Promesses d'embauche non respectées, que faire?

Question

Bonjour,

J’ai accepté un poste dans un petit cabinet et il semble que les promesses que l’on m’ait faites durant l’entretien d’embauche (salaire, avantages, charge de travail) ne correspondent pas à la réalité. Des conseils ?

Réponse

Bonjour,

Dans un premier temps, sachez que votre situation n’est pas exceptionnelle, je vois malheureusement plusieurs situations où des promesses faites lors des entrevues ne sont pas tenues. C’est particulièrement le cas dans les petites entreprises ou les petits cabinets, non pas parce qu’ils ne respectent pas leur parole mais parce que leur processus d’embauche est souvent moins structuré, moins « procédurier ». C’est normal, car un des avantages des petites structures est leur capacité à s’adapter au cas présent, à bouger rapidement, donc à se garder une flexibilité dans les processus incluant le processus d’embauche. Cette flexibilité se traduira malheureusement trop souvent par une absence d’offre d’emploi cadre préparée par des professionnels et précisant tous les éléments importants du contrat de travail. Voilà bien un autre exemple de cordonnier mal chaussé…

En l’absence d’un contrat de travail précis, il ne reste que la parole des gens présents à l’entrevue et la bonne foi de chacun pour préciser les promesses qui ont été faites. J’assume que la majorité des gens sont de bonne foi, alors j’impute souvent ces « promesses non tenues » à un malentendu sur la façon de calculer un bonus, les objectifs d’heures facturables ou tout autre sujet. Ce n’est pas parce qu’on croit qu’on s’est compris, qu’on dit la même chose.

Ce qui est primordial est de voir si l’erreur est de bonne foi. Si c’est le cas, une bonne rencontre devrait suffire à préciser les points litigieux. Si vous ne réussissez pas à régler le problème, il est probable que votre relation soit vouée à l’échec. Ceci étant dit, quitter cet emploi après si peu de temps constitue probablement le remède ultime ; si vous devez le faire, ce doit être fait de façon intelligente, pour ne pas dire stratégique. Mais avant de parler de la façon de quitter, il vaut mieux chercher une solution afin d’y rester.

Voici les problèmes les plus souvent rencontrés.

Divergences sur les aspects économiques ?

Si votre employeur ne respecte pas ses promesses au niveau salarial ou autres avantages liés à la rémunération, il m’apparait évident qu’une discussion s’impose. Bien qu’il soit naturel d’être inconfortable dans une situation dans laquelle vous vous confrontez à votre employeur, il ne faut pas hésiter à le faire lorsque ce dernier ne respecte pas un engagement clair. Vous œuvrez dans un petit cabinet alors il n'y a probablement qu’un seul associéen charge de la gestion du cabinet. Expliquez-lui la situation. Lors de l’embauche, la rémunération est habituellement établie de façon claire donc il devrait être assez facile d’exprimer la source de votre insatisfaction ; « on m’a promis tel montant mais je reçois tel montant, on m’a promis telle chose et je ne la reçois pas… »

Si votre salaire et vos avantages n’ont pas été établis de façon claire et précise, vous avez bénéficié de votre première leçon concrète en droit des obligations. Clarifier la situation peut s’avérer ardu voir impossible si la perception ou le souvenir de votre employeur est différent de ce que votre mémoire vous indique. Ce qui ne manquera certainement pas d’être le cas. Vous devrez mettre de l'eau dans votre vin et faire la moitié du chemin qui vous sépare de votre employeur. Ceci est le prix à payer pour ladite leçon. Si vous n’êtes pas prêt à faire cette concession, commencez à chercher une autre source de revenus.

Divergence sur la charge de travail ?

Ce problème est très fréquent, surtout en entreprise qu'elle soit grande ou petite, car on n’y parle pas d’heures facturables, de temps supplémentaires. Pour un cabinet, ces sujets sont habituellement abordés mais dans le cas contraire, vous ne voulez pas envoyer un message signifiant que vous n’êtes pas prêt à travailler fort. Par contre, vous n’êtes pas prêt à vous laisser exploiter… Est-ce que les objectifs d’heures facturables ont été discutés ? Est-ce que votre salaire a été établi en fonction d’objectifs précis ? Est-ce que la charge de travail actuelle est ponctuelle ou constante ? Ce ne sont là que quelques unes des questions que vous devez vous poser et éventuellement poser à votre employeur. Cependant faites-le avec plus de nuances que pour les aspects économiques, dans la mesure où cet aspect du contrat de travail est habituellement lui-même plus nuancé.

Le lien de confiance est brisé ?

Si vous avez tenté de clarifier la situation mais que votre employeur ne veut pas bouger, refuse d’y voir un problème ou, pire encore, remet toujours la rencontre aux calendes grecques... peut-être est-il préférable de le quitter.

Il est possible que votre employeur nie le problème parce qu’il croit que vous êtes de mauvaise foi auquel cas la situation est réellement vouée à l’échec à court ou moyen terme.

S’il ne veut tout simplement pas s’occuper du problème, c’est un piètre gestionnaire et vous en pâtirez tant que vous resterez chez lui. S’il sait qu’il vous a promis des avantages et le nie clairement, vous savez ce qu'il vous reste à faire...


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Sur l'auteur

Pierre Arcand s'est spécialisé en recrutement juridique après avoir pratiqué le droit pendant une douzaine d'années. Ayant été associé au sein de cabinets boutiques ainsi que d'un important cabinet de Montréal, il connaît bien la communauté juridique et les enjeux reliés à la pratique du droit tant en cabinet qu'en entreprise. Arcand et Associés, une entreprise spécialisée dans le recrutement de cadres et de professionnels, a été fondée en 1999. Pierre Arcand et son équipe apporte un soutien professionnel tant aux entreprises qu'aux cabinets qui cherchent à recruter les meilleurs candidats disponibles.