Les deux avocates de Marc-André Grenon visées par des plaintes disciplinaires Nouvelles
Radio-canada Et Cbc
2024-12-11 10:15:13
Une vidéo controversée place deux criminalistes au cœur d’une tempête déontologique…
Les avocates Vanessa Pharand et Karine Poliquin, celles qui ont défendu le meurtrier Marc-André Grenon, font chacune face à une plainte disciplinaire de la part du syndic du Barreau du Québec.
Radio-Canada a appris que les criminalistes se font reprocher d’avoir posé un acte dérogatoire à l’honneur de la profession en vertu du Code de déontologie des avocats.
Les détails des plaintes retenues ainsi que l’identité du plaignant demeurent confidentiels pour le moment.
Le Barreau refuse de divulguer les faits qui sont reprochés aux deux avocates et de confirmer que les plaintes ont un lien avec une vidéo promotionnelle diffusée il y a quelques mois.
Vanessa Pharand et Karine Poliquin ont fait la manchette en février dernier à la suite d’une vidéo publiée sur le compte Instagram d’une des avocates dans la même période que le procès pour meurtre de leur client Marc-André Grenon. Il a finalement été condamné pour le meurtre et l’agression sexuelle de Guylaine Potvin à Jonquière en 2000.
Le montage, composé d’extraits de bulletins de nouvelles, montrait les deux avocates circulant dans le palais de justice de Chicoutimi dans le but de faire la promotion des toges et des rabats que portent les criminalistes.
La vidéo était accompagnée d’une trame sonore : la chanson Gangsta’s Paradise de Coolio.
Certaines paroles de cette chanson traitent d’un gangster qui marche dans l'ombre de la mort.
Il est aussi question du monde de la rue où il faut surveiller ses arrières à défaut de finir encerclé par de la craie, tel que les contours d’un cadavre au sol sur une scène de crime.
La publication Instagram mentionnait également plusieurs mots-clics, dont #htgwm, how to get away with murder ou comment échapper à la justice après avoir commis un meurtre.
Pour de nombreux membres du Barreau, cette vidéo démontrait un grand manque de sensibilité à l’égard du public et de la famille de la victime.
«C’est complètement inapproprié. On envoie le message que les avocats de défense sont insensibles au malheur humain. Ça jette un discrédit sur la profession», déplorait le criminaliste Jean-Marc Fradette, en entrevue au mois de février dernier.
La vidéo a depuis été retirée et le compte Instagram de Vanessa Pharand a basculé en mode privé.
Malgré plusieurs tentatives pour les joindre, ni Me Pharand, ni Me Poliquin n’ont rappelé pour commenter les démarches disciplinaires qui les concernent actuellement.
Déontologie et médias sociaux
«Avec la montée des réseaux sociaux, la préservation de la confiance à l’endroit de la profession est une priorité pour tous les ordres professionnels du droit au Canada», soutient le professeur spécialisé en déontologie à la Faculté de droit de l’Université McGill, Jakub Adamski.
À son avis, le Barreau du Québec a le devoir d’envoyer un signal clair lorsque des membres adoptent des comportements inappropriés sur les réseaux sociaux.
Le juge en chef du Canada, Richard Wagner, est lui-même allé d’une mise en garde aux juges dans la mise à jour des Principes de déontologie judiciaire en 2021.
L’activité des juges dans les médias sociaux ne devrait pas avoir pour effet d’affaiblir la confiance du public à l’endroit de la magistrature, peut-on lire.
Selon le Code de déontologie des avocats du Québec, l’avocat contribue à préserver l’honneur, la dignité et la réputation de sa profession et à maintenir le lien de confiance du public envers celle-ci.
Les communications publiques de photos ou de vidéos de la part des avocats sont autorisées dans les médias, sur Internet, sur des blogues ou des réseaux sociaux, dans le respect du Code de déontologie, peut-on lire dans le document légal.
Suite des procédures
Vanessa Pharand et Karine Poliquin seront appelées, au cours des prochains mois, à comparaître devant un comité disciplinaire du Barreau pour prendre position sur les plaintes à leur endroit.
Si elles sont reconnues coupables des infractions reprochées, les criminalistes s’exposent à des sanctions qui peuvent aller de la réprimande, à une amende de 2500 $ à 62 500 $, à la révocation de permis ou même à la radiation temporaire ou permanente.
Vanessa Pharand est membre du Barreau depuis 2019 et Karine Poliquin, depuis 2004.
Enfin
il y a 2 joursEnfin, il était temps que le bureau du Syndic sévisse auprès de nos avocates sur Tik Tok.