La famille de Daphné Huard-Boudreault poursuit la police de Richelieu
Radio -Canada
2023-05-31 11:15:00
Dans un communiqué transmis lundi par Me Virginie Dufresne-Lemire et Me Imane Melab du cabinet Arsenault Dufresne Wee, qui représentent cette famille, les plaignants affirment que les policiers sont, le 22 mars 2017, intervenus à deux reprises auprès de la jeune femme et de son ex-conjoint, dans un contexte de violence conjugale postséparation.
Au dire de la famille de la victime, « les agents de police directement impliqués ont notamment minimisé la gravité du comportement de son ex-conjoint et ont omis de prendre en compte de nombreux éléments afin d’évaluer le niveau de dangerosité de la situation, entre autres le fait que Daphné faisait face à du harcèlement marqué de la part de son ex-conjoint dans les heures précédant son assassinat ».
Toujours selon la famille, la Régie aurait ainsi commis une faute « en exigeant que des menaces ou des blessures physiques constatées sur la victime soient nécessaires pour enclencher l'application des directives internes en matière de violence conjugale ».
La victime a été tuée lorsqu'elle s'est rendue dans l'appartement de son ex-conjoint pour récupérer des effets personnels. Une agente s'était proposée pour l'accompagner, mais elle n'était pas arrivée au moment du meurtre.
La poursuite est intentée par le père, la mère, la belle-mère et la sœur de Daphné Huard-Boudreault devant la Cour supérieure. Ils réclament des dommages-intérêts totalisant plus d'un million de dollars.
« Il y a eu tellement de souffrance qu’une indemnisation semble logique, mais il n’y a rien qui va ramener Daphné », a souligné Me Virginie Dufresne-Lemire, l’une des avocates de la famille, au micro de l'émission Le 15-18. « Il y a une envie de défaire les stéréotypes (entourant la violence conjugale). (...) Ce n’est pas une question de vengeance, mais il y a eu des fautes graves de la part des policiers. »
Comparution en déontologie
L'an dernier, cinq ans après les faits, deux policiers avaient comparu devant leur comité disciplinaire.
L'agente Brigitte Légaré et le sergent Martin Fiset ont ainsi dû s'expliquer à la demande du père de la victime, qui leur reprochait leur négligence.
Aucune accusation criminelle n'a cependant été déposée contre les deux policiers, une possibilité écartée par le Directeur des poursuites criminelles et pénales en 2019.
Quant à l'assassin de Daphné Huard-Boudreault, Anthony Pratte-Lops, il a plaidé coupable d'une accusation de meurtre non prémédité, en mai 2019, et a été condamné à la prison à vie sans possibilité de libération conditionnelle avant 18 ans.
La Régie intermunicipale de police Richelieu-Saint-Laurent a refusé tout commentaire, affirmant que le dossier est actuellement devant les tribunaux.