Des postes de juge ouverts dans les grands centres pour siéger dans le Nord

Radio-Canada Et Cbc
2024-10-09 13:15:11

Des juges de Montréal, de Laval et de Québec pourraient dorénavant siéger de façon régulière à la Cour itinérante du Nunavik, un mandat traditionnellement occupé par des magistrats de l’Abitibi-Témiscamingue.
Plusieurs postes de juge à la Cour du Québec sont présentement affichés, « dont un poste pour lequel la personne siégera à la Chambre criminelle et pénale, à la Chambre de la jeunesse et, subsidiairement, à la Chambre civile avec résidence à Laval ou dans le voisinage immédiat. La personne siégera exclusivement à la Cour itinérante dans la région de coordination Abitibi-Témiscamingue–Eeyou Istchee–Nunavik », peut-on lire dans l’avis de sélection publié par le ministère de la Justice.
Selon le Barreau du Québec, cette situation est attribuable à l’annulation d’un concours pour trouver un nouveau juge à Val-d’Or.
« Ce concours-là aurait fait l'objet de trois annulations et le statu quo n’était pas une option. Il faut comprendre que lorsqu’un concours traîne depuis plusieurs mois, ça veut dire qu'il n’y a pas de juge de nommé, il n’y a pas de salles de cour ouvertes, ça veut dire que les délais se prolongent. Ça veut dire que l’accès à la justice pour les citoyens est compromis », explique Me Catherine Claveau, bâtonnière du Québec, qui admet quand même que l’idéal aurait été de nommer un juge de l’Abitibi-Témiscamingue.
« Entre deux maux, on choisit le moindre », indique Me Claveau, qui espère que la nomination de ce nouveau juge permettra de réduire les délais dans le Nord-du-Québec, où une crise sévit.
Quatre autres postes situés à Montréal, à Laval et à Québec comprennent aussi dans la description de tâches l'obligation de siéger occasionnellement dans le Grand Nord.
En chronique à l’émission Des matins en or, l’ancien bâtonnier de l’Abitibi-Témiscamingue, l’avocat à la retraite Me Marc Lemay, s’est dit inquiet de ce précédent.
« Il y a cinq juges qui vont être ailleurs mais qui vont servir la Cour itinérante. Ça m’inquiète : qu’est-ce qui est en train de se passer? J’aimerais ça avoir des réponses. On manque de personnel, on n’est pas capables d’en attirer », s'est-il désolé.
Ce manque de main-d’œuvre inquiète aussi le Barreau du Québec, qui a mis un groupe de travail sur pied.
« Il y a une problématique un peu systémique de manque d’avocats, de relève et aussi de personnel judiciaire, et ça, c’est un problème qui préoccupe tout le monde », conclut Me Catherine Claveau.