Le secret d’une belle carrière

“L’enfer, c’est les autres”, a dit un jour le philosophe Jean-Paul Sartre, voulant ainsi nous rappeler combien les rapports humains peuvent être douloureux lorsqu’ils sont cruels et tordus.

Mais on peut tout aussi bien dire que le bonheur, c’est les autres, et c’est justement ce que viennent de nous rappeler les résultats d’une des plus longues études jamais menée.

Depuis les années 1930, des chercheurs de l’Université Harvard se sont relayés pour mener à bien l’Étude Grant, qui a consisté à suivre, lors du déroulement de toute leur vie, quelques 260 jeunes hommes qui s’étaient inscrits à l’université à l’époque. L’objectif poursuivi par l’étude était des plus simples, soit découvrir quels sont les facteurs les plus importants de l'épanouissement des hommes.

Il va sans dire que ces jeunes hommes, au fil des années, ont fait de très nombreuses expériences: mariage, guerre, difficultés économiques, perte d’emploi, divorce, alcoolisme, deuil, tous les malheurs donc qui affligent nos existences et, en prime, quelques autres moins fréquents.

L’étude cherchait à découvrir, au-delà des difficultés qui sont le lot de toutes les vies, les causes de leur épanouissement chez ceux qui rapportaient malgré tout se sentir heureux.

La liste des facteurs pris en considération par l’étude est si longue qu’elle fait parfois sourire. En plus du QI et de plusieurs traits de personnalité, l’étude a mesuré des caractéristiques physiques, telles que la largeur des épaules et la taille du scrotum.

Après 72 ans, les résultats finaux viennent d’être publiés dans un volume, Triumphs of Experience, par le psychiatre George Vaillant, qui a mené l’étude au cours des trente dernières années.

Or, d’après Vaillant, un résultat de cette étude phénoménale surplombe tous les autres. Les hommes qui se considèrent les plus épanouis sont ceux qui ont bénéficié de relations humaines harmonieuses et ont su les maintenir tout au long de leur existence, particulièrement avec leurs parents et leurs conjointes.

En quoi cela concerne-t-il la carrière, me direz-vous ? Bien, selon l’étude, ces mêmes hommes, au pic de leur carrière, gagnaient en moyenne 141 000$ de plus par an que les autres participants (rappelons qu’il s’agit de diplômés de Harvard).

Les belles carrières, et plusieurs d’entre nous le savent sans souvent le dire, ne sont pas faites de belles promotions ou de grandes réalisations accomplies de façon régulière. Ceux d’entre nous qui ont les carrières les plus réussies sont ceux qui savent d’abord entretenir des relations chaleureuses et satisfaisantes, une habileté qu’ils ont d’abord apprise enfant dans le cadre familial et ont maintenue par la suite dans leurs propres relations intimes.

Selon les résultats de l’Étude Grant, il semble que les autres éléments associés à une carrière réussie (ressources, influence, progression, etc.) suivent ensuite d’emblée, comme les métaux attirés à un aimant.

Mais que faire alors ?

Malheureusement, certains d’entre nous n’ont pas bénéficié de relations harmonieuses et chaleureuses alors qu’ils étaient enfants. Que faire alors pour améliorer notre vie et notre carrière?

1. Sachez qui vous êtes. Nous avons tous été forgés dans le creuset de notre enfance. Qui nous sommes est donc le résultat de la façon dont nous avons été traités enfant. Il nous faut tous découvrir comment l’adulte que nous sommes est le résultat de l’enfant que nous étions. Certains voudront l’aide d’un professionnel pour faire cette découverte.

2. Donnez la priorité aux relations humaines. Apprenez à vous intéresser aux gens qui vous entourent. Votre carrière s’en portera mieux!

3. Identifiez et comblez vos besoins affectifs. Trop d’entre nous cherchent à escamoter des besoins non comblés par l’activité et le travail. C’est une des grandes causes de l’épuisement professionnel.

4. Visez une belle carrière plutôt qu’une «grosse» carrière!