Reportage de la SRC sur Jacques Delisle: la décision rendue jeudi

Moins de 24 heures avant que ne se termine l’injonction provisoire visant à empêcher la diffusion du reportage que Radio-Canada a effectué avec six des douze membres du jury au procès de Jacques Delisle, les représentants de la procureure générale du Québec ont demandé à obtenir une copie du reportage controversé.

Une demande à laquelle s’est vivement opposée Me Susanne Gagné, l’avocate représentant la Société Radio-Canada (SRC).

« Mes confrères veulent une copie du reportage pour voir si ce dernier déroge de l’article 649 du droit au silence des membres du jury sur leur délibération alors que c’est ce que l’on présumait, dès le départ, en demandant une injonction provisoire» , a-t-elle mentionné.

L’avocate a ajouté que cette demande était une « menace sévère à la liberté éditoriale » et que, se faisant, on demandait ni plus ni moins au Tribunal de s’attribuer le rôle de chef de l’information et d’agir à titre de censeur.

« Permettre cette demande reviendrait à dire à tous ceux qui craignent qu’un reportage leur soit diffamatoire qu’ils peuvent demander à la Cour de visionner le contenu d’un topo et se positionner par rapport à celui-ci », a-t-elle ajouté.

Rappelons que mercredi dernier, une injonction provisoire a été obtenue par le procureur général du Québec empêchant, jusqu’au 9 avril, Radio-Canada de diffuser le reportage au cours duquel des membres du jury, ayant servis dans l’affaire Jacques Delisle, ont été interrogés en lien avec les nouvelles révélations faites par ce dernier.

« Au cours de la journée du 1er avril 2015, une journaliste de la SRC annonce sur les ondes qu’un reportage sera diffusé ce même jour à 18 h qui établira que six membres du jury ayant trouvé coupable monsieur Jacques Delisle du meurtre de son épouse, sont rencontrés », pouvait-on lire dans le jugement rendu en urgence par l’honorable Suzanne Hardy-Lemieux.

Au cœur du litige, deux principes fondamentaux s’opposent, soit la protection du secret du délibéré de chaque membre du jury et la liberté d’expression journalistique.

Le juge doit rendre sa décision jeudi sur la divulgation ou non du reportage.