Un manifestant poursuit le SPVM pour un demi-million $

Gabriel Duchesneau prenait part à l’une des manifestations du printemps érable le 1er mai 2012 lorsqu’il aurait été battu par un groupe de policiers à l’angle de la rue McGill College et du boulevard De Maisonneuve.

Le constat des médecins est alors sans appel : triple fracture du crâne. L’étudiant à l’Université du Québec à Montréal dit souffrir depuis de pertes de mémoire et de douleurs à la tête.

Représenté par Me Marc Chétrit, M. Duchesneau a déposé une poursuite civile de 505 000 $ contre le Service de police de la Ville de Montréal.

« Les journaux avaient déjà parlé de cette histoire et le SPVM avait alors assuré qu’il mènerait une enquête. Il n’y en a jamais eu », dit Me Chétrit.

Pour lui, « l’usage de la force doit être proportionnelle à la situation » et il s’indigne face à la réponse que lui aurait donnée le SPVM : « ils nous ont dit “c’est pas nous, mais si c’était nous, on avait le droit et sûrement que la personne l’avait cherché”. C’est inacceptable. Je ne sais pas d’où le SPVM croit avoir ces droits-là ».

« Escouade pour péter des crânes »

Pour appuyer les propos de son client, l’avocat évoque un témoin oculaire de la scène, ainsi que le rapport des ambulanciers qui ont pris en charge M. Duchesneau dans les minutes qui ont suivi ce que l’avocat qualifie d’ « agression sauvage ».

« Alors que mon client était tout seul au coin d’une rue, car il venait de s’éloigner des heurts, on l’a frappé avec une matraque avant de le passer à tabac. Les agents n’ont même pas appelé les secours par la suite. Que ça tourne mal ou pas, c’est inacceptable de laisser quelqu’un blessé et à moitié assommé au sol. Même lorsqu’ils tirent sur quelqu’un, ils sont censés appeler une ambulance », poursuit l’avocat.

Me Chétrit évoque même l’existence d’une section spéciale antiémeute baptisée « section emploi de la force » au sein du SPVM à qui « on donne carte blanche pour utiliser la force ». Il va encore plus loin en qualifiant cette section d’« escouade pour péter des crânes ».

L’avocat prend la cause très à cœur. Ce n’est pas la première fois qu’il défend des victimes alléguées de violence policière. En septembre, il avait déposé sept actions collectives contre la Ville de Montréal qui ont été autorisées.

« Je trouve que la Ville prend tout ça un peu à la légère. Ce genre de situation nuit à la confiance que les citoyens peuvent avoir envers le corps policier », ajoute-t-il.

Pour lui, l’histoire de Gabriel Duchesneau illustre le constat fait par le commissaire Michel Bouchard dans son rapport récent sur les dysfonctionnements au SPVM.