La Presse

Ces avocats qui donnent

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Rene Lewandowski

2008-12-19 10:30:00

C'est bientôt Noël, mais la plupart des avocats n'attendent pas la période des Fêtes pour donner du temps. Chez BLG, on donne toute l'année. Ça fait du bien et c'est bon pour les affaires!
Joyeux Noël! Comme d'habitude, Alexander L. De Zordo passera le congé des Fêtes en famille. Mais cette année, entre la dinde, la visite chez la parenté et la remise des cadeaux aux enfants, cet avocat du bureau montréalais de Borden Ladner Gervais (BLG) a prévu de s'éclipser quelques heures au bureau.

"J'ai un interrogatoire le 18 janvier, faut que je me prépare", explique l'associé de 42 ans, spécialiste en litige et fraude commerciale.

Depuis avril 2008, il boulonne sur un dossier qui lui tient tellement à coeur qu'il a du mal à décrocher. Avec son collègue Guy Pratte, aussi de BLG, il a décidé de défendre les intérêts de Réjean Hinse, cet homme condamné en 1963 pour un vol qu'il n'a pas commis et qui a passé cinq ans derrière les barreaux. En 1997, la Cour suprême du Canada l'a innocenté; il réclame depuis 8 millions de dollars aux procureurs provincial et fédéral.

Maître De Zordo n'est pas le premier juriste à ramener du boulot à la maison. Ce qui surprend, c'est que, depuis plus de six mois, il alloue près de 20 heures par semaine à ce dossier qui ne lui rapporte pas un sou. Il le fait gratos, en formule pro bono.

Pro bono est une expression d'origine latine qui veut dire "pour le bien public". Dans le milieu juridique, elle signifie que les avocats doivent consacrer une partie de leur temps à fournir des services juridiques à des personnes défavorisées. Gratuitement.

La formule est très populaire dans le monde anglo-saxon, notamment aux États-Unis et dans le reste du Canada. Moins au Québec, où la culture du don n'est pas aussi développée. Tout cela va changer en janvier 2009 avec la création du Centre Pro Bono Québec.

Cet organisme à but non lucratif approuvé en septembre par le Barreau du Québec regroupe 14 grands cabinets (voir tableau) ayant une place d'affaires au Québec. Ensemble, ils ont créé une banque de 10 000 heures gratuites, disponibles à des gens qui autrement n'auraient pas les moyens d'accéder à la justice.

"C'est notre façon à nous, les avocats, de redonner à la communauté", explique Alexander De Zordo.

Pro Bono Québec permettra de mieux coordonner ce genre d'activités. En regroupant, d'une part, toutes les demandes du public à un seul endroit, et, d'autre part, toutes les offres des avocats pour effectuer des activités pro bono.

Le cas BLG

Chez BLG, on fait du pro bono depuis un petit bout de temps. En novembre 2004, on a même créé un comité spécial, composé de huit avocats, pour mieux encadrer le tout. Actuellement, le bureau de Montréal donne environ 1000 heures par année en pro bono, mais Maître De Zordo, le président du comité, aimerait qu'entre 1 et 3% des heures facturées par le bureau soient distribuées en pro bono dès l'an prochain, ce qui représenterait entre 2000 et 6000 heures par année.

Pour atteindre l'objectif, BLG s'est ligué à divers organismes. Par exemple, le cabinet vient de s'associer au programme Les Petites créances Pro Bono de l'Association du Jeune Barreau de Montréal (AJBM). L'AJBM donne depuis quelques années un service de consultations juridiques offert gratuitement aux citoyens appelés à présenter une cause devant la Cour du Québec, division petites créances. Or, à partir de janvier 2009, tous les avocats salariés de BLG, membres de l'AJBM, participeront à ce programme et offriront chacun cinq consultations (d'une durée de 20 minutes chacune) au cours de l'année.

Au printemps, BLG s'est aussi associé avec la Fondation pour la promotion de la pédiatrie sociale ainsi qu'avec son fondateur, le Dr Gilles Julien. Les avocats du bureau montréalais offrent donc des services juridiques pro bono aux enfants traités dans les centres de pédiatrie sociale fondés par le Dr Julien. Depuis le début de ce partenariat, une douzaine de cas ont été traités juridiquement.

Coup de marketing tout ça? À vrai dire, un peu, dit Alexander De Zordo, pour expliquer sa participation et celle de son cabinet à ce type d'activités. Il souligne qu'il est toujours bon de faire connaître sa profession et de faire rayonner le cabinet et les avocats. De plus, c'est bien vu par les clients ayant les mêmes valeurs, et qui aiment bien voir leurs professionnels participés à des activités communautaires. Dans le fond, faire du pro bono, "c'est bon pour les affaires", dit-il.

Cela dit, il précise que pour la plupart, les avocats comme lui font avant tout du pro bono par sens du devoir et pour faire avancer la justice.

"Ça apporte une dimension humaine à ma pratique, ça me valorise beaucoup", dit l'avocate Emmanuelle Rolland, 28 ans, pour expliquer sa participation dans les activités pro bono de BLG.

Depuis 2004, cette spécialiste en recours collectifs consacre de 5 à 10 heures par semaine à ce bénévolat juridique. C'est elle qui coordonne entre autres les dossiers pro bono en provenance de la clinique du Dr Julien et qui les relaye aux bons avocats.

Ce printemps, elle une collègue ont ainsi défendu les parents d'un petit garçon de 8 ans, victime d'un accident dans la cour d'école, où il a eu une jambe brisée. Jugeant que la gardienne, l'infirmière, le professeur et le directeur avaient agi maladroitement, les parents désiraient envoyer leur enfant dans une autre école, mais se heurtaient à la bureaucratie des commissions scolaires et n'avaient pas les moyens les moyens de se payer un avocat.

Grâce au partenariat entre le Dr Julien et BLG, une avocate d'expérience a envoyé une mise en demeure et a négocié avec l'école et la commission scolaire. Le petit garçon a obtenu justice: il est depuis septembre dans une nouvelle école...


LES 14 CABINETS DE PRO BONO QUÉBEC

- BCF

- Borden Ladner Gervais

- Fraser Milner Casgrain

- Gowling Lafleur Henderson

- Heenan Blaikie

- Lavery de Billy

- Lapointe Rosenstein

- McCarthy Tétrault

- McMillan Binch Mendelsohn

- Miller Thomson Pouliot

- Ogilvy Renault

- Osler, Hoskin&Harcourt

- Robinson Sheppard Shapiro

- Stikeman Elliott
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11 commentaires
  1. Anonyme
    Anonyme
    il y a 15 ans
    SVP
    Pour l'amour du ciel. Je le demande poliement... arrêter de faire comme si les bureaux Montréalais tel que BLG sont des SAINTS parcequ'ils donnent.
    SOyons honnête... oui ils sont gentils et tout et tout. mais ils font sa avant tout par la buisness.. et c'est normal, mais arrêter de déformer la réalité

    • Anonyme
      Anonyme
      il y a 15 ans
      Re : SVP
      > Pour l'amour du ciel. Je le demande poliement... arrêter de faire comme si les bureaux Montréalais tel que BLG sont des SAINTS parcequ'ils donnent.
      > SOyons honnête... oui ils sont gentils et tout et tout. mais ils font sa avant tout par la buisness.. et c'est normal, mais arrêter de déformer la réalité

      Euhhhhhh.....vous avez lu l'article jusqu'à la fin? L'avocat de BLG dit textuellement que faire du pro bono, c'est bon pour les affaires.

    • Anonyme
      Anonyme
      il y a 15 ans
      Re : Re : SVP
      Le fait de le mentionner n'excuse pas l'odieux de la chose, cher confrère.

    • Anonyme
      Anonyme
      il y a 15 ans
      Re : Re : Re : SVP
      > Le fait de le mentionner n'excuse pas l'odieux de la chose, cher confrère.

      Quelle est alors ta solution cher confrère? Que les GRANDS cabinets cessent de donner des heures PARCE QUE selon toi, ces heures gratuites sont mal intentionnées? Je crois que peu importe ce qui se cache derrière ces belles intentions, le résultat est que plusieurs personnes qui ne pourraient se le permettre en bénéficient. Point à la ligne.

    • Anonyme
      Anonyme
      il y a 15 ans
      Re : SVP
      > Pour l'amour du ciel. Je le demande poliement... arrêter de faire comme si les bureaux Montréalais tel que BLG sont des SAINTS parcequ'ils donnent.
      > SOyons honnête... oui ils sont gentils et tout et tout. mais ils font sa avant tout par la buisness.. et c'est normal, mais arrêter de déformer la réalité

      Avec égards et sans toucher au fond de votre intervention, je pense qu'avant de faire de tels commentaires, vous devriez peut-être apprendre à écrire convenablement. Sinon, les tribunes téléphoniques seraient peut-être plus indiquées pour vous...

    • Anonyme
      Anonyme
      il y a 15 ans
      le pro bono aux 'tits bureaux!
      > Le fait de le mentionner n'excuse pas l'odieux de la chose, cher confrère.

      Tu as tout à fait raison: tous les grands bureaux devraient cesser l'acte odieux de donner. Celui-ci devrait être réservé aux petits et moyens bureaux qui ont un nombre d'heures facturables plus faibles. En plus, ça rehausserait leur estime de soi et leur éviterait d'écrire de telles stupidités.

    • Anonyme
      Anonyme
      il y a 15 ans
      Bruno
      Ce tu et à toi est du plus mauvais effet.

  2. Anonyme
    Anonyme
    il y a 15 ans
    Quelle bonne nouvelle
    Bravo! Si tous étaient aussi généreux...

  3. Anonyme
    Anonyme
    il y a 15 ans
    MARKETING
    C'est comme ça qu'on appelle ça.

  4. Anonyme
    Anonyme
    il y a 15 ans
    SVP apprenez à lire
    Je n'ai jamais mentionné qu'ils devaient arrêter de donner... tout ce que je demande c'est que Monsieur L. qui signe ces articles arrête de les prendre comme des saints et des héros tel mère thérésa

    • Anonyme
      Anonyme
      il y a 15 ans
      Re : SVP apprenez à lire
      > Je n'ai jamais mentionné qu'ils devaient arrêter de donner... tout ce que je demande c'est que Monsieur L. qui signe ces articles arrête de les prendre comme des saints et des héros tel mère thérésa

      Euh, vraiment pas d'accord avec vous, avec tout mon respect. Il n'y a rien de complaisant dans cet article. Le journaliste ne fait que relater des faits en racontant une histoire. Il n'émet aucune d'opinion, ni bonne, ni mauvaise. Et il pose LA bonne question: Est-ce du marketing après tout? Question à laquelle l'avocat De Zordo a d'ailleurs courageusement répondu.

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