Québec veut former 144 constables spéciaux de plus
Radio-canada Et Cbc
2024-01-19 12:00:33
Afin d’assurer plus de sécurité dans les palais, Québec affirme vouloir former davantage de constables spéciaux…
Dans une rare sortie commune, des associations d’avocats, tant de la défense que des procureurs aux poursuites criminelles et pénales et de l’aide juridique, cosignent une lettre avec les syndicats des fonctionnaires et des constables spéciaux pour réclamer plus de sécurité dans les palais de justice de la province. Le ministre de la Sécurité publique, François Bonnardel, répond en annonçant sa volonté de former 144 constables spéciaux.
Les différents syndicats et associations avaient justement fait parvenir leur missive au premier ministre François Legault ainsi qu’aux ministres de la Justice et de la Sécurité publique.
La sortie des avocats et des employés fait suite à l'agression armée survenue au palais de justice de Longueuil la semaine dernière, où un interprète a été poignardé par un homme qui a ensuite été accusé de tentative de meurtre.
« C’est une demande qu’on fait depuis de nombreuses années. Malheureusement, il a fallu les événements de la semaine dernière pour que ça revienne dans l’actualité. On se fait dire que ça coûte trop cher et qu’il n’arrive rien, mais là, il est arrivé quelque chose », se désole Guillaume Michaud, président de l’Association des procureurs aux poursuites criminelles et pénales, en entrevue à l’émission Première heure.
Certaines de ces associations ont fait valoir leur argument dans les jours suivant l’attaque à Longueuil. Le ministre de la Sécurité publique, François Bonnardel, avait alors décrit l’événement comme un « acte isolé », soutenant que « les palais de justice sont des lieux sécuritaires ».
Or, la même semaine, au palais de justice de Québec, un individu au passé violent a été arrêté en possession d'un couteau.
Guillaume Michaud souligne que des mesures de sécurité renforcées sont déjà en place dans au moins un palais de justice, celui de Montréal. « On a réussi à le faire à Montréal. Il y a plusieurs entrées. On a bloqué certaines entrées qui sont seulement permises pour les employés, donc je pense que la raison principale, c’est le coût et la volonté politique de le faire.»
Selon lui, il est difficile de se sentir en sécurité dans un lieu de travail aussi névralgique. « C’est la place au Québec où il y a le plus de criminels, alors oui, ça inquiète les gens lorsqu’on travaille. On se demande toujours ce que la personne a dans son sac », relate-t-il.
Davantage de constables
Les signataires proposaient quelques solutions, dont celle de doter les palais de justice d’un nombre suffisant de constables spéciaux, car certains comptent seulement sur des agents de sécurité.
Le ministre François Bonnardel admet qu'il en manque 110 à l'échelle du Québec pour pouvoir tous les 456 postes. Il s'est entendu avec l'École nationale de police du Québec (ENPQ) pour ouvrir quatre cohortes de formation de 36 personnes dès le mois de mars, ce qui pourrait permettre d'en former 144 de plus.
Dans le passé, il n'y avait qu'une cohorte, mais depuis 2023, deux cohortes sont formées. Le nombre devait être le même pour 2024, mais le ministère préfère en ajouter deux pour un total de quatre.
La formation des constables spéciaux dure 10 semaines. La première des quatre cohortes doit commencer en mars 2024, et la dernière, en janvier 2025.
Équilibre entre accès et sécurité
Le président de l’Association des procureurs aux poursuites criminelles et pénales demande également que des fouilles soient faites aux entrées des bâtiments. « Le minimum, ça serait qu’il y ait des arches de sécurité, mais il y a effectivement d’autres mesures qui devraient être mises en place pour la protection des gens qui travaillent dans les palais de justice, notamment des stationnements sécurisés », ajoute-t-il.
L’accès public aux palais de justice et aux débats judiciaires demeure un précepte de base du système de justice canadien. L'ajout de mesures de sécurité pourrait soulever des inquiétudes à cet égard. « Je ne pense pas qu’on limite l’accès lorsqu’on fouille une personne. Les gens se rendent à La Ronde et au Centre Bell même si on les fouille », rétorque Guillaume Michaud.
Le cabinet du ministre de la Justice, Simon Jolin-Barrette, répond que « des travaux d’analyse sont déjà en cours afin d’ajouter des arches de sécurité dans certains palais de justice, notamment celui de Longueuil ». Ces travaux se font en collaboration avec le ministère de la Sécurité publique.