Nouvelles

Jean Charest nie avoir reçu un chèque de la part d'un lobbyiste

Main image

Agence Qmi

2014-01-29 15:45:00

Un entrepreneur aurait remis à un lobbyiste un «beau chèque» pour l'ex-premier ministre libéral a révélé une écoute électronique entendue à la commission Charbonneau en décembre dernier…
Jean Charest a nié catégoriquement avoir reçu un chèque de la part d'un lobbyiste
Jean Charest a nié catégoriquement avoir reçu un chèque de la part d'un lobbyiste
Jean Charest a toutefois nié catégoriquement avoir reçu un chèque de la part d'un lobbyiste, comme le laisse croire un échange téléphonique rendu public mercredi à la commission Charbonneau.

Cette information se trouve dans deux conversations troublantes entre Dave Gagnon, le patron d'AAER – une entreprise oeuvrant dans l'industrie éolienne – et l'homme d'affaires Louis-Pierre Lafortune, qui a investi 200 000 $ dans cette compagnie.

Frappés d'une ordonnance de non-publication lors de sa divulgation, ces échanges captés en novembre 2008 par la Sûreté du Québec ont finalement été dévoilés mercredi.

Dans l'écoute, MM. Gagnon et Lafortune discutent de la visite d'un lobbyiste et ancien organisateur politique, chez AAER. L'interdit de publication nous empêche de révéler l'identité de ce lobbyiste.

«Il (le lobbyiste) vient de partir. Je viens de lui donner un beau chèque pour M. Charest», lance Dave Gagnon à son interlocuteur. «Il était très impressionné par ce qu'il a vu ici aujourd'hui (…) on s'est mis d'accord pis on part officiel ensemble», poursuit-il.

«D'après moi, ça va être un bon. Moi, il est bon pour moi», lui répond Louis-Pierre Lafortune. «Il va être ben bon, excellent même», se réjouit M. Gagnon.

D'après les documents déposés devant la commission, le chèque en question s'élevait à 3000 $, soit le montant maximal autorisé par le directeur général des élections du Québec.

Six jours plus tard, les deux hommes se sont rappelés. Le président d'AAER venait tout juste de parler au lobbyiste. «Il a donné mon enveloppe à Jean Charest, mon bonhomme», dit-il alors à M. Lafortune, ex-VP chez Grues Guay.

D'après le témoignage de ce dernier, M. Gagnon souhaitait que sa compagnie d'éoliennes obtienne des contrats sur le territoire québécois. Lafortune lui aurait alors présenté ce lobbyiste, réputé pour ses nombreux contacts, tant sur le plan de la politique municipale que provinciale.

Allégations farfelues selon Charest

Joint au cabinet d'avocats où il travaille, McCarthy Tétrault, l'ex-premier ministre a refusé de répondre aux questions du «Journal de Montréal», déléguant plutôt un collègue pour s'adresser aux médias.

«Ce sont des allégations gratuites et non fondées. M. Charest n'a pas l'intention de se rabaisser à commenter cela», a indiqué Grégory Larroque, qui affirme «travailler étroitement» avec l'ex-premier ministre.

«Pour nous, ces allégations ne passent pas le filtre de la crédibilité. Dans son témoignage, M. Lafortune a lui-même dit que la personne qui avait fait cette affirmation était un beau parleur qui exagérait l'importance de ses contacts politiques et qui faisait du «name dropping»», a souligné M. Larroque.

«De plus, à l'époque, M. Charest était en pleine campagne électorale et sillonnait le Québec dans un autobus. Tout cela est complètement farfelu», a-t-il ajouté.

Un lobbyiste influent?

M. Lafortune a d'ailleurs fait lui-même affaire avec ce lobbyiste pour développer Grues Guay, a-t-il expliqué à la commission. Il lui aurait versé 40 000 $ au total dans l'espoir de décrocher des contrats. M. Lafortune aurait aussi présenté le lobbyiste à plusieurs entrepreneurs en maçonnerie de la région de Montréal.

«Il servait à faire des interventions auprès du premier ministre, autant pour des entrepreneurs en maçonnerie qu'en éoliennes», a fini par résumer le procureur de la commission Paul Crépeau.

«C'est ce qu'il prétendait, a simplement répondu le témoin. C'était quelqu'un d'assez fort pour demander des contributions, mais pourquoi il l'a fait, j'en sais rien».

Rendez-vous privés avec deux anciens ministres libéraux

Par ailleurs, d'autres conversations téléphoniques enregistrées au printemps 2008 ont révélé que Louis-Pierre Lafortune a obtenu un rendez-vous privé avec l'ex-ministre libéral Jean-Marc Fournier pour régler plus rapidement ses problèmes avec Revenu Québec.

À l'époque, le témoin cherchait des contacts bien placés pour faire avancer son dossier avec le fisc. Serge Marcil, vice-président au développement des affaires pour la firme d'ingénierie Groupe SM, lui a alors conseillé de participer à un cocktail de financement qu'il organisait pour l'ex-ministre libéral du Revenu, Jean-Marc Fournier.

«Si tu pouvais me trouver quelqu'un qui a du pouvoir, avec qui je pourrais m'asseoir pis on pourrait régler ça», lui avait préalablement demandé M. Lafortune. «Jean-Marc, le ministre, il organise un cocktail à Montréal, ça te tente de venir? Au 1000 de la Commune dans le Vieux, c'est à 500 $. Je t'apporte un billet», lui a immédiatement proposé M. Marcil.

Lors du cocktail, M. Lafortune a admis avoir «sûrement parlé de son problème» de taxes avec M. Fournier. Et comme l'ex-ministre libéral de l'Environnement, Claude Béchard, était également présent, le témoin en a aussi profité pour faire la promotion des éoliennes d'AAER.

Ses brèves discussions auraient instantanément porté leurs fruits, puisque plusieurs écoutes électroniques ont révélé que Louis-Pierre Lafortune a obtenu un rendez-vous privé avec chacun des deux ministres, à la suite du cocktail.

«J'ai un rendez-vous privé avec Béchard, le gars des ressources naturelles. Il m'invite à son bureau. Je voulais lui parler des éoliennes, de notre contenu québécois», a en effet confié le témoin au président d'AAER, Dave Gagnon, au téléphone.

L'attaché politique de M. Fournier a par ailleurs contacté directement M. Lafortune afin de préparer sa rencontre avec le ministre, fixée au 26 mai. M. Lafortune lui indique clairement qu'il veut lui parler d'un dossier personnel, et le cabinet du ministre en prend note.

Selon le témoin, aucune de ces deux rencontres n'a finalement eu lieu. Son avocat, Me Paul Ryan, lui aurait déconseillé «d'aller crier son problème sur tous les toits».

«Je n'ai jamais eu ces rendez-vous et le problème (de taxes) ne s'est jamais réglé (…). On m'a recommandé de laisser aller le cours des choses (…) que ça n'était pas la bonne méthode à utiliser», a-t-il assuré.

Serge Marcil est aujourd'hui décédé.
2087
Publier un nouveau commentaire
Annuler
Remarque

Votre commentaire doit être approuvé par un modérateur avant d’être affiché.

NETiquette sur les commentaires

Les commentaires sont les bienvenus sur le site. Ils sont validés par la Rédaction avant d’être publiés et exclus s’ils présentent un caractère injurieux, raciste ou diffamatoire. Si malgré cette politique de modération, un commentaire publié sur le site vous dérange, prenez immédiatement contact par courriel (info@droit-inc.com) avec la Rédaction. Si votre demande apparait légitime, le commentaire sera retiré sur le champ. Vous pouvez également utiliser l’espace dédié aux commentaires pour publier, dans les mêmes conditions de validation, un droit de réponse.

Bien à vous,

La Rédaction de Droit-inc.com

PLUS

Articles similaires