Qui est le juge Boucher, celui qui a fait libérer un accusé de meurtre?
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Martine Turenne
2017-04-07 16:30:00

Jeudi, le bachelier en droit de l’Université de Montréal en 1994, reçu au Barreau du Québec en 1995, a fait l’histoire en devenant le premier juge québécois à libérer un accusé de meurtre, invoquant l’arrêt Jordan.
Et pas n’importe quel accusé. Il s’agit d’un homme aux nombreux antécédents de violence conjugale, qui devait subir son procès pour avoir poignardé à la gorge, à de nombreuses reprises, son épouse, Anuja Baskaran. Le corps de la jeune femme, âgée dans la vingtaine, a été retrouvé sans vie, en août 2012, dans leur appartement de la rue Millien, dans le quartier Ahuntsic à Montréal.
Après 56 mois derrière les barreaux, Sivaloganathan Thanabalasingam a quitté la prison de Bordeaux, sans avoir subi de procès, libre comme l’air.
Avant de joindre le bureau du Directeur des poursuites criminelles et pénales en 2010, et après une maîtrise en droit criminel de la Osgoode Hall Law School, le juge Boucher a exercé en pratique privée de 1995 à 2010.
C’est durant sa pratique privée qu’il a représenté, lors de son appel, Francis Proulx, condamné à la prison à vie pour le meurtre de Nancy Michaud, en mai 2008 à Rivière-Ouelle.
Alexandre Boucher a été mandataire du Service des poursuites pénales du Canada de 2006 à 2009.
Il a été vice-président et membre du conseil d’administration du Conseil exécutif de l’Association des avocats de la défense de Montréal, et ancien président et membre du conseil d’administration de l’Association du Barreau canadien.
« Pas de circonstances exceptionnelles »

Le juge Alexandre Boucher a conclu qu'aucune circonstance exceptionnelle ne pouvait justifier le délai de 56 mois, et il a ordonné l'arrêt des procédures. Son jugement a été rendu de façon orale, et une version écrite est attendue dans les prochains jours. En principe, le Directeur des poursuites criminelles et pénales peut porter cette décision en appel.
Plusieurs autres accusés ont réclamé l’arrêt de leurs procédures judiciaires en invoquant l’arrêt Jordan. Certains l’ont obtenu: des Hells Angels de l’opération Vautour, l'ex-patron de la firme BCIA Luigi Corretti, des conducteurs accusés d'ivresse au volant...
Mais aucun accusé de meurtre, comme Juan Fermin Palma, qui en avait fait la demande, en vain. Reconnu coupable en décembre du meurtre non prémédité de sa conjointe Paméla Jean, Juan Fermin Palma ne pourra obtenir de libération conditionnelle avant 14 ans.