L’humanité du droit selon une avocate
Sophie Ginoux
2021-03-12 11:15:00
Stéphanie Massé, sociétaire au bureau de Montréal de Miller Thomson, travaille sur des dossiers d’envergure touchant le domaine assurantiel. Mais elle aime aussi prendre du Nescafé en compagnie de Me Fadi Amine, associé dans le même bureau.
« Avec deux cuillères de sucre », précise son collègue en riant.
L’histoire ne dit pas si l’avocate aime autant le Sticky toffee pudding, un dessert typiquement anglais qu’elle a pu découvrir lors de son détachement professionnel à Londres, il y a de cela quelques années.
Les Lloyds’, une expérience marquante
Me Massé sait par contre que la jeune avocate spécialisée en litige qu’elle était a vécu, à titre de mandataire de son bureau dans les syndicats des Lloyds’, une expérience qui a profondément changé sa perspective sur ses dossiers.
« Ça n’a pas de prix, de travailler à la source auprès d’un si important client, confie-t-elle. Mon approche en est ressortie grandie. Depuis mon retour de Londres, il y a deux ans, j’essaie toujours de trouver la solution la plus efficace en fonction de toutes les considérations d’affaires que je connais maintenant. Un peu comme si je faisais partie de cette équipe. »
L’opinion juridique dans le domaine assurantiel
Cette expérience londonienne explique aussi que Me Stéphanie Massé encadre désormais moins de litiges au sens strict du terme, qu’elle n’émet d’opinions pour des clients assureurs qui doivent s’assurer de l’applicabilité de polices dans des situations spécifiques avec des assurés. « Ce qui arrive fréquemment, puisque les règles du Québec sont différentes de partout ailleurs! », ajoute-t-elle, le sourire aux lèvres.
Les clients de Me Massé évoluent dans tous les secteurs d’activité (construction, santé, droit, etc.), mais ils ont pour particularité d’être des syndicats réunissant plusieurs assureurs et d’encadrer des projets à hauts risques. Des défis d’envergure pour l’avocate, mais qui font aussi d’elle une précieuse ressource au sein de Miller Thomson.
« Stéphanie est une alliée inestimable pour mes propres dossiers, confirme Me Amine. Je l’appelle régulièrement pour lui demander conseil. Et je sais que si on travaille sur une cause majeure ensemble, tout ira bien parce qu’elle maîtrise encore mieux le sujet que moi. »
Des relations humaines autant que professionnelles
Qu’est-ce qui motive le plus Me Stéphanie Massé dans son travail? « Je pense que c’est de développer des relations étroites et à long terme avec mes clients comme avec mes collègues. Ce lien plus direct, c’est ce qui me plaît le plus dans ma carrière. »
Une carrière que l’avocate a d’ailleurs entièrement réalisée au sein du cabinet Miller Thomson à la suite de son stage sur place, ce qui lui a permis de tisser des liens avec ses collègues, dont certains sont devenus des amis.
« Mon credo, c’est d’établir un lien de confiance avec tout le monde. De s’entraider entre avocates avec nos vécus respectifs, de manière informelle. Je m’implique aussi auprès des stagiaires et des jeunes avocats du bureau, car cela peut être intimidant de rentrer et de faire ses preuves dans un grand bureau comme le nôtre. »
Ce sens de l’écoute et du dialogue souvent associé aux femmes, Me Amine l’apprécie plus que quiconque : « Ce sont deux femmes qui m’ont embauché. C’est aussi avec des femmes que je forme des équipes symbiotiques au travail. Je constate les défis auxquels elles font face de manière quotidienne, et je salue leur force. »
Me Massé considère son rôle tant dans sa dimension humaine que professionnelle : « Je vois cela comme une chaîne de formation de la relève. Il faut s’investir personnellement pour s’assurer que les futurs membres de l’équipe partagent les valeurs du bureau. Et les appuyer pour qu’ils prennent confiance en eux. »
La maladie mentale chez les avocats
Stéphanie Massé n’en a jamais souffert, mais elle voit souvent des professionnels de son entourage au bout du rouleau ou près du burnout.
« Nous sommes exposés à beaucoup de stress dans notre métier, ce qui explique cette situation, explique-t-elle. C’est encore un sujet tabou dans le milieu, la plupart des avocats souffrant de maladie mentale n’osant pas en parler par peur des conséquences. Mais il faut mettre en place des moyens et des pratiques pour éviter que des personnes en arrivent à ce stade-là. »
Me Massé s’est déjà impliquée en ce sens au sein de l’organisme Let’s Bond, et elle aimerait intégrer à l’avenir des groupes du Barreau ou, carrément, en créer un en y associant tous les grands cabinets montréalais pour poser des actions concrètes.
Mais pour l’heure, l’avocate serre dans ses bras sa petite Juliette de quatre mois et compte bien lui prouver que tout est possible à qui s’en donne la chance, homme comme femme. « Je veux lui montrer qu’on peut avoir une belle carrière sans oublier sa famille et ses valeurs humaines », dit-elle.
On la croit sans peine...
Série
À l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, Droit-Inc vous propose ces deux prochaines semaines une série de portraits d’avocates passionnées qui ont su conjuguer leur pratique avec leur vie de femme et leurs convictions personnelles.