier, également chargée de cours en droit de l’Université Laval, indique que même si notre société évolue rapidement, et donc que « même si les enjeux ne sont pas les mêmes, on va toujours avoir du travail ».

Elle illustre d’ailleurs cette réalité chaque semaine à ses élèves en leur montrant un exemple qui a fait l’objet d’une couverture médiatique. Grève ferroviaire, grève du Front commun, accidents de travail entraînant un décès, « le droit du travail est vraiment un sujet qui touche beaucoup des enjeux de société importants dans l’actualité », souligne l’avocate.

Le secteur du droit du travail et de l’emploi au Québec a connu des bouleversements depuis la pandémie. Et ce, notamment en ce qui a trait à la pénurie de main-d’œuvre, les hausses succinctes des taux d’intérêt par la Banque du Canada et la forte inflation minant le pouvoir d’achat des salariés. Une « recette parfaite » qui a fait augmenter le nombre de conflits au cours des dernières années, croit Karine Fournier, co-cheffe de groupe du droit du travail et de l'emploi et du droit à la personne chez Fasken.

Hausse du nombre de licenciements, ralentissement économique... Plusieurs facteurs orientent d’ailleurs de façon croissante la pratique des avocats vers la prévention des litiges en amont et vers la négociation des règlements à l’amiable, remarque Alexandre Ardizzon, associé chez Bessette Avocats inc. « Les clients cherchent de plus en plus des solutions adaptées à leurs besoins, efficaces et pragmatiques », observe-t-il.

Chose sûre, le domaine sera également façonné par les nombreuses transformations qui attendent le monde du travail. « Les nouveaux modèles d’affaires [notamment avec l’essor de l’intelligence artificielle et du télétravail, NDLR] vont faire en sorte que ça va créer des défis sur plusieurs questions », croit Me Cloutier.

Sources des graphiques: Cabinets, sites web des cabinets, Barreau du Québec; choix éditorial de la rédaction

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