Les théories de la Couronne contredites au procès de l’ex-juge Delisle
Agence Qmi
2012-05-29 16:15:00
Vassili Swistounoff, un balisticien français, a passé en revue, a critiqué et a questionné les tests et conclusions amenés à la cour par les experts de la Couronne. Rappelons que Gilbert Gravel et André Desmarais ont exclu, tous deux, que Marie-Nicole Rainville ait pu se suicider, le 12 novembre 2009.
Pour M. Swistounoff, il est toutefois possible que la dame se soit enlevé la vie, en tenant l’arme à l’envers. De cette manière, selon ses tests, on obtiendrait la plaie à la tête et le tatouage de noir de fumée incrusté dans sa main.
L’expert a d’ailleurs trouvé pas moins de six façons différentes d’appuyer sur la gâchette dans cette position. En plus de mimer ces manières devant jury, avec l’arme utilisée pour causer la mort de Marie-Nicole Rainville, il a aussi demandé à des femmes de l’essayer, démontrant ainsi la « facilité » de la chose, sur une vidéo. Une d’entre elle a aussi chargé l’arme et fait feu, avec une seule main.
M. Swistounoff a par ailleurs tenu à rappeler qu’il arrive, dans des cas de suicide, que le tir se fasse de façon anormale. « Il ne faut pas que ce caractère anormal exclue le suicide. Tout est possible », a-t-il dit.
Contradictions
Alors que ces balisticiens affirmaient que le tir avait été tiré avec un angle, M. Swistounoff a plutôt prétendu qu’il a été porté de manière perpendiculaire à la tête de la dame. Il fonde cette théorie sur le fait qu’aucun noir de fumée n’a été retrouvé à la tempe de cette dernière, ce qui aurait dû se produire advenant le cas d’un tir à angle, et que la balle était écrasée de façon « frontale » et non pas « latérale », traduisant encore là d’un tir droit.
Qui plus est, la balle n’aurait pas traversé la tête de Marie-Nicole Rainville dans une trajectoire rectiligne, comme le prétendait la Couronne, mais bien avec une courbe. M. Swistounoff n’a d’ailleurs jamais vu, dans des cas où la balle a traversé un os, des trajectoires identiques. « C’est difficile à prévoir », a-t-il dit.
Le tatouage de noir de fumée aurait été créé par l’effet « blow back ». Cet effet implique que les gaz entrent dans la tête, au moment du tir, mais en ressortent rapidement, créant les « pointes » de la « plaie étoilée » que l’on retrouve à la tempe gauche de Mme Rainville. C’est donc en ressortant de la tête que les grains de poudre se seraient incrustés dans sa paume et non pas au moment du tir, comme l’affirmait jusqu’ici la poursuite.
Témoin civil
Juste avant, Ginette Bruneau-Brossard, qui était mariée à un collègue de Jacques Delisle, a relaté quelques moments durant lesquels Marie-Nicole Rainville aurait verbalisé des idées suicidaires. « Je ne peux plus vivre comme ça », lui aurait-elle notamment confié, elle qui devenait de plus en plus découragée de sa situation après son AVC, en 2007.
Le témoignage de l’expert devait se poursuivre mardi après-midi. À titre exceptionnel, Me Michel Fortin devait assurer la tenue du contre-interrogatoire pour la Couronne, plutôt que Me Steve Magnan.