Série d’attentats contre des avocats

Emeline Magnier
2015-06-11 15:00:00

« Ma porte étant ouverte, le feu est rentré dans l’auto. Je vais vous dire que j’ai eu une seconde pour sortir de là et mon auto a flambé énormément », détaille l’avocat associé du cabinet Ratelle et Ratelle de Joliette.
« Le feu était tellement intense que si j’étais resté 10 secondes de plus, je passais dedans. Ça chauffait pas à peu près », poursuit Me Ratelle, ajoutant qu’il a eu une bonne frousse.
L’avocat qui compte 47 ans de pratique revenait de dîner au centre-ville de Joliette, vers 13 heures vendredi dernier, lorsqu’un individu circulant en voiture aurait lancé l’objet incendiaire dans sa direction.
La Sûreté du Québec ne confirme pas ces éléments, mais indique que le feu est d’origine suspecte et qu’une enquête a été ouverte.
C’est le deuxième véhicule de l’avocat à être incendié en quelques semaines. Son Chevrolet Equinoxe a aussi été vandalisé devant sa résidence. « Quelqu’un a cassé la vitre du chauffeur et a mis le feu dans le camion. La personne est revenue deux ou trois jours après pour casser toutes les vitres. Il y avait une brique dedans.»
Son fils victime
Me Luc Ratelle croit qu’il peut s’agir d’une personne qui lui en veut relativement à sa pratique d’avocat, sans dire s’il s’agit d’un client, d’un ex-client ou d’une partie adverse. Il tire cette conclusion parce que le véhicule de son fils, Me Emmanuel Préville-Ratelle, a aussi été incendié dimanche soir, dans la cour de son condo.
« Les premiers éléments laissent croire qu’il s’agit d’un incendie criminel », a fait savoir la sergente Christine Coulombe de la Sûreté du Québec.
« Il est évident qu’il y a de la pression sur moi et puis il y en a eu sur mon fils », déplore Me Luc Ratelle. C’est la première fois que l’avocat d’expérience doit faire face à une telle situation. « Où est-ce que ça va s’arrêter ? On ne sait pas », dit-il.
Me Ratelle père et fils ne sont pas les seuls avocats à avoir été victimes de ces agressions violentes. La Sûreté du Québec enquête actuellement sur une douzaine d’attentats perpétrés notamment contre trois autres avocats, le maire et un conseiller municipal.
Une vague d’attentats ?

Dans la nuit du samedi 12 septembre 2009, un cocktail Molotov a été lancé dans le salon de la résidence de Me Éric Germain qui dormait à l’étage. « « Nous avons juste eu le temps de sortir de la maison », raconte-t-il à Droit-inc.
La nuit suivante, c’est son ancien bureau qui est incendié, mais par chance l’avocat avait déménagé récemment. Et l’histoire ne s’arrête pas là: le surlendemain, c’est son véhicule qui est attaqué alors qu’il est stationné devant le Château de Joliette. « C’est une période qu’on préférerait oublier, mais ça remonte à la surface et ça vient nous chercher ma femme et moi », confesse-t-il.
Me Germain indique que le dossier d’enquête n’a pas été fermé par la Sûreté du Québec mais qu’ils n’ont plus de nouvelles depuis 2011. « Nous avons donné des noms à l’époque, mais ça n’a pas abouti. »
L’ex-maire de la ville René Laurin, qui a subi son cabanon ainsi que sa voiture incendiés en 2010, considère que tous ces événements sont liés. « Il s’agit d’une personne qui a ou a eu des litiges avec chacune (des victimes). C’est probablement le lien commun », a-t-il déclaré à La Presse.
En décembre 2010, à la sortie d’un conseil municipal, Alain Lozeau s’est fait agresser physiquement et a reçu plusieurs coups de poing avant de se faire dérober une mallette qui contenait des informations personnelles sur les conseillers de la ville.
La Sûreté du Québec refuse pour sa part d’affirmer qu’il existe un lien entre ces différents attentats.
- Avec Agence QMI