L’avocat-cinéma : quand Heenan s’invite à Hollywood
Céline Gobert
2013-06-07 17:15:00
Finalement, il est aujourd’hui à la tête des groupes de droit du Divertissement et des Technologies de l’information chez Heenan Blaikie à Montréal.
Sa pratique s’articule autour du droit du divertissement et des médias dans les industries du cinéma, de la télévision, de l’édition et du jeu vidéo. Beau programme pour ce passionné de cinéma, qui revient tout juste du Festival de Cannes.
Le temps y était mauvais, explique-t-il à Droit-Inc, mais les clients à voir n’ont pas manqué, les meetings se sont enchaînés. Tellement qu’il n’a pas eu le temps de se rendre dans une salle obscure.
« Je vais à Cannes pour monter des projets avec mes clients, essayer de trouver des co-productions pour les producteurs canadiens, rédiger les contrats avec les partenaires financiers, les distributeurs, les garants d’achèvement, les assurances, protections.»
Me Chenoy, 46 ans, multiplie les expériences à la croisée du droit et de l’art puisqu’il a agit également à titre de conseiller juridique aussi bien auprès de studios de Hollywood que de fournisseurs de contenu Internet, de producteurs indépendants ou de prêteurs canadiens, américains et britanniques.
«Travailler sur un plateau n’était pas assez stimulant pour moi et je rencontrais beaucoup d’avocats dans ce domaine, se souvient-il. J’adore ce que je fais aujourd’hui, il y a toujours des projets très intéressants.»
Chaque année, il travaille sur plus d’une cinquantaine de projets. Il obtient les mandats de clients de longue date.
« Je suis connu aux Etats-Unis. Tous les ans, je fais le voyage jusqu’à Los Angeles pour rencontrer des producteurs qui sont intéressés pour tourner à Montréal.»
Au programme des journées de l’avocat et de son équipe composée de trois autres collaborateurs : financement de productions et de projets donc, protection de la propriété intellectuelle mais également…. négociation avec les artistes.
Fier
L’année dernière, à Cannes, il rencontre ainsi toute l’équipe du film ''«On the Road»'', dont Kristen Stewart, Robert Pattinson, Viggo Mortensen.
Au cours de sa carrière, il s’est occupé des contrats de Steve Buscemi, Kristen Dunst, Donald Sutherland, Adrian Brody, Michelle Pfeiffer, Ashton Kutcher. Rien de moins ! Parfois, ils les rencontrent aux premières des films.
« Avec eux, je parle de la vie, du voyage, ils sont comme moi, explique l’avocat. Le monde du spectacle est un monde créatif, fou, c’est excitant, j’adore cela », dit le montréalais d’origine qui cite ''Zero Dark Thirty'' comme le dernier film en date l’ayant marqué.
Sa plus grande fierté cependant n’est pas de papoter avec Wim Wenders, l’un de ses réalisateurs préférés, ou de se voir offrir des bouteilles de vin et un petit mot signé de la main de Roman Coppola, le fils de Francis Ford Coppola, mais plutôt d’être impliqué sur de beaux projets.
Parmi eux, il cite le succès québécois Starbuck, le film Incendies de Denis Villeneuve, ou encore ''Visitors'', premier film sélectionné à Toronto cette année qui se jouera avec l’Orchestre Symphonique de Toronto sur une musique du compositeur Philip Glass.
La créativité de l’avocat
Me Chenoy le reconnaît : il est un avocat créatif. C’est essentiel. Mais ce n’est pas vraiment un problème pour celui qui a géré le Rialto, ancien cinéma sur l’Avenue du Parc à Montréal, ou collaboré avec le FNC (Festival du Nouveau Cinéma).
« Pour monter des projets, il faut être créatif car dans le domaine c’est très difficile de trouver des fonds, de faire des contrats. Il faut savoir aussi parfois faire le pont entre des cultures très différentes.»
Comme lorsqu’il collabore avec les Japonais sur le nouveau film du célèbre réalisateur de ''Ghost in the shell'', Mamoru Oshii. Ou avec les Chinois, encore peu habitués aux façons de faire hollywoodiennes.
Par ailleurs, cet ex chargé de cours à la Faculté de droit de l’Université McGill siège actuellement aux conseils d’administration du Festival international de films Fantasia et du Bureau du cinéma et de la télévision du Québec (BCTQ). Les dessous du cinéma, c’est son quotidien.
En ce moment, il est impliqué dans deux grosses productions tournées à Montréal : le film d’animation français Le Petit Prince pour lequel il a effectué le closing du financement à Cannes.
Comme deux banques, l’une à Montréal et l’autre en France, sont impliquées, que le garant d’achèvement est à Los Angeles, que les distributeurs se trouvent aussi bien en France qu’aux USA, Allemagne ou même Japon et Amérique Latine, son aide est précieuse.
Parmi ses mandats récents ? Maison Blanche en péril, Les Schtroumpfs 2, le remake de La Grande séduction.
Parmi ses dossiers actifs ? Citons sa collaboration avec Wim Wenders, pour ''Everything will be fine'', co-production officielle entre le Canada et l’Allemagne ou encore son implication dans de deux gros projets télévisuels co-produits par l’Europe et le Canada qui vont être tournés cet été à Montréal.
« Travailler sur des beaux projets comme cela, c’est vraiment le fun.»
L’autre jour, pourtant, confie-t-il dans un éclat de rire, malgré son aisance à naviguer au coeur du show business, il n’a pas osé aborder l’actrice Halle Berry qui magasinait en même temps que lui à Westmount !