La vie après Éducaloi

Après plus de 12 ans au sein d’Éducaloi, dont huit à la direction générale, Ariane Charbonneau tourne la page. Sous son leadership, l’organisme a doublé son équipe, diversifié son expertise et renforcé son rôle de référence en matière d’information juridique au Québec.

Nous ne connaissons pas encore qui va prendre officiellement les rênes de la direction générale d’Éducaloi. Un processus de recrutement externe sera lancé pour pourvoir le poste de façon permanente.

« Il est toujours possible qu’une personne à l’interne pose sa candidature, mais pour l’instant, l’équipe, tant au niveau de la gestion que plus largement, ne semble pas s’orienter dans cette direction », indique Me Charbonneau.

Croissance

Lorsqu’Ariane Charbonneau est arrivée en 2012, Éducaloi comptait une majorité d’avocats et de notaires parmi son personnel. Aujourd’hui, c’est une équipe multidisciplinaire qui fait vivre la mission de l’organisme, intégrant des pédagogues, des communicateurs, des anciens journalistes et des experts en gestion de projet.

« Quand je suis arrivée, l’équipe comptait 18 personnes, dont deux notaires et 13 avocats. Aujourd’hui, nous sommes 40, et la majorité des membres sont non juristes », souligne-t-elle.

Cette diversité d’expertises permet à Éducaloi d’aller au-delà de la simple vulgarisation juridique. « Non seulement nous parvenons à rendre le droit accessible, mais nous intégrons aussi des notions pédagogiques. Les gens apprennent, développent des réflexes, souvent sans même s’en rendre compte ».

L’accès à l’information

Avec l’essor des réseaux sociaux et des contenus juridiques en ligne, Ariane Charbonneau croit qu’Éducaloi joue un rôle clé pour aider les citoyens à distinguer l’information fiable de la désinformation.

« Il y a de multiples sources, mais comme dans toute chose, le défi reste de développer l’esprit critique des gens pour reconnaître où sont les bonnes sources d’information », explique-t-elle.

L’un des leviers majeurs de l’organisme est son programme d’éducation juridique dans les écoles. Chaque année, entre 10 000 et 15 000 élèves accueillent des juristes en classe pour discuter de leurs droits, à travers des débats et des mises en situation concrètes.

« Les juristes engagent la discussion avec eux et les amènent à réfléchir en posant des questions comme : « Peut-on publier une story Instagram montrant des personnes sans leur consentement ? » Cela suscite un débat parmi les jeunes, et à la fin, le juriste leur fournit la réponse élaborée par Éducaloi ».

Trajectoire d’impact

Un des projets les plus marquants des dernières années pour Ariane Charbonneau a été la mise en place d’une « trajectoire d’impact » pour mesurer concrètement l’effet du travail d’Éducaloi sur la population.

« On est passé de 1,5 million à 9 millions de visites sur le site, et c’est bien. Mais ce qui nous intéressait, c’était de voir si les gens utilisent ce qu’on fait, si ça change leur vie », ajoute-t-elle.

Cette réflexion a permis d’identifier deux publics cibles : les citoyens qui cherchent eux-mêmes des informations et les professionnels de première ligne, comme les enseignants, les travailleurs sociaux ou les avocats, qui relaient ces ressources à ceux qu’ils accompagnent.

« Ça peut être un professeur dans sa classe, une avocate qui, avant d’accueillir son client, lui envoie un lien vers Éducaloi pour qu’il apprivoise la matière, ou un intervenant communautaire auprès des aînés ou des personnes victimes de violence », précise-t-elle.

Un modèle financier

Durant son mandat, Me Charbonneau a aussi contribué à rendre Éducaloi moins dépendant des subventions publiques.

« L’un des éléments dont je suis la plus fière, c’est qu’on ait développé des revenus autonomes, qui ne dépendent pas de subventions ou de bailleurs de fonds particuliers », explique-t-elle.

Éducaloi a aussi renforcé son lien avec la communauté juridique. « De plus en plus d’avocats et d’acteurs du milieu reconnaissent l’importance d’un organisme comme Éducaloi et s’engagent à le soutenir », souligne-t-elle.

Transition

Ariane Charbonneau a quitté officiellement ses fonctions le 28 février dernier. En attendant la nomination d’un successeur permanent, c’est Benoît Rullier, chef des projets chez Éducaloi, qui assurera la direction par intérim.

« Je vais accompagner Benoît et l’équipe de gestion pour les prochaines semaines. Il est avec nous depuis plusieurs années, et l’équipe s’est montrée très rassurée par cette transition », précise-t-elle.

Quant à son avenir, elle reste discrète. « J’ai des nouveaux défis, mais je réserve un peu l’information là-dessus. Ce ne sera pas avant le mois de mars que je vais me permettre d’en dire plus », conclut-elle.