Procès Delisle : « Mme Rainville était très suicidaire » plaide Larochelle
Agence Qmi
2012-06-06 18:54:00
La défense a tout d'abord exposé le fait que la vie de Mme Rainville avait littéralement « basculé » après son AVC, survenu en avril 2007. De femme « enjouée » et « active », elle était devenue « dépressive » et de plus en plus « découragée ». « Elle était, clairement et au dire de tous, suicidaire », a plaidé l’avocat.
Pour appuyer ces dires, le procureur est revenu sur plusieurs témoignages de proches de la défunte, qui ont fait état de différentes paroles suicidaires prononcées par cette dernière. « Je serais bien mieux morte que comme ça », avait-elle dit à sa femme de ménage. « Je ne peux plus vivre comme ça », avait-elle lancé à la femme d'un collègue de son mari.
Mme Rainville aurait par ailleurs été physiquement capable de se suicider, malgré sa paralysie. Elle aurait pu prendre l'arme chargée qui se trouvait à l'entrée de son condo, la mettre dans sa poche ou sa ceinture avant de se diriger vers le sofa. Me Larochelle a rappelé que des proches de Mme Rainville l'avaient vue, peu de temps avant sa mort, se déplacer et se coucher, seule, sur un canapé.
La défense a aussi souligné le comportement « admirable » de l’accusé envers son épouse, après son AVC et sa fracture de la hanche, en 2009. Plusieurs témoins sont en effet venus brosser un portrait « flatteur » de l’accusé.
Me Larochelle s’est aussi questionné à savoir pourquoi il aurait « abattu froidement » la mère de ses enfants », après s’en être si bien occupé. À ses yeux, les mobiles amoureux et financiers avancés par la Couronne, pour expliquer un meurtre, ne tiennent pas la route.
Pour la défense, l’accusé aurait élaboré un plan « stupide » s’il avait voulu tuer sa femme et « déguiser » le meurtre en suicide. « Est-ce qu'un homme aussi intelligent se conduit aussi stupidement s'il a planifié son geste? », a demandé l’avocat.
Me Larochelle s’est aussi questionné sur les présumés mobiles de son client dans cette affaire, qui aurait donc été prêt à « tuer » pour rejoindre sa maîtresse et éviter de payer un divorce de 1,4 million $... à 75 ans.
« La preuve d'un mobile n'est pas la preuve d'une action malhonnête », a-t-il rappelé, ajoutant du coup qu'il aurait pu placer sa femme en résidence adaptée pour être avec sa maîtresse. « Ça aurait été tellement plus simple! », a-t-il lancé.
Preuve technique
Abordant la preuve technique dans cette affaire, Me Larochelle a fait l’éloge des tests effectués par son expert, Vassili Swistounoff, qui se rapprochent beaucoup plus selon lui de la réalité que les tests réalisés par les balisticiens de la Couronne.
Me Larochelle a d’ailleurs tenu à souligner que malgré son état physique extrêmement diminué, Mme Rainville aurait tout de même été « capable » de se suicider. Elle aurait pu se déplacer pour saisir l’arme chargée, qui se trouvait à l’entrée de son condo. Elle aurait pu mettre le pistolet dans sa poche ou sa ceinture avant de se diriger vers le sofa. Me Larochelle a d’ailleurs rappelé que des proches de Mme Rainville l’avaient vue se déplacer et se coucher, seule, sur un canapé, peu de temps avant sa mort.
En début de plaidoirie, Me Larochelle a par ailleurs appelé le jury à la prudence, lui demandant notamment de se baser sur les « faits » présentés au tribunal, et de ne pas tenir compte d'une éventuelle « négligence » qui pourrait être attribuée à son client, qui aurait laissé une arme, chargée, à la disposition de sa femme suicidaire. « La négligence n'est pas suffisante pour le déclarer coupable de meurtre », a-t-il affirmé.
Le jury devrait être séquestré à compter de vendredi matin, après la fin des plaidoiries.